Une question taraude tout le monde après les manifestations de vendredi et le rassemblement d'hier contre le 5ème mandat. Que fera le président Bouteflika, va-t-il se retirer de la course électorale ou ne pas tenir compte de la volonté de ceux qui ne veulent pas d'un 5ème mandat ? Il ne faut pas mettre de côté, pour autant, que des Algériens sont sortis vendredi dire «non» au 5ème mandat, mais il reste tout de même l'épreuve fatidique, l'urne. Certes, il y a eu une sorte d'oxygénation politique, une sorte de cri de détresse devant une situation sociale et économique éprouvante, oppressante et donc l'occasion était bien réelle pour des Algériens excédés par la monotonie de leur vie d'aller crier leur désespoir dans la rue. Pour cette catégorie d'Algériens, il est évident que le 5ème mandat est une erreur politique à ne pas commettre, l'erreur de trop pour des analystes politiques. Et donc que le président Bouteflika ne se représente pas. C'est là justement où le gros du problème se pose, car ses soutiens, les partis de la majorité, sont-ils d'accord pour qu'il se retire ? Et puis n'est-ce pas trop tard pour un geste qui va compromettre tout le processus électoral ? Il reste encore du temps, cependant, pour qu'il y ait un virage à 180 degrés, pour que le pouvoir présente un autre candidat d'ici au 3 mars prochain. Mais, est-ce la solution ? Que va faire le candidat Bouteflikla ? Comment va réagir son entourage ? Il est évident, par contre, que les soutiens du 5ème mandat ne vont pas se laisser impressionner et, surtout, vont réagir pour se repositionner et il ne serait pas exclu que des marches pour le 5ème mandat soient organisées pour baisser la pression sur le pouvoir. Après tout, si la rue sera de nouveau accessible aux manifestants, rien n'empêche le pouvoir d'organiser, lui aussi, des marches de soutien à une 5ème mandature pour Bouteflika. La réaction du FLN samedi à Oran laisse penser que le pouvoir, après un premier moment de surprise, n'a pas été vraiment ébranlé dans ses certitudes de présenter son candidat à cette élection présidentielle. Les prochains jours seront déterminants quant à la suite du maintien ou non de la candidature du président Bouteflika à un 5ème mandat. Et, surtout, quelle tournure va prendre ce scrutin après les manifestations ? Bien sûr, dans l'absolu, il ne s'agit que d'un jeu de pouvoirs, une lutte politique et d'appareils qui s'inscrit dans une logique particulière que seules les élections présidentielles, ici ou ailleurs, provoquent, font et défont. Dans le fond, l'opposition à un 5ème mandat, au-delà de la personne visée, obéit à cette bataille féroce entre forces politiques pour l'accès au pouvoir. Et, dans tous les cas de figure, c'est toujours la fin qui justifie les moyens.