Même «symbolique», puisqu'elle se déroule de 8h à 12h, avec la garantie d'un service minimum, la grève nationale des pharmacies d'officines, à laquelle a appelé il y a plus d'une semaine le syndicat de la corporation (SNAPO), est maintenue pour ce mercredi 29 mai 2019. Pour le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (SNAPO), ce mouvement de grève est destiné à attirer l'attention des pouvoirs publics sur les «dangers permanents» qui guettent les pharmaciens. Ce mouvement fait suite au sit-in de protestation observé le 20 mai dernier par plus d'une centaine de pharmaciens d'officines devant le siège du ministère de la Justice pour revendiquer la révision de la loi relative à la classification des substances psychotropes, la publication de la liste de ces substances dans le Journal officiel et la libération des pharmaciens détenus pour leur vente. «Il devient dangereux d'être pharmacien» en Algérie, affirme Messaoud Belambri, président du SNAPO, qui cite des cas d'assassinat d'un père et d'un époux de pharmaciennes, par des individus à la recherche de psychotropes. Pour toutes ces raisons et d'autres, «la mobilisation est devenue inévitable» pour dénoncer la situation dans laquelle exercent les pharmaciens d'officines. Dans son appel à la grève adressé le 22 mai aux membres de la corporation, le SNAPO dresse un état des lieux alarmant qui mérite un minimum de prise de conscience de la part des autorités. Le document décrit des «souffrances multiples» et des «conditions économiques» de l'officine qui «n'ont pas cessé de se dégrader» depuis plusieurs années, sans compter les «procédures administratives des conventions sociales» qui «étouffent» les pharmaciens. «Sans oublier les difficultés des approvisionnements face aux ruptures et les ventes concomitantes, et notre incapacité de répondre aux souffrances de nos patients». «Mais aujourd'hui, le sujet récurrent et inquiétant des psychotropes est devenu un souci majeur pour chacun de nous. Si vous perdez votre liberté, si vous perdez vos droits fondamentaux en tant que citoyen, si vous n'êtes plus capable de continuer à exercer, et si tout simplement vous n'êtes plus pharmacien, plus rien d'autre n'a d'importance. Tout sera fini. Vous ne penserez plus qu'à une chose : retrouver votre liberté, votre dignité, retrouver la vie, retrouver votre famille», affirme le SNAPO dans l'appel adressé à ses adhérents. «Nous avons assisté, impuissants, à l'emprisonnement de nos consœurs et confrères. Poursuivis pour des problèmes liés aux psychotropes. Cette loi qui, en fin de compte, est devenue notre bourreau et notre cauchemar, risque d'être la loi qui va nous tuer tous et tuer notre profession», ajoute le SNAPO qui appelle à une forte mobilisation. A propos de mobilisation, le Syndicat des pharmaciens d'officines a reçu des confirmations émanant des 48 wilayas. La «mobilisation sera maximale», nous a déclaré hier le président du SNAPO qui avait déjà une estimation de la participation à «plus de 95%» compte tenu des confirmations reçues par le syndicat de la part de «toutes les wilayas sans exception». «C'est une première alerte, un premier signal, après le sit-in devant le ministère de la Justice le 20 mai dernier. D'autres actions suivront, «notamment le boycott et l'arrêt total de la commercialisation des produits psychotropes», affirme encore le président du SNAPO. Pour rappel, le corps des pharmaciens privés recense 11.000 pharmaciens à travers le territoire national dont deux ont été assassinés, ces derniers mois, à Oum El Bouaghi et Mascara pour avoir refusé de vendre des psychotropes sans ordonnance, et d'autres ont été condamnés à des peines de prison ferme en raison de la vente de psychotropes.