La vente des bavettes sur le marché informel a connu une importante prolifération ces derniers jours, précisément depuis l'obligation faite aux clients de porter les masques de protection au niveau des marchés couverts et des commerces en activité, notamment les grandes surfaces commerciales. Des vendeurs informels ont envahi les abords directs des marchés couverts et des supérettes au niveau des grandes surfaces commerciales, proposant des bavettes à des prix variant entre 80 et 100 dinars. De nombreux clients qui viennent s'approvisionner sans avoir sur eux des bavettes, par ignorance de son port obligatoire, se retrouvent dans l'obligation d'en acheter auprès de ces vendeurs pour avoir le droit d'accéder à l'intérieur des marchés et des supérettes. Les services de sécurité s'attellent à la chasse des vendeurs informels de fruits et légumes, de diouls et autres produits alimentaires, qui pullulent dans les environs immédiats des marchés et des grandes surfaces commerciales durant cette période du ramadhan, mais les vendeurs de bavettes arrivent à passer inaperçus grâce à la discrétion des produits présentés à la vente, pas trop encombrant, qui se tiennent dans les mains dans un sachets ou une petite boîte. Les vendeurs informels se mêlent facilement à la foule pour ne pas attirer l'attention des policiers. Un vendeur a garanti que «les bavettes qu'il propose aux clients au prix de 100 dinars sont de fabrication artisanale, confectionnées à la maison, de meilleure qualité que celles offertes au niveau des pharmacies». Comment peut-on en être sûr ? Difficile, voire impossible, de s'assurer que l'origine de la bavette vendue sur le marché noir et, surtout, si ce masque n'est pas, lui-même, un vecteur de contamination, vu la manipulation inconnue par laquelle il a bien pu passer. Le client ne cherche pas à comprendre, comme nous l'a expliqué l'un d'entre eux, «car le souci c'est de se procurer la bavette avec facilité, rapidement, sans se mettre à la recherche de l'officine pharmaceutique la plus proche, et à savoir si les bavettes seraient disponibles ». Non, vraiment pas besoin de perdre du temps, la bavette est là, on l'achète sans se poser de questions pour pouvoir rentrer au marché et faire les emplettes nécessaires, quitte à se débarrasser de ce morceau de tissu sur le visage une fois la mission accomplie, a-t-on pu constater devant un grand centre commercial à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Bien sûr, avec le temps, une meilleure disponibilité des masques dans les pharmacies et l'apprentissage de ce réflexe du port de la bavette hors de la maison, la vente informelle de ce produit ira en diminuant. Reste également à signaler ce phénomène malheureux des enfants de moins de 16 ans presque abandonnés par leurs parents devant les marchés, où ils sont interdits d'accès. Une irresponsabilité qui frise l'acte immoral. Comment peut-on avoir la conscience tranquille en laissant ses enfants, seuls, devant la porte d'un marché par où transitent continuellement un important flux humain ? Certains pensent, en se rendant aux marchés accompagnés de leurs progénitures, qu'ils peuvent les faire rentrer avec eux à l'intérieur, en tentant d'amadouer l'agent de sécurité, ou par ignorance de la règle interdisant aux enfants de moins de 16 ans d'accéder aux marchés. Mais l'agent reste inflexible devant les sollicitations des parents, veillant au respect de la règle pour ne pas risquer de perdre son gagne pain, lance un agent de sécurité qui refuse catégoriquement tout marchandage avec les parents accompagnés de leurs enfants en bas âge. Espérons que les citoyens prennent un peu plus au sérieux ces règles préventives de lutte contre la propagation du covid-19, en se dotant de masques de protection pour les porter dans les espaces publics, quitte à les fabriquer soi-même à la maison, pour réduire à zéro le risque de contamination lié à la manipulation du tissu, et en laissant les enfants à la maison quand ils vont s'approvisionner dans les marchés ou les commerces.