Pour ceux qui n'ont pas vu ce match, ce nul pourrait paraître justifié et équitable. Or, et c'est là l'un des charmes du football, dominer n'est pas (toujours) gagner. Il faut savoir que le taux de possession du ballon est arrivé à hauteur de 83%, largement en faveur de l'équipe d'Algérie, l'essentiel du jeu se déroulant dans la moitié du terrain de la Gambie. Alors, comment expliquer ce résultat qui a comblé de joie les Gambiens et jeté une ombre au tableau côté algérien ? A notre avis, plusieurs facteurs ont « façonné » ce résultat illogique compte tenu de la très large domination des Fennecs, qui ont fait circuler le ballon, multiplié les tentatives, en obtenant de nombreux corners pour se contenter d'un seul but. Une maigre consolation mathématique pour des joueurs avides de justifier le choix du sélectionneur, et qui ont, parfois, confondu vitesse avec précipitation. Force est de reconnaitre que la Gambie de vendredi soir a versé dans un réalisme fait de défense à outrance, des interventions musclées non réprimées par l'arbitre camerounais, lequel a oublié le penalty qui s'imposait après la faute commise sur Belaili par le gardien adverse (38'). Ounas et plusieurs de ses coéquipiers ont été maltraités sans que l'arbitre camerounais ne brandisse les cartons. Défendant très bas et ayant parfois recours au hors jeu, les Gambiens ont, en quelque sorte, réalisé un parfait hold-up. Avec celle de la 72e minute, c'était seulement leur deuxième action offensive en fin de rencontre qui leur a permis d'obtenir le résultat recherché. Concernant l'analyse, il faut noter que la physionomie globale de cette rencontre, à savoir la domination des Fennecs, a revêtu un aspect finalement pénalisant. Le ballon étant la propriété du milieu et des attaquants, les défenseurs se sont relâchés en se faisant surprendre au moment où personne ne s'y attendait. Or, on ne juge le rendement d'un défenseur que s'il est sollicité par les attaquants adverses, ce qui n'était pas le cas. Les plus responsables dans cette réalisation sont sans aucun doute Halliche et le gardien Doukha, une mésentente dont l'origine n'est autre que le manque de communication, une faute impardonnable de la part de deux joueurs expérimentés. Ceci dit, cette équipe nationale nous a semblé très prometteuse. D'abord, parce que tous les joueurs possèdent un niveau technique très appréciable. Ensuite, la plupart d'entre eux jouent ensemble pour la première fois. Enfin, ils sont jeunes et possèdent donc une marge de progression conséquente. Nous aurions aimé que Belmadi titularise au moins un baroudeur, comme Bounedjah. Car, un tel élément aurait été le complément idéal pour les coéquipiers du capitaine Halliche avec son jeu axé vers la profondeur et ses reprises de la tête. Par ailleurs, et à notre avis, le gardien Doukha, très peu sollicité, ne doit pas être retenu. Pour donner plus d'assurance à ce secteur, Belmadi serait bien inspiré de faire appel au gardien de la JSK Abdelkader Salhi, plus sûr dans toutes ses interventions. Comme il l'avait annoncé, le coach national a décidé de donner du temps de jeu à ceux qu'il voulait voir à l'œuvre pour chasser le doute et avoir une meilleure idée sur les potentialités des uns et des autres. Finalement, on pourrait dire que, grâce à son attitude ultra défensive, la Gambie a permis au sélectionneur national de déceler les lacunes, principalement au niveau du secteur offensif où un attaquant évoluant dans un autre registre a manqué cruellement. Face à la Tunisie, Belmadi aura le loisir de tester d'autres joueurs et, peut-être, inclure plusieurs anciens cadres pour donner plus de métier à cette jeune et prometteuse équipe. D'une part, pour voir si la mayonnaise a des chances de prendre et, d'autre part, assurer un bon résultat en vue d'améliorer le classement FIFA. Répétons-le encore une fois, si le résultat est plutôt décevant, la prestation de cette nouvelle équipe nationale atteste que Djamel Belmadi a vu juste en s'engageant dans un projet exaltant et prometteur qui prend forme. Tout le monde est ravi de découvrir les Loucif (véritable clone d'Atal), Ounas, Bennacer, Boudaoui et Abeid. On nous rétorquera que la Gambie n'est pas une grosse cylindrée. Certes, c'est vrai, mais il n'empêche qu'avec leur organisation défensive, les Gambiens ont rendu un grand service aux Verts. Lorsqu'on domine de cette façon, il est indispensable de « tuer » le match. Le manque de concentration des Fennecs en fin de rencontre leur a coûté une victoire qu'ils auraient très largement méritée. Dans un tel contexte, il est difficile de définir le système de jeu appliqué lors de cette rencontre. Et, à ce sujet, le sélectionneur national préfère ne fournir aucune indication aux futurs rivaux de l'EN. Tout au plus, il a déclaré « qu'on peut jouer dans plusieurs systèmes », et il a entièrement raison à une époque où tout est analysé et décrypté par les adversaires.