Des centaines d'étudiants et des citoyens ont marché hier à Alger et dans plusieurs villes du pays, pour exiger le changement du système et l'instauration d'un Etat de droit. Si la mobilisation estudiantine a connu un léger déclin, le soutien des citoyens de différentes catégories était là pour les encourager à poursuivre leur mouvement de contestation pacifique. «Où sont les étudiants, il s'agit de leur avenir», lance un sexagénaire devant les manifestants pour que d'autres d'un certain âge répliquent: «peu importe le nombre, des étudiants sont parmi nous». Un étudiant répond en affirmant qu'«ils sont actuellement en période des examens». Depuis la place des Martyrs, jusqu'à la place Audin, les manifestants scandaient les slogans habituels: «Etat civil et non militaire», «justice indépendante, presse libre », «Libérez les détenus d'opinion, libérez les otages». Les manifestants ont emprunté lors de leur parcours habituel, le boulevard Colonel Amirouche, marquant ainsi une halte devant le siège de l'Union nationale des étudiants algériens (UNEA), en scandant ainsi des slogans hostiles aux syndicats universitaires classiques qui ont rarement manifesté leur solidarité avec les étudiants réprimés ou incarcérés depuis le 22 février dernier. Le mouvement estudiantin connaît aujourd'hui des mutations. Il semble qu'il y a une volonté d'organiser et de structurer ce mouvement. Il y a eu déjà la naissance du rassemblement estudiantin pour le changement (REC) à l'USTHB, appelant ainsi les étudiants à une adhésion massive au sein du mouvement pour militer dans un cadre organisé afin de concrétiser les revendications du Hirak. A noter en outre que cette 46ème manifestation estudiantine a été précédée par un débat public qui a eu lieu près de la station de métro à la place des Martyrs, où certains manifestants ont exprimé leur point de vue, notamment sur la révision de la Constitution. Le président Tebboune avait confirmé que la révision de la Constitution constitue sa priorité politique. Il avait même souligné, dans le communiqué rendu public à l'issue de la première réunion du Conseil des ministres que «la réforme de la Loi fondamentale est si nécessaire, pour lancer les bases de la nouvelle Algérie». Mais selon certains avis, la révision de la Constitution ne peut se faire qu'à travers une période de transition, avec un président élu à la majorité. D'autres ont estimé que «cette révision ne doit pas être un saut dans l'inconnu, on doit multiplier les débats sur cette loi fondamentale pour éviter les erreurs du passé, une constitution purement présidentialiste». D'autres par contre refusent tout dialogue que ce soit autour de la Constitution ou autour du gouvernement en place. «Le Hirak doit continuer à faire pression pour arriver à changer le système et non pas la Constitution», dira un manifestant.