Les députés vontils joindre la parole à l'acte et rejeter la proposition de la hausse des prix des carburants, contenue dans le projet de loi de finances complémentaire (PLFC) pour l'exercice 2020 ? C'est dans leurs prérogatives de le faire, sinon à quoi aurait servi la mise en garde des membres de la Commission des finances et du budget de l'Assemblée populaire nationale (APN) contre les retombées socio-économiques de la hausse des prix des carburants ? Le rôle essentiel des députés est de légiférer après étude des textes de loi soumis à l'Assemblée, et selon leur appréciation, la hausse des prix des carburants provoquerait un effet boule de neige qui toucherait in fine, fatalement, le pouvoir d'achat à travers ses répercussions sur les charges de la production industrielle, des agriculteurs et du transport public, voire une hausse généralisée des prix de la quasi-totalité des produits. Tant il est vrai que la hausse des prix des carburants ne se fera pas sentir au niveau de la pompe seulement par les particuliers automobilistes qui passeront faire le plein, ce qui n'est pas une mince affaire en soi, mais cette augmentation aura des conséquences inévitables sur de nombreux secteurs, impliquant des dépenses rédhibitoires pour la majorité des Algériens. Les effets néfastes sur les dépenses des ménages vont se faire sentir quelques semaines après cette hausse, au niveau des services et des produits, notamment les tarifs de transport et de la logistique en général, où les charges d'exploitation sont liées à 50% aux prix des carburants. Ce n'est pas nouveau, les augmentations sur ce registre n'ont jamais été accueillies par les applaudissements des citoyens, et les professionnels du transport ont toujours été les premiers à revendiquer une hausse « logique » des tarifs de leurs services. Le gouvernement, qui doit être prévoyant et bien imprégné de cette suite malheureuse, avant qu'on vienne le mettre en garde contre cette disposition, n'a certainement pas décidé d'augmenter les prix des carburants de toute gaieté de cœur. Il est clair que c'est par contrainte budgétaire imparable que cette hausse a été introduite dans le PLFC pour l'exercice 2020. Et les mises en garde des députés sur ce chapitre ne peuvent rien changer à la donne. Les députés ont devant eux trois options, soit l'approbation, l'opposition ou l'introduction d'amendement sur le texte de loi proposé. Si le texte de loi en question est approuvé, rendant effective la hausse des prix des carburants, les mises en garde des députés, qui ont salué d'autres textes contenus dans la PLFC, non sans diminuer de leur impact positif quand ils sont associés à la hausse des carburants, dont la revalorisation du Salaire national minimum garanti (SNMG) à 20.000 DA et l'exonération des salaires inférieurs ou équivalents à 30.000 DA de l'Impôt sur le revenu global (IRG), n'auraient fait que chercher la complaisance des citoyens et mettre toute la responsabilité des suites à essuyer sur le gouvernement. Et si on lui trouve des circonstances atténuantes, dont le contexte économique difficile qui cautionnerait la démarche du gouvernement, il y a lieu de l'approuver sans trop de critiques démagogiques. Le mieux ne serait-il pas d'appeler tout le monde à accepter d'une manière solidaire un fait accompli... de contrainte ?