Tous les voyants sont au rouge. Les ingrédients d'une rentrée explosive sont perceptibles, mais les pouvoirs publics n'entendent pas changer d'option, malgré le risque latent. Une rentrée sociale chaude attend les Algériens cette année. Même si cela semble, peut-être, tôt pour en parler, nombre d'acteurs sociaux le prédisent sur la base de l'analyse de nombreux indicateurs que connaît la scène nationale. Et pour l'expliquer, ils mettent en cause les options économiques auxquelles a eu recours le gouvernement, notamment la planche à billets qui a entraîné une forte inflation qui a impacté les prix de nombreux produits de consommation courante (pomme de terre, viandes blanche et rouge...). "Ces derniers temps, pratiquement toutes les rentrées sociales se ressemblent et les ingrédients d'une explosion sociale sont là, mais quand cela va-t-il éclater ? Personne ne peut le dire. Une chose est certaine, il y a un ras-le-bol au sein de la société en général. Moi, je dirais que la société algérienne est imprévisible, et on doit prendre les devants pour répondre aux aspirations du peuple, sinon, cela peut éclater à tout moment, à la rentrée sociale ou même après", a indiqué, Meziane Meriane, le coordinateur national du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Parmi les ingrédients qui concourent à cette situation, il cite la hausse des prix, l'injustice administrative que rencontrent les citoyens, en général, et les fonctionnaires, en particulier. Selon lui, les contestations qui ont eu lieu dans certaines wilayas, sous le couvert du retour des islamistes, ne sont qu'une manifestation d'une grogne sociale qui couve au sein de la société. "La grogne sociale apparaît sous diverses formes, n'importe quelle occasion peut provoquer l'explosion. Mais en réalité, c'est le malaise social qui fait réagir les citoyens. Vous pouvez trouver un fait banal, voire anodin, qui peut faire éclater la situation, mais ce n'est pas ce fait qui la fera éclater. C'est toute l'accumulation des frustrations et des injustices, la cherté de la vie, etc. C'est, en quelque sorte, la goutte qui fait déborder le vase ou la petite étincelle qui fait le grand incendie. Une situation anodine peut dégénérer en manifestation grandiose, mais ce n'est pas le geste lui-même qui en est la cause." "Cette situation a pour cause la politique du gouvernement", a-t-il affirmé. Et d'expliquer : "On a beau mettre en cause les mains étrangères, mais ce n'est là qu'une conséquence des actions politiques de ceux qui gèrent le pays. Et s'il y a les mains étrangères, c'est une conséquence de ce que font les gouvernements successifs. Car, avec une manne pétrolière qui a fait rentrer 1 000 milliards de dollars, il y avait de quoi restructurer les économies de deux continents, mais on se retrouve toujours dépendants des hydrocarbures et le social est menacé." Aussi, le syndicaliste a suggéré de "mettre en place des mécanismes qui vont donner une visibilité, pendant deux à quatre ans, pour pouvoir être indépendant socialement, à savoir qu'il y aura une source économique en dehors des hydrocarbures qui va maintenir ce social". "Ce qui n'est pas le cas actuellement, et qui nous fait dire qu'on va droit dans le mur", a-t-il, en outre, indiqué. Il est rejoint par Sadek Dziri, le président de l'Unpef, qui fait état de la présence de tous les ingrédients d'une pression sociale qui peut dégénérer en une explosion sociale que l'on ne souhaite pas. Le syndicaliste a indexé la cherté de la vie, notamment la flambée des prix, en expliquant que la régression effrénée de la valeur du dinar a entraîné une faiblesse du pouvoir d'achat à hauteur de 60%. À cela s'ajoute la pression sur les plans politiques et socioéconomiques. Ce qui se passe actuellement sur la scène nationale est une véritable traduction des répercussions et des résultats de la politique économique du gouvernement dont l'échec est patent sur plusieurs plans, a-t-il affirmé, non sans déplorer la marginalisation des véritables partenaires sociaux et des véritables représentants de la société civile, et même dans les quartiers. A. R. [email protected]