La protestation populaire, soutenue par l'opposition et la société civile, est arrivée à un point de non-retour dans ses revendications relatives au départ du président Bouteflika et la fin du système politique actuel. Mais, cet espoir est contrarié. Cette nouvelle Algérie que les jeunes et moins jeunes appellent de leurs vœux est loin de se dessiner, car en face il y a cette volonté du pouvoir d'ignorer cette attente populaire légitime d'un changement politique en imposant une sorte de «troisième» mi-temps aux Algériens à travers la continuité du 4ème mandat. Tous les appels au chef de l'Etat pour qu'il parte à la fin de son mandat, après qu'il ait reporté l'élection présidentielle du 18 avril, ne l'ont pas convaincu pour quitter la scène politique nationale. Et, contre vents et marées, le président Bouteflika réaffirme clairement qu'il entend prolonger son 4ème mandat. Pour autant, la réalité est là : le départ du président Bouteflika, du moins pour les dirigeants actuels, ne semble pas à l'ordre du jour. Au plus fort des manifestations populaires contre le 5ème mandat, entre le 22 février et le 1er mars derniers, tous les signes du maintien de l'actuel système politique, avec un «plan B», étaient dans l'air. En outre, l'état de santé du président n'a jamais été un souci, encore moins la plus importante des préoccupations de ceux qui veulent aller au-delà du 4ème mandat. Le stratagème pour durer est fatalement cette conférence nationale inclusive, qui doit être le départ d'une nouvelle Algérie, avec une énième visite de la Constitution et une élection présidentielle, comme pour valider les fondements d'une seconde République que les Algériens ont hâte d'atteindre. Mais, pour atteindre cet objectif, ils doivent patienter encore, selon la stratégie incarnée par « le plan B » annoncé le 11 mars par M. Bouteflika qui veut imposer sa propre vision, sinon sa démarche de la transition en la contrôlant de bout en bout jusqu'à l'organisation de cette élection. C'est une attitude qui ignore complètement les demandes insistantes des Algériens pour son départ, un changement politique immédiat et l'instauration d'une transition qui ne soit pas le fait du pouvoir. Comme il l'avait promis après le dépôt de son dossier de candidature pour un 5ème mandat, il veut jouer les prolongations. Cette stratégie prendra beaucoup de temps et ce temps, les Algériens en ont besoin. Car ce face-à-face quotidien entre la rue, renforcée chaque jour par l'arrivée de nouvelles forces politiques et sociales, et le pouvoir n'est pas une bonne chose pour le pays.