Une fois encore, l'ANP rappelle ses exigences politiques, comme elle balise la feuille de route que doivent prendre en considération les différents acteurs politiques engagés dans la résolution de la crise politique actuelle. Une semaine jour pour jour après avoir intimé au panel de dialogue national d'oublier ses «préalables» à toute entame de ce processus de sortie de crise, l'ANP a rappelé «ses» vérités et ses objectifs attendus quant à la mission même du dialogue national. La revue El Djeich a dans son dernier numéro rappelé à ceux qui l'auraient oublié qu'elle reste républicaine et que pour elle la seule sortie de crise politique qui inhibe et bloque le pays reste des négociations, sinon un dialogue national largement représentatif des différents courants politiques avec la participation de personnalités nationales, la tenue d'élections présidentielles. Mais, ce processus électoral ne peut venir qu'à travers un dialogue serein, franc et constructif, loin des pressions politiques de toutes sortes ou de préalables, des conditions que le chef d'état-major de l'ANP avait d'ailleurs rejetées. En clair, l'armée ne veut pas entendre parler de libération de personnes arrêtées dans le cadre des manifestations en lien avec le «Hirak», encore moins desserrer l'étau sécuritaire mis en place autour des grandes villes, notamment Alger, les jours de manifestations populaires. Mieux, l'ANP maintient ses préalables à elle, à savoir pas de «mesures d'apaisement» telles qu'elles ont été formulées par l'instance de dialogue et de médiation ou des personnalités politiques d'opposition. Le chef d'état-major de l'ANP Ahmed Gaïd Salah, qui a réaffirmé à plusieurs reprises que seul un dialogue sans conditions privilégiant un dénouement rapide à la crise politique actuelle à travers l'organisation d'élections présidentielles, a tenu à rappeler à tous les acteurs politiques qu'il y a des lignes rouges à ne pas franchir dans la conduite actuellement des négociations de sortie de crise. Pour autant, l'ANP maintient ses engagements «politiques», dont ceux d'un soutien sans faille à un dialogue national serein et constructif pour l'organisation dans les meilleurs délais d'élections présidentielles, unique voie de salut pour l'establishment militaire. Et il l'affirme à travers la revue El Djeich de ce mois d'août: «Dès lors que la finalité du dialogue national attendu est la recherche des modalités d'organisation des élections présidentielles dans les plus brefs délais, cela implique impérativement de rehausser le niveau du débat, d'éviter de se fourvoyer dans des questions secondaires, de poser des conditions préalables et des diktats illégaux ». La feuille de route de sortie de crise préconisée par l'ANP prend dès lors les contours d'un ordre du jour que beaucoup au sein de la classe politique et la société civile ne sont pas loin de considérer comme une intolérable ingérence des militaires dans les affaires civiles de la nation. Un vieux débat du reste que la classe politique est décidée à trancher.