Des dizaines de pharmaciens d'officines ont observé, lundi, un sit-in de protestation devant le siège du ministère de la Justice pour revendiquer la révision de la loi relative à la classification des substances psychotropes, la publication de la liste de ces substances dans le Journal officiel et la libération des pharmaciens détenus pour leur vente. Les pharmaciens ayant observé ce sit-in, auquel a appelé le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (SNAPO), ont déploré les jugements prononcés à l'encontre de pharmaciens qui ont vendu des substances psychotropes, ignorant que les ordonnances présentées étaient falsifiées ou établies en complicité avec leurs auteurs, hissant des slogans défendant la profession de pharmacien. Le président du SNAPO, Messaoud Belambri s'est dit consterné par la situation actuelle que vit le pharmacien qui se retrouve «entre l'enclume et le marteau», précisant que ce dernier «peut échapper à la justice mais pas aux violences ou encore aux crimes perpétrés par des personnes dépendantes aux psychotropes». Entre autres revendications soulevées par ce corps, M. Belambri a rappelé qu'»aucun pharmacien ne doit être déféré à la Justice avant l'établissement d'une expertise juridique de classification officielle des substances pour lesquelles il est poursuivi, une expertise devant être menée par un laboratoire médico-légal, une source accréditée ou une instance professionnelle agréée représentant les pharmaciens». Il a demandé, par ailleurs, «de ne pas poursuivre en justice, ni condamner les pharmaciens pour des affaires de vente de produits non classées officiellement en tant que substance psychotrope, conformément aux dispositions de la loi relative à la classification officielle de ces produits pharmaceutiques en vertu des articles 2 et 3 de la loi 18-04 et de l'arrêté ministériel du 9 juillet 2015". Le syndicat a demandé, par la voix de son président, de «ne pas engager la procédure de comparution immédiate du pharmacien avant l'enquête», par respect à cette noble profession, d'une part, et pour ne pas porter atteinte à la réputation de ce corps, d'autre part. Il a également insisté sur l'impératif respect des procédures légales de contrôle et de fouille assurées par la loi, lesquelles devraient être soumises à une autorisation légale émanant des autorités officielles et en présence d'un représentant de cette profession. Par ailleurs, le syndicat a décidé de poursuivre son mouvement de contestation en organisant une grève à Ouargla le 26 mai et le 29 du même mois au niveau national avant de prendre une décision finale de ne plus vendre de psychotropes. Pour rappel, le corps des pharmaciens privés recense 11.000 pharmaciens à travers le territoire national dont deux assassinés, ces derniers mois, à Oum Bouaghi et Mascara pour avoir refusé de vendre des psychotropes, et d'autres condamnés à des peines de prison en raison de la vente de psychotropes.