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Projet de révision de la Constitution: La participation de l'ANP à des opérations de maintien de la paix en question
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 05 - 2020

S'il y a une proposition formulée par la commission Laraba qui a attiré le plus l'attention des observateurs, c'est en évidence celle relative à la participation de l'Armée nationale populaire à des opérations de maintien et de restauration de la paix.
Dans aucune des Constitutions précédentes ni dans aucun de leur préambule, l'on ne retrouve ne serait-ce que l'idée d'une participation de l'Armée nationale populaire (ANP) dans des opérations en dehors des frontières du pays. La commission Laraba a osé franchir le pas en le proposant dans son projet de révision de la Constitution. «L'Algérie peut, dans le cadre des Nations unies, l'Union africaine, la Ligue arabe et dans le respect de leurs principes et objectifs participer à des opérations de maintien et de restauration de la paix», dit-elle dans le Chapitre 3 «De l'Etat», l'article 31 (alinéa 3) en rajout à l'article 29 de la Constitution 2016. Dans le Chapitre premier, et au titre des «pouvoirs et prérogatives» «Du président de la République», l'alinéa 3 lui permet de «décider de l'envoi de troupes après approbation à la majorité des deux tiers du Parlement». Telles que formulées, les deux articles veulent lever le principe de l'interdiction de sortie de l'ANP en dehors des frontières que l'Algérie brandissait à chaque fois que les puissants de ce monde lui demandaient de le faire. Les diplomates algériens notamment se rappellent les pressions exercées sur l'Algérie par Français et Américains pour envoyer son armée en Libye nettoyer les effets du désastre provoqué en 2011 par les interventions de l'OTAN et ramasser les milliers d'armes qui y ont été larguées. La levée de ce principe est étroitement rattachée à un autre tout aussi immuable pour l'Algérie, «la non-ingérence dans les affaires internes des Etats». Si le premier est enjambé par le pouvoir politique et militaire de la République, le second n'a plus sa raison d'être.
Les décideurs algériens savaient en 2011 que «la communauté internationale» voulait les charger d'une sale besogne, celle de substituer l'armée nationale à leurs forces destructrices pour replâtrer ce qu'elles ont détruit dans un pays souverain et contre un peuple libre. Cet agenda, les Occidentaux l'ont aussi proposé à l'Algérie pour intervenir au Mali.
Quand Kerry voulait casser des verrous
Les nombreux diplomatiques et les hauts fonctionnaires militaires et du renseignement venaient à Alger pour à chaque fois lui reformuler ce besoin de voir l'ANP intervenir dans des guerres dont elle n'est pas responsable.
En avril 2014, le secrétaire d'Etat américain aux affaires étrangères rappelait que le terrorisme n'a pas de nationalité ni de frontières.(Voir Le Quotidien d'Oran du 4 avril 2014). John Forbes Kerry était interrogé sur «les capacités de l'Algérie à produire la stabilité et à en être l'exportatrice». Le responsable américain tentait ce jour-là à déjouer «les deux principes immuables de l'Algérie» en estimant qu'«elle devait s'investir davantage dans la lutte antiterroriste». Ramtane Lamamra, alors MAE, lui répond que «les pays frères de la région trouvent en l'Algérie un important partenaire qui leur fournit une aide en renseignements, en équipements et en formation». Kerry rétorque «nous faisons face aujourd'hui à des conflits plus complexes que jamais, il faudrait qu'on réfléchisse à relever d'importants défis en matière de sécurité et de stabilité». Nous écrivions à l'époque que «Kerry laisse croire aisément que les Américains veulent faire sauter le verrou que l'Algérie a mis en s'accrochant aux deux principes». Les responsables de l'Africom basés à Stuttgart l'ont revendiqué sans hésitation. Adeptes qu'ils sont des guerres par procuration, les Etats-Unis ont toujours insisté sur la levée de «l'interdiction de sortie» de l'ANP en dehors des frontières nationales. «L'Afrique semble clouée au pilori au moment où les alliés survolent, fouillent et bombardent ses territoires sous l'œil complice des Nations unies», écrivions-nous en mars 2011. C'était l'année où les forces alliées bombardaient la Libye sous couvert de la résolution onusienne 1973. La Ligue arabe et l'Union africaine ont fait dans un suivisme détestable en soutenant la déflagration de la Libye. L'on interroge si aujourd'hui et après toutes les violations des résolutions du Conseil de sécurité par les puissants de ce monde, l'Algérie compte examiner des demandes «internationales» de participation de son armée dans des opérations de maintien ou de restauration de la paix dans des pays passés au rouleau compresseur de la guerre.
Au nom d'une démocratie héliportée
Entre maintenir la paix et la restaurer, il y a dans le 2ème verbe, cette obligation évidente pour l'Algérie de prendre les armes ailleurs sur des champs de bataille.
En décembre 2019, le président de la République examinait en réunion du Haut Conseil de sécurité la situation au Mali et en Libye. Tebboune avait évoqué «une batterie de mesures à prendre pour la protection de nos frontières et notre territoire national et la redynamisation du rôle de l'Algérie au plan international, particulièrement en ce qui concerne ces deux dossiers, et de manière générale dans le Sahel, la région saharienne et l'Afrique». Il répétera depuis, «rien ne se fera en Libye sans l'Algérie ni contre l'Algérie». Nous écrivions alors le 2 mai dernier que «les propos du chef de l'Etat devraient augurer d'une redéfinition de la stratégie nationale militaire en fonction des lourdes menaces qui pèsent sur la région, peut-être même une reformulation des principes constitutionnels jusque-là considérés comme immuables pour que l'Algérie puisse se défendre. Ceci, parce que le monde de l'après-Covid-19 ne sera pas moins provocateur ni moins destructeur de ce qu'il en a été à ce jour, régenté qu'il est par ceux qui se sont érigés en «communauté internationale» et dont les intérêts ne s'accommodent ni de stabilité ni de paix».
Très loin est l'idée de voir les militaires algériens faire la guerre ailleurs. L'étape post-pandémie s'annonce féroce en termes de repositionnement sur l'échiquier mondial des forces agissantes politiques, militaires, sécuritaires et du renseignement. Depuis quelques semaines, la Libye brûle sous les frappes militaires de Haftar et ses sponsors et les ripostes des forces de Fayez Esseraj et leurs soutiens. Si Tebboune pense vraiment que «rien ne se fera en Libye sans l'accord de l'Algérie», il devra alors soupeser la possibilité de l'ANP d'intervenir en dehors des frontières et en même temps d'assumer ses missions originelles de «défense du pays contre toute menace extérieure, de sa contribution essentielle à la protection des citoyens, des institutions et des biens contre le fléau du terrorisme(...), pour le renforcement de la cohésion nationale et la consécration de l'esprit de solidarité entre le peuple et son armée» comme rapporté dans le préambule du projet de révision. Les armées des pays dirigées par des va-t-en-guerre sont connues pour semer le chaos dans plusieurs régions du monde sous le prétexte fallacieux d'instaurer la démocratie. Au cas où la proposition des experts est retenue, l'Algérie devrait intervenir militairement en Libye pour «restaurer la paix».
Des voix optimistes veulent faire entendre qu'une fois retenue, la proposition sera formulée de sorte à ce que des garde-fous soient placés tout autour pour que ceux qui l'emploieront trouveront les pires difficultés politico-juridiques à son applicabilité. Mais là, c'est la volonté des décideurs et leurs objectifs qui en détermineront les termes.


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