En dépit du durcissement du dispositif sécuritaire et malgré les arrestations opérées tôt le matin à Alger centre, la persévérance du mouvement populaire reste intacte. Les manifestants ont encore une fois investi en force, en ce 14ème vendredi, les espaces publics, dans la capitale et d'autres villes du pays. Et ce, pour dire Non à l'élection présidentielle du 04 juillet et Oui pour une République civile gérée par un président qui sera élu par le peuple. Le message des manifestants est précis : «Ici c'est l'Algérie, et n'y aura pas de Sissi» ou «l'Algérie est une république civile et non militaire» comme on pouvait le lire sur des pancartes et banderoles brandies par des manifestants. A 14 heure, après la prière du vendredi, les grandes artères et les grandes placettes d'Alger, notamment l'esplanade et le jardin public qui se trouve en face de la Grande poste et la place Maurice Audin centre sont pleines de monde. Les manifestants se sont donné le mot «tous vers la place des Martyrs», une façon de répondre au quadrillage impressionnant mis en place autour de la Grande poste d'Alger, en entendant dire qu'«Alger est grande, elle n'est pas limitée à la Grande Poste». Suivant les consignes, une foule immense de manifestants a emprunté le chemin menant vers la rue Asla Hocine, en direction du Square port Saïd, une longue procession qui semblait interminable, tout droit vers la place des Martyrs. D'autres marchaient sur le boulevard Zighoud Youcef. Les manifestants scandaient haut et fort comme un seul homme en marchant et en calquant des mains «l'Armée et le peuple sont des frères, mais El Gaid nous a trahi, il est avec le gang». Sur une grande banderole brandie par les manifestants, il était écrit «l'armée est la propriété du peuple et non pas l'inverse, et l'armée doit se soumettre à la volonté du peuple et non pas le contraire». Certains protestataires ont tenu à rappeler que le peuple veut le départ de Bensalah, de Bedoui et son gouvernement, le départ de Mouad Bouchareb et l'application des articles 07 et 08. Avec une précision «le peuple ne veut pas de régime militaire tout en étant frère et fier de notre armée nationale». Les services de sécurité semblaient hier plus que jamais déterminés à empêcher ce mouvement populaire, à travers le blocage des axes routiers menant à la capitale, les interpellations des militants des droits de l'homme. A Constantine, les slogans et les écrits sur les banderoles ont été presque unifiés en ce 14 vendredi consécutif des manifestations. Les mêmes phrases rejetant l'élection présidentielle du 4 juillet et l'Etat militaire ont été scandées par les milliers de manifestants, hommes, femmes et enfants, qui ont bravé, ce vendredi 24 mai, à partir de 14h30mn, la fatigue, la soif et la faim pour venir encore et toujours manifester leur rejet du système politique en général. «Makanch intikhabat maâ el issabat» (pas d'élection avec les gangs), criaient à gorges déployées des manifestants, pour mieux se faire entendre en exploitant ce qui leur restait encore de force. Tout en reprenant un autre slogan largement partagé, hier, qui dit que «le peuple veut un Etat civil et non un Etat militaire». Immanquablement, les manifestants déterminés à se faire entendre, ont réitéré leur souhait ardent de voir Bensalah et Bedoui dégager de la scène politique nationale, et chanté des hymnes à l'amour de la patrie «watani watani ghali ethamani» (cher pays).