Le maréchal libyen Khalifa Haftar a menacé d'entrer en guerre contre l'Algérie. Lors d'une rencontre organisée, jeudi dernier, avec une trentaine de sages et de chefs de tribus, l'homme fort de l'Est libyen a fait savoir qu'il avait menacé les Autorités algériennes de transférer, rapidement, la guerre à leur frontière. Dans cette rencontre, transmise directement par la chaîne de télévision Al Hadath' qui lui appartient, Khalifa Haftar a fait savoir qu'il avait appelé les Autorités algériennes à cesser les intrusions répétitives de leur armée, en territoire libyen. «En temps de guerre, on ne permet à personne de s'approcher de nous. Les Algériens ont profité de l'occasion et ont pénétré sur le territoire libyen. J'ai envoyé le général Abdelkrim, à Alger, pour leur dire que ce qu'il s'est passé n'est pas fraternel», a-t-il notamment déclaré. L'ancien homme de confiance des Américains a, également, indiqué que l'Algérie l'a rassuré lui expliquant que «ce qui s'est passé était une démarche individuelle qui va se terminer dans une semaine». En absence, pour le moment, d'une quelconque réaction officielle d'Alger à cette attaque frontale, c'est le président du MSP qui a demandé à la diplomatie algérienne d'éclairer l'opinion publique sur les raisons des déclarations du maréchal libyen. Abderrazak Makri a également demandé, sur sa page Facebook, la divulgation des actions politiques et diplomatiques de l'Algérie, à propos de ces déclarations, qualifiées d'«insultes» et d'«audace politique sans précédent». Le chef du parti islamiste a aussi accusé Haftar d'avoir livré son pays à des forces étrangères criminelles qui ont ravagé les pays arabes. Ces déclarations graves de Haftar vont-elles restées sans suite ou les conséquences d'un tel dérapage seront nombreuses même si la diplomatie algérienne a toujours fait de la retenue son principal atout ? Pour beaucoup, les menaces de Haftar ne sont pas une surprise et s'il parle, nombre de pays étrangers s'expriment à travers sa voix. Personne n'ignore que l'ancien général de Khadafi s'est allié à de nombreuses capitales arabes et occidentales qui le soutiennent en argent et en armes comme Paris, Abu Dhabi, Le Caire ou encore Ryad. Et entre Alger et le maréchal Khalifa Haftar, le courant n'est jamais tout à fait passé, Alger se méfiant de celui qui veut imposer son pouvoir sur l'ensemble de la Libye. Haftar n'a jamais cessé d'afficher son opposition au travail de la diplomatie algérienne, en faveur d'une implication de l'ensemble des factions libyennes, à la recherche d'une solution pacifique. Le dernier épisode en date renseigne sur cet esprit, avec la visite de Abdelkader Messahel, dans les provinces du sud de la Libye, en mai 2017 qui avait provoqué une levée de boucliers des partisans de Haftar, au sein du Parlement libyen, qui ont dénoncé une ingérence. Par la suite, le bureau du Parlement s'est désolidarisé des députés pro-Haftar, en estimant que la visite du chef de la diplomatie algérienne était légale et considérée comme bienvenue de la part des populations visitées. Donné mort en avril dernier, le Commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL), âgé de 75 ans, a passé 2 semaines en France pour recevoir des soins médicaux avant de rentrer, en grande pompe, le 26 avril, à Benghazi. Il fait l'objet d'une plainte pour «actes de torture et de barbarie», déposée en avril à Paris, par un Canado-libyen, résidant au Canada. Ce dernier dénonce les agissements de l'ANL, en 2016 et 2017, au cours du siège de Benghazi, où plusieurs membres de sa famille ont été tués, et demande, à la France, d'enquêter sur ces exactions présumées. Haftar a commandé, au début des années 80, le corps expéditionnaire libyen, au Tchad, avec pour mission d'occuper la bande d'Aouzzou qui appartenait à la Libye mais qui avait été rattachée au Tchad, par la France. L'opération s'est soldée par un échec cuisant, pour les Libyens et la capture du général par les Tchadiens. Retourné par les Américains, il formera une véritable légion de 2.000 hommes, tous déserteurs du corps expéditionnaire qui seront entraînés et armés par les Américains, en prévision d'une invasion de la Libye, à partir du Tchad. Un plan qui ne verra jamais le jour et Haftar et ses hommes seront rapatriés aux Etats-Unis. Ils y resteront une bonne vingtaine d'années avant de retourner en Libye, après la révolution.