Des quotas d'importation d'alcool destiné aux fabricants locaux de gels hydro-alcooliques sont en train d'être débloqués pour permettre de hisser la fabrication de ces produits entrant dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, a indiqué, hier, à l'APS, le ministre délégué chargé de l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed. Il a fait savoir que le ministère des Finances était en train de débloquer, actuellement, des quotas d'alcool au profit des fabricants locaux de ces produits afin de leur permettre de hisser leur rythme de production. «Dans certains pays développés, il y a un manque de gels hydro-alcoolique alors que la problématique se pose moins chez nous, car nous avons des producteurs locaux de ces produits», a-t-il fait observer. S'agissant de l'utilisation de ces gels, elle «doit se limiter aux endroits où l'eau n'est pas disponible hors de chez soi», a préconisé le ministre. Il a soutenu que l'utilisation de ces gels n'était pas nécessaire lorsque l'individu peut se laver les mains à l'eau et au savon pendant une trentaine de secondes, ce qui permettra d'éviter de gaspiller de grandes quantités de gel hydro-alcoolique. A propos de l'activité de l'industrie et des laboratoires pharmaceutiques pour la fabrication des différents produits nécessaires contre la propagation du coronavirus, le ministre délégué a affirmé que les unités de production continuaient à fonctionner normalement dans le respect de la sécurité et de la santé des salariés de ce secteur. «Les laboratoires pharmaceutiques se sont réorganisés pour pouvoir prendre en charge la santé publique, tout en veillant à la sécurité de leur personnel et de leurs familles», a-t-il assuré. Interrogé sur d'éventuels «traitements» que pourrait mettre en œuvre le corps médical en Algérie, au profit des patients atteints du coronavirus, M. Benbahmed a fait savoir que «même si, actuellement, il n'y a pas encore de médicaments contre ce virus, des pistes de traitement existent comme celui se basant sur la chloroquine». Ce composé, fabriqué localement, est utilisé pour le traitement du paludisme et du lupus et dont l'Algérie possède des stocks importants dans l'attente d'une éventuelle validation par l'OMS, d'un traitement à partir de cette chloroquine. En outre, M. Benbahmed a indiqué que son département, tout comme le ministère de la Santé, s'était «inscrit dans une stratégie de prévention solide sur le long terme», étant donné que le coronavirus est susceptible d'être saisonnier comme la grippe. «Il est possible, donc, d'avoir un rebond de l'épidémie, en octobre. Nous ne sommes pas sur une politique à court terme, ce sera un combat de longue haleine. Il y aura un avant et un après coronavirus», a-t-il expliqué. Bientôt, 50 millions de masques médicaux sur le marché Les disponibilités des masques médicaux devront atteindre 50 millions d'unités «assez rapidement», grâce à la production localement de 11 millions d'unités et à l'importation en cours de 15 millions d'unités, en plus des stocks initiaux, estimés à 45 millions d'unités mais dont une bonne partie a été déjà distribuée, depuis le début de propagation du coronavirus, a indiqué également M. Benbahmed. Il fait savoir que la production nationale de ces masques pourrait être augmentée à 500.000 unités/jour pour répondre aux besoins en la matière. «Sur les 11 millions d'unités produites, 7 ou 8 millions sont réparties sur les hôpitaux et près de 2 millions se trouvent à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH)», a-t-il détaillé. «En Algérie, nous avons la chance, par rapport à d'autres pays de la région, d'avoir des producteurs de masques, de gels hydro-alcoolique et de médicaments liés à cette pandémie», a-t-il observé. Selon le ministre, l'Algérie possède 4 producteurs de masques médicaux ainsi qu'une douzaine de fabricants de solutions hydro-alcooliques publics et privés. Concernant les masques médicaux, M. Benbahmed a fait savoir que ceux-ci avaient commencé à être très exportés illégalement dès l'apparition du coronavirus en Chine, ce qui a nécessité l'intervention des pouvoirs publics pour faire cesser les réseaux illégaux d'export de ce produit. «Lorsque la demande pour un produit est multipliée, du jour au lendemain, par cent ou par mille, des phénomènes spéculatifs se mettent en place à travers l'export ou des réseaux parallèles ou du stockage ou même par l'augmentation de prix», a-t-il expliqué. Ainsi, «l'Etat a très rapidement réuni l'ensemble des producteurs de masques et réquisitionné leurs stocks et leur production», selon le ministre délégué. Cependant les producteurs de masques médicaux faisaient face à une problématique quant à la disponibilité de la matière première. Ces masques sont, en effet, composés de feuilles de papier au milieu desquelles il y a un filtre, le «Melt blown». «Nous sommes actuellement en train d'aider ces opérateurs avec des pays amis de l'Algérie pour se procurer rapidement cette matière première», a affirmé M. Benbahmed. Utiliser les masques de manière rationnelle Par ailleurs, et dans l'optique d'une utilisation raisonnable de ces masques, le ministre délégué a indiqué qu'il a été demandé aux services hospitaliers du pays de rationaliser l'usage de ces masques qui seront orientés vers les hôpitaux où il y aura des foyers épidémiques. «Nous avons fait une note aux personnels de santé et aux pharmacies des hôpitaux pour ne délivrer ces masques que par des quotas aux professionnels de la santé qui sont en contact avec les malades», a-t-il confié, assurant que les stocks de ce produit détenus par l'Algérie «suffisent largement face au rythme actuel de propagation du coronavirus». Cependant, M. Benbahmed a souligné l'intérêt de «ne pas gâcher ce stock de masques», estimant nécessaire de les utiliser de manière rationnelle sachant qu'ils ne sont pas destinés à protéger les personnes qui les portent, a-t-il expliqué. Selon lui, les citoyens ne doivent utiliser les masques uniquement s'ils contractent des signes de rhume, une fièvre modérée ou un petit mal de gorge pour ne pas transmettre de virus à d'autres personnes. Pour le même responsable, l'Algérie se conforme aux recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), en matière de mesures d'hygiène, de sécurité mais, également, en matière de protocoles médicamenteux, de désinfection ou pour les tests de dépistage. «L'OMS préconise que les masques ne soient utilisés uniquement par les malades pour qu'ils ne projettent pas leurs microbes sur les personnes saines. Lorsque vous mettez un masque, vous n'êtes pas protégés de la maladie, vous protégez les autres», a-t-il insisté.