Des milliers de fonctionnaires, notamment des secteurs de la santé et de l'éducation, ont répondu à l'appel à la grève et aux marches et rassemblements, lancé par la coordination des syndicats autonomes (CSA). Les forces de sécurité ont dû faire marche arrière, hier, vu le nombre important de fonctionnaires soutenus par des étudiants et des citoyens rassemblés en masse à Alger. Après avoir réprimé la marche des étudiants de mardi dernier, les services de la police ont tenté, hier encore, de bloquer les manifestants rassemblés à la place du 1er Mai pour les empêcher de se rendre à la Grande Poste d'Alger. Ils sont intervenus pour scinder les manifestants en groupes afin de les maîtriser, mais ils ont fini par céder en fin de parcours. Les manifestants se sont fait entendre encore une fois pour protester contre l'intronisation de Bensalah et réclamer le départ de tous les symboles du système. Sur des pancartes brandies par les protestataires, on pouvait lire : «Bensalah, notre combat est révolutionnaire et non pas constitutionnel», « Non aux 3 B, Bensalah, Bedoui, Belaïz». Les étudiants ont, pour leur part, affirmé à travers leurs banderoles : «L'Algérie a des richesses, le pétrole, le gaz et sa jeunesse» et «L'Algérie libre et démocratique». Les secouristes bénévoles étaient présents en force, à côté des éléments de la protection civile, pour parer à toute éventualité et porter secours aux manifestants et aux services de sécurité. Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), présent sur place, a affirmé au «Le Quotidien d'Oran» : «On a pris acte avant-hier, en tant que citoyen et en tant que syndicaliste, au niveau du comportement et au niveau des arrière-pensées, que l'essentiel n'a pas changé; cette volonté de réprimer les voix libres et le droit des citoyens à manifester dans la rue et dans les espaces publics n'a pas vraiment changé». Et d'ajouter : «Nous avons été dans une période d'accalmie qui a donné de l'espoir, mais ce que nous avons vu avant-hier nous a choqué, dans la mesure où nos enfants, nos étudiants et des professeurs d'université ont été réprimés, malmenés et méprisés». Et de dénoncer : «Aujourd'hui, ils ont tenté de faire la même chose, ils ont tenté de casser la marche, mais ça n'a pas marché, on a pu déjouer ces tentatives vu notre nombre». Et d'affirmer que des jeunes et des citoyens ont rallié le mouvement des travailleurs. En soulignant : «Je pense que c'est une réussite pour une première action de la Confédération des travailleurs affiliés aux syndicats autonomes». Il ajoute : «Nous n'allons pas nous arrêter là, nous sommes en train de mettre de la pression pour accompagner ce mouvement populaire pacifique qui a été déclenché par les jeunes le 22 février». Il poursuit : «Le peuple est debout, hier, aujourd'hui et demain, pour un réel changement et non pas pour un replâtrage. Le peuple algérien veut des personnes qui ont son mandatement à la Présidence, au Premier ministère, dans le Conseil constitutionnel, dans les Assemblées législatives et locales». Il prédit : «On sera plus de 23 millions, ce vendredi encore, dans les rues en Algérie pour réclamer ce changement tant attendu».