Les feux qui ont jusqu'au 8 août mangé plus de 9.000 hectares de forêts, grillé des espèces fauniques et sylvestres endémiques, dont des singes macaques, des écureuils ou des cédraies dont celles de Teniet El Had dans la wilaya de Tissemsilt, sont un phénomène «normal». Et, surtout, qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter outre mesure de ces feux de forêts dont les nuisances se répercutent non seulement sur l'équilibre écologique dans ces vastes espaces, mais affectent de manière significative tous les paramètres de l'environnement du pays. Le constat du premier responsable du secteur des forêts est lui-même alarmant et prodigieusement préoccupant. La raison est qu'il a non seulement réduit l'importance du désastre écologique que les feux de forêts ont occasionné cette année, et l'été n'est pas encore terminé, au patrimoine sylvestre national, mais qu'il a qualifié de «normal» cette tragédie que vivent les populations riveraines des massifs forestiers. La destruction par le feu de 9.000 hectares de forêts, dont des espèces rares ou économiquement importantes, dont le chêne-liège, l'olivier et les autres espèces d'arbres fruitiers ou rustiques, est, si on suit la logique du premier responsable des forêts du pays, qu'il s'agit d'année «normale». Alors, la question qui se pose est de savoir à partir de quel surface décimée par le feu le constat pour les responsables du secteur, dont ceux de l'Agriculture, devient alarmant. Et, pour confirmer que la protection des forêts, de l'environnement florale et faunique, n'est pas tellement un souci majeur, encore moins prioritaire, le patrimoine forestier national perd en moyenne annuelle près de 32.000 hectares. C'est là l'autre constat d'un bilan des services des forêts qui ne milite en aucune manière pour une véritable prise en charge d'un secteur qui constitue en réalité le poumon du pays. A la destruction inexorable des zones humides, la disparition d'espèces animales et florales endémiques, la rareté des oiseaux migrateurs, il faut également ajouter l'insouciance atterrante des responsables du secteur quant au renforcement des mesures de protection autant contre les feux de forêts que contre la disparition, dans l'insouciance générale, d'espèces animales rares, dont l'hyène tachetée, ou l'aigle royal. Un signe qui ne trompe pas sur cette inexorable déforestation du pays, soit par le feu, soit par la prédation : en 1962, le couvert forestier national totalisait environ trois millions d'hectares, et, aujourd'hui, le pays ne compte que seulement 4,1 millions d'hectares, soit près d'un million d'hectares réalisés en un peu plus de 50 ans, un demi-siècle ! Et, au rythme de 32.000 hectares perdus en moyenne chaque année, le compte au bout de dix ans n'en sera que catastrophique. Ailleurs dans le monde, les incendies de forêts sont une calamité naturelle combattue avec la dernière énergie et avec des moyens hypersophistiqués, avec également des instituts de recherche dédiés. A la DGF, on en est encore à faire des bilans rassurants quand la régénération forestière, avec des coûts financiers et techniques exorbitants, n'arrive pas à ses objectifs.