Moins d'une semaine après les menaces publiques de transférer la guerre en Algérie, le général Ahmed Al-Mesmari, porte-parole de l'Armée nationale libyenne (ANL), est revenu, hier, sur cette affaire, lors d'une conférence de presse. Une intervention en mode mea-culpa ou l'art de détourner l'attention vers une tierce partie puisque le général Al-Mesmari accuse Al Jazeera d'être à l'origine de ce chaos médiatique en rapportant les propos du maréchal Haftar, commandant de l'ANL. Lors d'une rencontre organisée, jeudi dernier, avec une trentaine de sages et de chefs de tribus, l'homme fort de l'Est libyen avait fait savoir qu'il avait menacé les autorités algériennes de transférer rapidement la guerre à leur frontière. Dans cette rencontre transmise directement par la chaîne de télévision Al Hadath qui lui appartient, et reprise par la chaîne qatarie, Khalifa Haftar a fait savoir qu'il avait appelé les autorités algériennes à cesser les intrusions répétitives de leur armée en territoire libyen. «En temps de guerre, on ne permet à personne de s'approcher de nous. Les Algériens ont profité de l'occasion et ont pénétré sur le territoire libyen. J'ai envoyé le général Abdelkrim à Alger pour leur dire que ce qu'il s'est passé n'est pas fraternel», a-t-il notamment déclaré. Pourtant, et à aucun moment, lors de ce point de presse, il a été question d'infirmer la teneur des propos belliqueux tenus par Haftar. Le porte-parole de l'ANL a déclaré que «les relations avec l'Algérie sont plus grandes qu'Al-Jazeera, que ses visées sataniques et plus grandes que le Qatar». Déclenchant un véritable tir de barrage contre Doha, il indique que la Libye n'est pas comme le Qatar «qui n'a aucune relation avec ses voisins et qui exporte le terrorisme en dehors de ses frontières». Une terminologie qui rejoint le vocabulaire de Abou Dhabi, de Ryad et du Caire qui ont black-listé l'émirat de Tamim ben Hamad Al Thani. Affirmant que la «Libye ne mobiliserait aucun soldat contre une nation arabe ou un pays voisin», Al-Masmari a également tenu à démentir les rumeurs qui ont circulé à ce sujet. «On ne pourra jamais être une source de menace pour l'Algérie ou un autre pays voisin fût-il ou européen», conclut-il en décrétant que ce dossier est clos. Devant la gravité de la situation, Mohamad Taher Siala, le ministre libyen des Affaires étrangères dans le gouvernement d'Al Sarradj avait qualifié les déclarations de Haftar d'«irresponsables». Le chef de la diplomatie du gouvernement de Tripoli a appelé, lundi dernier, son homologue algérien Abdelkader Messahel, pour prendre ses distances avec les déclarations du maréchal, affirmant que les «autorités libyennes» sont attachées au renforcement des relations avec l'Algérie. Il a également loué le rôle joué par l'Algérie dans le cadre des efforts de l'ONU pour parvenir à une solution au conflit libyen, toujours selon la même source. Pour sa part, Abdelkader Messahel a «rassuré» son homologue libyen, affirmant, pour sa part, qu'aucune déclaration ne peut porter atteinte aux «relations fraternelles» entre les deux pays. Par ailleurs, le Haut conseil des Touaregs de Libye, présents en Libye, en Algérie et au Mali, a déclaré lundi que les tribus touaregs de Libye apprécient vivement la position de l'Algérie en faveur de la sécurité et de la stabilité dans le pays. Il a appelé à aborder toutes les questions controversées par la «voie du dialogue», en veillant à ne pas compliquer davantage la situation car les conséquences seront «désastreuses».