Une destitution-démission de l'actuel président de l'Assemblée populaire nationale (APN) est-elle une bonne chose à quelques mois de l'élection présidentielle ? Ou ce charivari au sein du FLN est-il annonciateur d'un profond changement institutionnel et politique dans le pays ? Les pronostics sont vraiment engagés quant au maintien de Saïd Bouhadja à la tête de la première chambre du Parlement, en dépit de ses assurances à ne pas céder à la pression du SG du FLN qui le pousse vers la porte de sortie. La charge d'Ould Abbès samedi à Médéa serait, selon des observateurs, la dernière attaque contre Bouhadja pour qu'il démissionne. Maintenant. Et cette soudaine volonté du SG du FLN d'évincer le président de l'APN de son poste cache mal d'autres enjeux, d'autres problématiques politiques beaucoup plus liées à la prochaine échéance électorale que les explications données ici et là pour justifier que le président de l'APN soit soudain devenu un militant 'pestiféré''. L'injonction du SG du FLN est dure et Ould Abbès semble même irrité, contrarié de ne pas s'être fait bien comprendre par Saïd Bouhadja qui avait pris fait et cause pour ceux qui avaient contesté la légitimité de sa nomination à la tête du FLN. Et, 's'il ne démissionne pas, il sera destitué et traduit devant la commission de discipline du parti'' est la sentence du secrétaire général du FLN. La 'destitution'' programmée du président de la chambre basse du Parlement est déjà sur les rails, puisqu'il y a déjà une liste de 320 signatures, un nombre suffisant pour prononcer une motion de censure. Et Ould Abbès entend aller jusqu'au bout de cette confrontation avec le 3ème haut responsable de l'Etat algérien. Question: le SG du FLN, qui ne veut pour rien au monde empiéter ni s'immiscer dans les prérogatives du président de la République, a-t-il eu des instructions ou 'un feu vert'' pour faire démissionner le président du Parlement, 16 mois après sa nomination ? Sinon, pourquoi cet acharnement soudain et suspect pour dégommer un président de l'APN au début de son mandat, et quelques mois avant la présidentielle prévue, sauf changement de calendrier extraordinaire, au mois d'avril prochain ? Tout cela Ould Abbès ne l'explique pas et s'il entend traduire en conseil de discipline le président de la chambre basse du Parlement, c'est qu'il a des assurances et un sauf-conduit. Car en face Bouhadja se défend de vouloir démissionner, à moins d'une intervention du président Bouteflika, seule autorité à ramener le calme au sein du Parlement algérien, tiré, il faut bien l'admettre, par des postures qui n'honorent pas cette institution nationale, un rouage indispensable à la vie de la nation. Car vouloir maintenant le départ du président du Parlement n'est pas la bonne décision, d'autant que cela fera désordre au sein d'un parti qui n'est jamais arrivé à de telles extrémités avec un de ses cadres, premier responsable du Parlement et troisième autorité institutionnelle du pays. Et, en demandant la tête de son président, le SG du FLN, qui sait que l'APN fonctionnera, d'une manière ou d'une autre, même par délégation ou en nommant un autre responsable, semble se soucier d'autres objectifs que la raison invoquée pour justifier toute cette 'tempête dans un verre d'eau''. Si pour beaucoup Bouhadja a fait une erreur, peut-être celle de trop, en limogeant le SG de l'APN et en signant un document en toute illégalité, les raisons de cette cabale sont autres. A-t-il tout simplement scellé son avenir avec une bourde de trop ? Ce qui explique le silence de la présidence de la République en laissant les militants du FLN laver 'en famille leur linge sale''.