Alors que le nombre de cas confirmés est descendu juste au-dessus de 100 jeudi à 17 h après une tendance baissière qui s'est maintenue durant près d'une semaine, les décès sont restés en nombre constant, mais peu élevés. Devant cette maîtrise annoncée de la pandémie, le gouvernement avait déclaré que des mesures d'allègement allaient être prises et, jeudi, le Premier ministère a annoncé, non pas une levée de confinement, mais des autorisations d'ouverture pour de nombreux commerces et services. La décision a été accueillie avec soulagement par les citoyens et les commerçants qui n'en pouvaient plus de ces fermetures, nécessaires certes, mais très contraignantes, mais a suscité aussi des interrogations et une levée de boucliers de la part, surtout, des commerçants en habillements et en chaussures, via les réseaux sociaux et même lors des discussions très animées durant la soirée, n'en déplaise au confinement à partir de 17h. En effet, considèrent-ils, si pour les cafés et les restaurants, le maintien de la fermeture est compréhensible par le fait qu'ils contribuent à rassembler trop de personnes dans un même endroit et constituent donc un risque de propagation du virus, ce n'est pas le cas pour les magasins de vêtements et ceux de chaussures. « C'est de l'injustice, nos locaux sont moins propices à la propagation du virus que les pâtisseries, par exemple, et on ne nous permet pas encore d'ouvrir », « ce n'est pas normal, de nombreux vendeurs qui ont bravé l'interdit commercialisent des vêtements au dehors, avec des étals de fortune, sans observer la moindre mesure de distanciation sanitaire, de port de masque de protection ou d'utilisation de gel », ont-ils déclaré. Ali, un jeune commerçant en vêtements, déclare en colère : « Je suis marié, père de deux enfants, les 10.000 DA d'aide dont on parle ne nous sont pas parvenus, j'ai vécu trois mois de calvaire, j'ai emprunté à droite et à gauche et, lorsque j'ai cru que tout cela était terminé et que je pouvais rouvrir mon magasin, on nous oublie ! Pourquoi laissent-ils ceux qui ne paient ni impôts, ni loyer, ni charges et qui occupent les trottoirs et les places publiques vendre leurs marchandises, les mêmes que les nôtres, et on nous oblige à fermer ? C'est de l'injustice et j'ouvrirai mon magasin, coûte que coûte ». Nombreux sont ceux qui n'ont pas compris que le cordonnier, qui touche à des souliers déjà utilisés, pouvant avoir été contaminés par la salive ou par tout autre dépôt, soit autorisé à travailler alors que le marchand de chaussures neuves ne le soit pas, « c'est insensé », affirment-ils. Le bulletin du Premier ministère a quand même noté que les mesures sont flexibles -dans les deux sens ?- et qu'il y a des commerces qui pourraient être autorisés à rouvrir, mais les concernés ne comprennent pas en quoi la vente de vêtements peut augmenter la propagation du virus, et pas les pâtisseries et tous les autres commerces. Couvre-feu ? Si, au début de l'instauration du confinement, mesure inconnue chez nous sauf sous l'appellation de couvre-feu durant la décennie noire, les gens ont quand même répondu positivement, par peur de la maladie encore inconnue, des services de sécurité qui sillonnaient les rues et les quartiers en obligeant les citoyens à rentrer chez eux de manière polie, il n'en est pas de même actuellement. Lorsque le confinement à domicile était obligatoire de 14h à 7h le lendemain pour la wilaya de Blida, les magasins d'alimentation générale ne fermaient qu'à 15h ou 16h alors que maintenant que le confinement est de 17h à 7h le lendemain, ils ne baissent rideau qu'à partir de 19h, les services de sécurité n'intervenant même pas pour les obliger à fermer, sauf quand cela dépasse le raisonnable. Mais pour l'ensemble des citoyens, il n'y a pratiquement plus de confinement puisque les véhicules et les motos circulent de jour comme de nuit, les piétons se déplacent d'un quartier à un autre à toute heure, il y a même des gens qui emmènent leurs enfants avec eux pour rendre visite à des parents, sans aucune précaution, et à des heures tardives de la nuit. Nous ne parlons pas des discussions animées au bas des cages d'escalier qui rassemblent près d'une vingtaine de personnes, dans une promiscuité qui en dit long sur l'inconscience collective qui les anime. D'autres, sous le prétexte d'oublier un peu la situation actuelle, se dirigent vers les montagnes toutes proches, vers les retenues d'eau pour se reposer, mais ils le font à des moments après le début du confinement et, au fil des jours, ce sont de véritables foules que nous rencontrons en ces lieux, qui n'observent aucune précaution, qui oublient peut-être que le danger les guette. Les férus des marches et du vélo attendent 17h pour sortir de chez eux et aller pratiquer leur sport favori en dehors de la ville et ne rentrent qu'une fois la nuit tombée. Au niveau des places publiques, à proximité des marchés fermés, dans les cités, au bord des routes, c'est presque toute la journée qu'il y a foule, les étals sont bien achalandés, les clients nombreux et les précautions oubliées. Il nous faudra encore beaucoup à apprendre pour faire la part des choses et obéir aux recommandations des pouvoirs publics.