Contrairement à Donald Trump qui a laissé main libre à la Turquie d'instaurer, par l'occupation militaire, une zone de «sécurité», tout au long du nord-est de la Syrie frontalier de son territoire, Vladimir Poutine l'indéfectible allié de Damas a obtenu du président Turc Recep Tayib Erdogan, qu'il a rencontré à Sotchi, mardi dernier, qu'il arrête l'offensive de son armée visant la prise de contrôle turc de cette région. Les deux hommes ont convenu d'un arrangement qui ménage à la fois la partie turque qui ne veut plus que le nord-est syrien reste sous le contrôle des milices kurdes, qu'Ankara considère comme étant des groupements terroristes menaçant sa sécurité nationale et le gouvernement syrien, qui voit dans l'offensive turque, une violation de sa souveraineté nationale syrienne et une atteinte à l'intégrité de son territoire. L'arrangement étant que l'opération militaire turque ayant cessé. Damas déploiera du côté syrien de la frontière, au nord-est du pays, ses « gardes frontières » qui seront accompagnés de militaires russes et qu'il sera donné quelques jours aux milices kurdes, présentes dans la zone, pour l'évacuer avec armes et bagages. Bachar El Assad a réagi à l'accord, en affirmant son plein soutien des décisions prises à Sotchi. Elles ne pouvaient, en effet, que le satisfaire du mouvement qu'elles impliquent que la Turquie s'en tient au « respect de l'intégrité territoriale et l'unité politique de la Syrie. Il l'est d'autant que le pouvoir qu'il incarne revient dans cette partie du pays dont il a perdu le contrôle, en 2012, au profit d'une alliance kurdo-arabe soutenue par la coalition internationale menée par les Etats- Unis. Et cela sans entrer en conflit armé avec le voisin turc avec lequel il a un contentieux multiple. En surmontant leurs divergences sur le dossier syrien, Moscou et Ankara ont incontestablement cimenté leur partenariat stratégique et clairement signifié qu'ils sont les maîtres des horloges et des suites à donner au conflit syrien. François Hollande, l'inénarrable ex-président français, qui a tout fait pour contrer ces deux acteurs de la scène internationale, a commenté avec dépit leur accord en déclarant qu'il est «la victoire de tous ceux qu'on ne voulait pas voir triompher». Ce qu'il voit en réalité en cet accord c'est l'avortement du plan de recomposition géopolitique que lui et ses pairs occidentaux ont cherché à faire aboutir sans reculer à faire éclater un atroce conflit que le peuple syrien a payé au prix fort. Ce conflit restera une tache indélébile qui rappellera à l'humanité que l'Occident «civilisé» et prétendument mû par ses «valeurs nobles» a montré, en l'occurrence, qu'il n'est qu'un prédateur capable du pire pour imposer son ascendance sur le reste de la planète. Sotchi a enclenché, à l'évidence, une désescalade de tensions dans les rapports syro-turcs et présage une entente indirecte entre eux sur les mesures à mettre en œuvre pour que leurs zones frontalières ne soient plus cause de conflit à même de faire perdurer celui que la Syrie a vécu pendant près de neuf ans.