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La dérive de trop de MBS
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 10 - 2018

Dans un premier temps, Donald Trump s'est fait prudent dans ses commentaires et déductions sur l'affaire Khashoggi et ne paraissait pas du tout déterminé à brusquer les autorités saoudiennes qui selon toute vraisemblance ont été les commanditaires de la séquestration et du probable assassinat du journaliste. L'accumulation d'éléments venus étayer la thèse de leur implication et l'indignation qui enfle aux Etats-Unis en réaction contre la tiédeur de son attitude à l'égard de ces autorités saoudiennes lui ont fait durcir le ton à l'endroit de ces dernières.
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision CBS, le président américain a en effet rompu avec la prudence qui a été initialement la sienne en reconnaissant qu'il n'a plus de doute sur l'implication de Ryad dans l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Une quasi-certitude qui lui a fait promettre de faire toute la lumière sur cette affaire et d'exercer un «châtiment sévère » à l'encontre des coupables. Ce que sera ce «châtiment sévère», nul ne s'avance à conjecturer sur la nature. Ce qui est certain est qu'il n'ira pas jusqu'à remettre en cause la relation stratégique nouée par les Etats-Unis avec la pétromonarchie arabe. Cela, Donald Trump l'a exclu de prime abord dès la nouvelle du probable assassinat de Khashoggi commis à l'instigation de Ryad et l'a réaffirmé au cours de son entretien à CBS en faisant valoir qu'en remettant en cause la relation spéciale qu'entretiennent les Etats-Unis avec le royaume wahhabite reviendrait à « nous punir nous-mêmes ».
Sans s'en dévoiler du « châtiment sévère » qu'il promet d'administrer en punition aux coupables du crime d'assassinat du journaliste saoudien, Trump a fait allusion à « d'autres choses » très puissantes, très fortes qu'il pourrait faire en la matière sans porter préjudice à l'alliance séculaire américano-saoudienne. Ce qui n'est pas faux compte tenu de l'état de vassalité dans lequel est la monarchie wahhabite à l'égard de Washington. Partant de là, il n'est pas impossible que le président américain a en vue de faire pression sur le roi Salman pour qu'il procède à un rééquilibrage du rapport de force qu'il a instauré en faveur de son fils Mohamed au sein de la famille régnante.
Donald Trump ne pourrait en effet faire passer pour « sévère » le châtiment qu'il promet dans l'affaire Khashoggi s'il épargne ce rejeton royal que tout désigne comme étant le commanditaire et l'ordonnateur du scandaleux assassinat. Un châtiment qui mettrait le holà aux dérives désastreuses dont il est le commettant depuis qu'il est devenu l'homme fort du régime. Par ses dérives, celui que les médias ont encensé à ses débuts pour sa soi-disant vision moderniste et les réformettes dont il a pris l'initiative, a fini par braquer contre lui beaucoup de monde dans le royaume, au sein de la famille royale et au-delà, au point qu'il est vrai comme affirmé sans sourciller par Donald Trump que la monarchie saoudienne ne resterait pas au pouvoir plus de deux semaines si Washington lui retire sa protection. Le roi Salman et sa large parenté savent que c'est la réalité et qu'ils ne pourront l'exorciser qu'en se soumettant aux exigences du président américain quelles qu'elles soient.


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