Au moment où tous les regards sont braqués sur le protocole sanitaire et sur les plans «exceptionnels» adoptés pour la prochaine rentrée scolaire, prévue le 21 octobre, des milliers d'enfants handicapés attendent, désespérément, qu'on leur ouvre les portes. Désarmés, les parents des enfants souffrant d'un handicap font circuler, par les biais des Associations, des pétitions afin de récolter le maximum de signatures pour défendre leur cause, plutôt leur droit d'inscrire leurs enfants dans les écoles au même titre que les autres. Les initiateurs de ces pétitions exigent une inclusion scolaire pour les enfants handicapés, notamment les autistes. «L'idée de placer des autistes dans des structures ou des centres pour handicapés est scientifiquement dépassée», nous dira Mme Ouali Leila, présidente de l'Association nationale autisme Algérie. Elle explique que selon les spécialistes, inscrire les enfants autistes dans des pratiques éducatives avec des élèves de leur âge, au milieu scolaire peut susciter chez eux, le développement des habilités sociales et communicatives. A noter que trois organisations, à savoir : le groupe SOS Autisme Algérie, l'AACIA (Amicale algéro-canadienne pour l'inclusion de l'autisme), le Groupe de soutien pour les enfants autistes et leurs parents ont appelé, pour leur part, à la signature d'une pétition, pour l'inclusion scolaire des enfants souffrant d'autisme. Cette pétition, indique-t-on, sera destinée au ministère de l'Education nationale, pour trouver un écho favorable aux doléances des familles ayant des enfants qui souffrent de l'autisme. Les initiateurs de la pétition qui circulent depuis quelques jours sur la toile, précisent que «les enfants autistes en Algérie se voient refuser leur droit à l'inclusion scolaire sous diverses excuses». Et d'affirmer que «cette pétition vise à mettre les Autorités algériennes devant leurs responsabilités envers ces citoyens (enfants autistes et leurs parents) fragilisés et désarmés, face à l'indifférence de l'Administration». Ils ont rappelé que les conventions de l'UNESCO stipulent clairement et explicitement le droit de tous les enfants à la scolarisation. Et vu que la loi algérienne, à l'instar des lois internationales, garantit le droit des enfants autistes à la scolarisation, SOS Autisme Algérie sollicite l'intervention du ministère de l'Education. Les rédacteurs de la pétition affirment que «des milliers de familles algériennes qui comptent en leur sein un (ou des) enfant(s) autiste(s) sont incapables d'inclure leurs enfants dans le système scolaire algérien sous ses deux facettes publique et privée (à l'exception de quelques rares établissements privés)» et ce, bien évidemment pour ceux qui ont les moyens. Des parents qui se disent parfois victimes «de manipulation de la part des responsables des établissements scolaires et de la procrastination des services concernés par l'Education en Algérie». Les mêmes organisations ont appelé tout le monde à les rejoindre, en signant cette pétition dont l'objectif est de sensibiliser les Autorités compétentes à prendre tous les dispositifs susceptibles de réaliser ce droit comme assurer les éducateurs et (auxiliaires de vie scolaire) spécialisés et formés pour accompagner les enfants autistes dans leur parcours scolaire. «Un auxiliaire pour une personne autiste» L'Association nationale Autisme Algérie (ANAA) a mis le doigt sur le véritable problème, en lançant pour sa part une pétition pour recruter des auxiliaires, qui seront chargés d'accompagner les enfants autistes, en milieu scolaire. Les responsables de l'Association soulignent, à travers une pétition lancée depuis plus de 15 jours, que «l'inclusion scolaire et sociale des personnes autistes (enfants scolarisés, adolescents et jeunes en milieux spécialisés) dépend fortement de la présence d'un accompagnateur auprès de ces personnes». Et de préciser que «le droit constitutionnel pour une scolarisation et une insertion digne exige la mise à leur disposition d'aidants salariés à travers notamment la garantie en nombre important de postes pré-emploi ANEM, en attendant un statut permettant des postes de travail à la hauteur de leur mission». Sachant que certains enseignants se cachent derrière le subterfuge qu'ils ne peuvent répondre aux besoins des enfants scolarisés qui sont généralement en nombre important et répondre aux besoins spécifiques des enfants autistes. Donc, pour l'association, l'accompagnateur de l'autiste peut bien résoudre ce problème. Justement, le secrétaire général de l'Association ANAA, et président du bureau de l'Association de la wilaya de Bejaia, Fayçal Nait Bouda a affirmé que grâce à l'aide du mouvement association, qui est très actif à Bejaia, «nous avons environ 200 enfants autistes scolarisés, dans les écoles primaires dans la wilaya». Ces derniers sont suivis par leurs AVS (Auxiliaires de vie scolaire) ou ce qu'on appelle communément les accompagnateurs. Ces derniers sont recrutés, par le concours des Associations de la région, en attendant de débloquer les postes pré-emploi, au profit de ces auxiliaires, pour permettre à d'autres enfants autistes de rejoindre l'école. Il a indiqué que dans d'autres wilayas du pays, le nombre des enfants autistes scolarisés est très infime. Sur la page officiel du groupe : Les Handicapés algériens et leurs amis», il est écrit : «Stop à l'exclusion», en soulignant à l'occasion de la rentrée scolaire prévue le 21 octobre, pour les écoles primaires, que «plus de 76% d'enfants en situation de handicap, en Algérie, n'ont aucun niveau scolaire». Et de dénoncer le fait que «des centaines de milliers d'enfants atteints de paralysie cérébrale, de trisomie et d'autisme sont sans solution scolaire». Pour les initiateurs de ces pétitions l'exclusion scolaire exposerait les enfants handicapés à l'exclusion sociale, aux violences et aux discriminations. Or, tous les enfants, y compris les handicapés, ont droit à une éducation de qualité et gratuite, au même titre que leurs semblables.