Exprimant leur colère contre les perturbations de l'alimentation en eau, les pannes endémiques d'électricité et un cadre de vie déplorable, les « anciens » habitants de Guettar El Aïch, comme ils se font appeler pour faire la différence avec les habitants du bidonville limitrophe, ont bloqué hier, dès la première heure de la matinée, la route avec des pneus brûlés et de pierres. Avec des jeunes pointés sur les bords de la route, des pierres entre les mains, prêts à caillasser le premier véhicule qui tenterait de forcer le blocus. Bien sûr aucun véhicule ne s'y est aventuré, car tous les automobilistes qui circulaient sur cette voie à double sens, menant à Constantine dans un sens et Aïn M'lila dans l'autre, ont dévié leur parcours vers des issues ou des voies de circulation libres. Il faut dans ce sens passer par El Gourzi, via El Khroub, pour rejoindre Aïn M'lila ou Constantine dans le sens inverse, passant par les mêmes localités. « C'est un long détour, mais on est obligé de l'emprunter », nous ont déclaré des automobilistes, soulignant que les forces de l'ordre public peuvent mettre beaucoup de temps pour faire revenir les manifestants à de meilleurs sentiments. Impossible d'attendre, donc, sur cette route bloquée par des manifestants et qui semblaient déterminés à ne libérer la voie routière que suite à « des mesures concrètes qui les libéreraient, eux, du calvaire qu'ils vivent depuis longtemps », selon leurs propres déclarations. « Nous sommes contre ce procédé du blocage de la route, ca nous sommes conscients de la souffrance qu'on va causer aux citoyens, mais on n'a pas trouvé d'autres solutions pour attirer l'attention des autorités compétentes sur les problèmes que nous vivons depuis très longtemps », nous ont déclaré des habitants en retrait des manifestants. Ces derniers nous ont affirmé que la cité croule sous les déchets, car le ramassage des ordures n'est pas régulier, non sans insister sur deux autres problèmes qui ont poussé les habitants à engager cette action de protestation musclée, à savoir la pénurie d'eau dans les robinets et les pannes endémiques d'électricité. « Les deux réseaux d'alimentation en eau potable et d'électricité qui subissent des agressions de la part de certains citoyens indélicats se trouvent mal en point, d'où résultent les pannes en question », indiquent nos interlocuteurs. Dans ce contexte, ajoutent-ils, les services concernés doivent intervenir pour nous assurer une alimentation en eau potable régulière et mettre un terme aux pannes d'électricité, en réparant les agressions sur les réseaux et en veillant que cela ne se reproduise plus, en sanctionnant les coupables notamment. En tout cas, les éléments de la Gendarmerie nationale qui se sont rendus sur les lieux pour tenter de libérer la voie n'ont pas pu convaincre les manifestants, qui ont exigé une prise en charge sérieuse de leurs problèmes.