L'aviation israélienne a effectué avant-hier des attaques aériennes en Syrie sur des cibles situées dans les gouvernorats de Hama et Tartous. Ce n'est certes pas la première fois que l'aviation de l'Etat sioniste intervient en Syrie sous le prétexte de s'en prendre à des sites abritant prétendument des missiles et autres armements destinés au Hezbollah, elle a procédé à de récurrentes attaques mais en prenant bien soin de respecter la ligne rouge que l'allié russe de Damas a fixée aux interventions en Syrie des puissances étrangères ennemies de Bachar El Assad et de son régime qui est qu'elles ne visent pas les zones où il y a présence de militaires russes. Avant-hier l'aviation israélienne a transgressé cette ligne rouge en effectuant des tirs de missiles dans le gouvernorat de Tartous où la Russie dispose d'une base militaire autour de laquelle se déploie en dispositif sécuritaire l'essentiel du contingent militaire russe présent en Syrie. Cette transgression fait s'interroger sur les considérations qui ont poussé Benjamin Netanyahu et l'état-major de l'armée israélienne à l'ordonner. La plus probable est qu'ils ont cherché à tester la détermination du Kremlin dans le cas où des frappes de leur armée en viendraient à créer pour ses militaires en Syrie la menace constituant pour lui la ligne rouge russe dans le conflit syrien. Il est également probable que le ciblage de sites dans le gouvernorat de Tartous a été une opération visant à faire pression sur Vladimir Poutine pour qu'il accentue la sienne sur Téhéran où il va participer au sommet tripartite sur la Syrie pour obtenir le désengagement militaire iranien en Syrie décrété être l'exigence israélienne non négociable pour la cessation des attaques aériennes de l'aviation sioniste dans ce pays. La défense aérienne russe n'a apparemment pas répliqué aux attaques dans le gouvernorat de Tartous mais cela ne doit nullement faire conclure que la menace de riposte brandie à maintes reprises par le Kremlin et son ministère de la Défense n'est en réalité qu'un « bluff » de leur part. S'il ne fait aucun doute qu'un « deal » a été convenu entre Poutine et Netanyahu sur la marge de manœuvre octroyée à Israël dans le conflit syrien, le Premier ministre israélien semble vouloir en outrepasser les restrictions au prétexte que Moscou n'a pas fait assez pour emmener le régime syrien à mettre fin à la présence militaire iranienne en Syrie. Il n'est pas impossible enfin qu'Israël a sciemment cherché à provoquer la Russie en poussant ses militaires à répliquer aux attaques aériennes sur Tartous pour créer un « casus belli » qu'invoquerait l'imprévisible président américain son inconditionnel allié pour ordonner une intervention militaire américano-occidentale d'envergure pour tenter de rebattre les cartes dans le conflit syrien qui a tourné au désavantage de la coalition internationale anti-Bachar El Assad que risque de rendre irrémédiable l'imminente offensive sur la province d'Idleb en préparation par l'armée nationale syrienne. Il ne fait aucun doute que l'agression militaire israélienne d'avant-hier a fait monter encore plus les tensions qui étaient déjà vives entre la Russie et les puissances occidentales qui cherchent à la dissuader de prendre part à cette offensive dont le succès signerait pour elles la fin du mythe prétexte d'une rébellion armée en Syrie qu'elles soutiennent parce qu'elle est « modérée » et non réfractaire à une solution politique négociée mettant fin à l'interminable conflit syrien.