Pour faire face à la pression due à la saturation dans les services Covid-19, le président du Syndicat national des Praticiens spécialistes de la santé (SNPSSP), Dr Mohamed Yousfi, appelle en renfort le personnel médical et paramédical (généralistes, spécialistes et infirmiers), voire, l'ensemble des intervenants dans le corps médical. En tant que Chef de service des Maladies infectieuses à l'hôpital de Boufarik, il atteste que la prise en charge d'un patient atteint du Covid-19 n'exige pas une spécialisation pointue. Et d'affirmer qu'aujourd'hui, les services d'infectiologie sont au bord de l'effondrement après plus de 5 mois de résistance. Il a précisé que son service compte 12 infectiologues, et plusieurs d'entre eux ont été ou sont infectés du coronavirus, compliquant la tâche des équipes qui sont au front. Sachant que les Services des Maladies infectieuses de Boufarik ne comptent pas dans ses rangs des médecins résidents, contrairement aux CHUs, pourtant ça relève bien du secteur de santé public, sans parler de l'épuisement et du stress qui ont gagné ceux qui sont sur le terrain depuis, exactement, 5 mois. Ces derniers continuent à résister en poursuivant leur combat, en dépit de l'augmentation inquiétante des cas enregistrés. Pour Dr Yousfi, on ne peut pas parler de manque de personnel, et de saturation dans les structures hospitalières, étant donné qu'on n'a pas exploité toutes les capacités qu'elles soient humaines ou matérielles, notamment, dans le secteur public et particulièrement dans les Centres hospitalo-universiaires. Nous rappelons les déclarations des responsables du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, qui avaient affirmé que l'exploitation du nombre de lits, notamment à Alger, n'était qu'autour de 20 %. C'est-à-dire ceux consacrés, exclusivement à la prise en charge des cas de Covid-19. Pourtant, il a été demandé aux chefs des établissements sanitaires de consacrer jusqu'à 60% des capacités d'accueil pour le Covid-19, laissant les 40 % restants aux urgences, à l'issue des réunions récentes ayant regroupé les responsables du ministère de la Santé, les directeurs centraux, les chefs d'établissements ainsi que les walis. Justement, certains ont évoqué, par le biais des médias, la réticence de certains chefs de service des hôpitaux, qui ont refusé d'ouvrir des salles aux patients atteints du coronavirus. Un état de fait qui a fait réagir le Chef de l'Etat lui-même, le 09 juillet dernier, précisant que sur les 5.700 lits que totalisent les 15 hôpitaux, 643 lits seulement ont été réservés aux malades du Covid-19. A Alger comme à Blida, il reste encore des services qui n'ont pas été retenus pour la prise en charge des malades de Covid-19, en dépit de la saturation de l'hôpital de Boufarik, notamment , en matière d'accueil de patients infectés et qui nécessitent une prise en charge dans les structures hospitalières. Ce qui explique le fait que beaucoup de malades se dirigent vers l'EPH de Boufarik. Sachant que ce dernier ne dispose que de 135 lits d'hospitalisations dont 75 sont réservés exclusivement aux cas suspects. Le chef de service des Maladies infectieuses dudit hôpital, le Dr Yousfi, n'a pas cessé d'alerter, en affirmant, que depuis « le 20 mai dernier, les 135 lits, sont constamment occupés », ajoutant que « ce qui nous pousse parfois à réorienter des malades vers d'autres structures limitrophes » Dr Yousfi dit comprendre la réaction et la réticente de certains médecins, infirmiers ou chefs de service, au début de l'épidémie, due peut-être à la « peur », mais dit-t-il aujourd'hui le contexte a changé. « On est dans une situation exceptionnelle et grave, on est en situation de guerre, on doit s'organiser et s'entraider pour permettre aux équipes qui ont été au front, depuis le début de la pandémie, de reprendre leur souffle». Pointant du doigt, ceux qui fuient et qui refusent de travailler en ces moments de crise que traverse notre pays, au même titre que d'autres pays dans le monde.