Les propos de Haftar sont «irresponsables» a qualifié, hier, Mohamad Taher Siala, le ministre libyen des Affaires étrangères, dans le gouvernement d'Union nationale. L'ENTV a rapporté, ce lundi, dans son journal télévisé de 13h, que le chef de la diplomatie du gouvernement de Tripoli a appelé son homologue algérien Abdelkader Messahel, pour prendre ses distances avec les déclarations du maréchal, affirmant que les « Autorités libyennes » sont attachées au renforcement des relations avec l'Algérie. Il a, également, loué le rôle joué par l'Algérie, dans le cadre des efforts de l'ONU, pour parvenir à une solution au conflit libyen, toujours selon la même source. Pour sa part, Abdelkader Messahel a « rassuré » son homologue libyen, affirmant, pour sa part, qu'aucune déclaration ne peut porter atteinte aux « relations fraternelles » entre les deux pays. Cette explication de texte met Alger à l'abri d'une réponse, elle qui a toujours privilégié la retenue, et répond, du coup, aux interrogations des Algériens sur le silence de sa diplomatie. En effet, le président du MSP avait demandé, à la diplomatie algérienne, d'éclairer l'opinion publique sur les raisons des déclarations du maréchal libyen. Abderrazak Makri a également demandé, sur sa page Facebook, la divulgation des actions politiques et diplomatiques de l'Algérie, à propos de ces déclarations, qualifiées d'« insultes » et d'« audace politique sans précédent ». Le chef du parti islamiste a, aussi, accusé Haftar d'avoir livré son pays à des forces étrangères criminelles qui ont ravagé les pays arabes. Messahel a, également, indiqué, au cours de cette conversation téléphonique, qu'Alger poursuivra ses efforts en faveur d'une « solution politique » de la crise libyenne. Une constante algérienne dont la diplomatie a toujours milité pour un dialogue inclusif inter-libyen, ce qui n'est pas le point de vue premier du Commandant de l'Armée nationale libyenne (ANL). Si Tripoli se démarque de Haftar, les menaces de ce dernier de porter la guerre en Algérie semblent sceller, définitivement, les relations entretenues jusque-là avec Alger. Et entre Alger et l'homme fort de l'Est libyen, le courant n'est jamais tout à fait passé, Alger se méfiant de celui qui veut imposer son pouvoir sur l'ensemble de la Libye. Haftar n'a jamais cessé d'afficher son opposition au travail de la diplomatie algérienne, en faveur d'une implication de l'ensemble des factions libyennes à la recherche d'une solution pacifique. Le dernier épisode en date renseigne sur cet esprit, avec la visite d'Abdelkader Messahel dans les provinces du sud de la Libye, en mai 2017, qui avait provoqué une levée de boucliers des partisans de Haftar, au sein du Parlement libyen, qui ont dénoncé une ingérence. Par la suite, le bureau du Parlement s'est désolidarisé des députés pro-Haftar, en estimant que la visite du chef de la diplomatie algérienne était légale et considérée comme bienvenue de la part des populations visitées. Haftar, dont l'ambition n'est plus à démontrer, avait également menacé, le 6 septembre, de marcher sur Tripoli où siège le gouvernement d'Al Sarradj, reconnu par l'ONU et la communauté internationale. Alors que la nouvelle constitution libyenne devait être, théoriquement, entérinée, hier, l'ancien général de Kadhafi, la juge maintenant inopportune, estimant que cela doit se faire après les élections présidentielles et législatives, prévues le 10 décembre prochain. Une échéance encouragée par Paris, accusée de faire pression dans la région par l'Italie.