L'intersyndicale de l'éducation nationale organise aujourd'hui une grève nationale à travers toutes les wilayas du pays, avec des marches de protestation de syndicalistes contre les atermoiements du ministère à répondre à leurs revendications. «Oui, la grève est maintenue», a confirmé hier mardi au Quotidien d'Oran M. Boualem Amoura, coordinateur du Satef, qui a ajouté que cette grève sera accompagnée par des marches des syndicalistes du Satef, du Cnapest, du Snapeste, du Cela, de l'Unpef et du Snte à travers toutes les wilayas du pays. «Nous avons tenu justement une réunion d'urgence ce matin (hier mardi 12 mars) sur cette grève», a-t-il ajouté, avant de relever que «nous ne sommes pas satisfaits de la solution de sortie de crise proposée par la présidence, et donc pour nous, la grève est maintenue avec des marches à travers les wilayas». La grève nationale dans le secteur de l'éducation de ce mercredi 13 mars est la troisième depuis le début de l'année, après celles du 21 janvier et des 26 et 27 février derniers. L'intersyndicale a indiqué, dans un communiqué transmis à notre rédaction, avoir tenu «une réunion d'urgence devant l'accélération des événements dans notre pays, pour discuter de la situation». L'intersyndicale considère, ajoute le communiqué, que «les décisions contenues dans la lettre du président de la République, qui annoncent l'abandon du 5e mandat, ne sont pas au niveau de nos espérances et ne satisfont pas aux revendications du mouvement pacifique et populaire». L'intersyndicale, qui dénonce en outre «la marginalisation des objectifs du Hirak», estime que le «Hirak est la voie la plus sûre et la plus pacifique pour concrétiser les revendications populaires». Elle s'est dite également favorable à «une phase de transition avec de nouveaux visages qui seront acceptés par le peuple et qui ouvriront la voie à une nouvelle Algérie et un nouveau régime politique». Par ailleurs, les six syndicats autonomes membres de l'intersyndicale ont appelé les enseignants, les autres travailleurs du secteur de l'éducation nationale à «contribuer à la réussite de la grève et les marches nationales à travers le pays» de ce mercredi 13 mars. Le point de départ des marches pacifiques, qui débuteront à 10 heures, se fera à partir des directions de l'Education. La colère des syndicats membres de l'intersyndicale est motivée également par les déclarations de la ministre de l'Education fin février dernier, avant la grève des 26 et 27 février, selon laquelle les réunions tenues par des responsables du ministère avec les syndicalistes font partie «du protocole régissant les actions avec le partenaire social en cas de grève». Selon la ministre, 'les rencontres ont porté sur les préoccupations soulevées, l'enrichissement des projets de procès-verbaux de réunion élaborés à la suite de la grève du 21 janvier dernier». «A chaque fois, ils parlent de rencontres avec les syndicats dans le cadre du protocole», mais refusent «d'engager des discussions sérieuses autour de nos revendications», ont répliqué les membres de l'intersyndicale. Selon le coordinateur du Snapeste, Meziane Meriane, «ils ne veulent pas d'un véritable dialogue». «On tourne en rond, et chaque fois on revient à la case de départ», ajoute-t-il, avant de signaler que 'ce n'est pas la faute des partenaires sociaux qui ont la volonté de proposer même des sorties de crise». «Malheureusement, avait-il dit lors d'une conférence de presse au siège de la Fnte en prélude à la grève des 26 et 27 février, il faut reconnaître que la matrice principale du conflit, c'est la non-reconnaissance des syndicats autonomes comme des partenaires sociaux à part entière», et donc «ils ne doivent pas tromper l'opinion publique, ils n'ont pas la volonté de solutionner les problèmes, et à chaque fois, c'est la fuite en avant». Les revendications de l'intersyndicale portent notamment sur «le maintien du travail à travers la commission mixte», «le maintien de la retraite proportionnelle et de la retraite sans condition d'âge», «l'abrogation définitive de l'article 87 bis (de la loi de finances de 2015) et la création d'une prime spécifique aux corps communs et ouvriers qualifiés». Il y a également des revendications salariales, dont l'application «immédiate du décret présidentiel 266/14», ainsi que «l'amélioration de la prime de zone sur la base du nouveau salaire de base et non celui de 1989», ou, sur le volet pédagogique, «la diminution du volume horaire à tous les paliers avec la prise en compte de la quantité de travail et des objectifs», et la «protection de l'autorité pédagogique des enseignants». Et, surtout, «la levée des entraves aux libertés syndicales».