La question des ruptures de médicaments en Algérie « n'est pas nouvelle », mais elle « n'a jamais atteint ce niveau », a déclaré hier sur les ondes de la radio Chaîne 1, Dr Messaoud Belambri, président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (SNAPO). Selon l'intervenant, quelque « 302 médicaments sont en rupture sur le marché, parmi lesquels des médicaments de base, dont certains sont importés et d'autres produits localement ». Si un ministère délégué à l'Industrie pharmaceutique, qui dispose des pleins pouvoirs pour « signer des programmes d'importation et de promotion de l'industrie locale », a été créé pour laisser espérer à une meilleure gestion du secteur, « ses résultats sont absents », indique l'intervenant. M. Belambri rappelle que les responsables ont affirmé, en septembre dernier, « qu'il n'y aura pas de pénurie de médicaments jusqu'à la fin de cette année, mais la réalité confirme le contraire ». Il rappelle également qu'en juin dernier, la liste des médicaments en ruptures était de 150. Depuis, « le nombre est donc passé au cours du mois de septembre à 250 et actuellement il atteint plus de 300 médicaments, et ces chiffres ne nous incitent pas à l'optimise, d'autant plus qu'ils sont susceptibles d'augmenter », dit-il encore. « Les mêmes déclarations ont fait état de la réduction, avant la fin de l'année en cours, de 500 millions de dollars de la facture d'importation des médicaments et les remplacer par des médicaments produits localement », rappelle également le président du SNAPO, notant que « rien » dans ces promesses « ne s'est produit », « en témoigne l'absence de nombreux médicaments sur le marché et qui n'ont pas été remplacés par des produits locaux ». Messaoud Belambri espère que « la réaction des autorités » sera « rapide et forte » pour « résoudre ce problème », car « les patients ne peuvent plus attendre pour se soigner ». Evoquant les raisons de ces pénuries, M. Belambri estime qu'elles sont dues au « problème de signature des programmes d'importation », affirmant que « depuis le transfert des compétences de l'industrie pharmaceutique, de la production locale, de l'importation et de la distribution de médicaments vers le ministère de l'Industrie pharmaceutique, des programmes complémentaires d'importation, signés entre juillet et août par le ministère de la Santé ont été annulés », dit-il. « Nous ne connaissons pas le sort de ces programmes d'importation, et c'est l'une des raisons qui ont contribué à la pénurie de médicaments », précise-t-il. Ajoutant que c'est « le manque de contrôle et de transparence et l'absence de numérisation du secteur qui ont joué un rôle dans l'aggravation de ce problème ». « Il ne suffit pas que l'Etat continue les programmes d'importation sans qu'il y ait un suivi au niveau des opérateurs, en les obligeant à respecter le programme et le calendrier de leur importation », a-t-il affirmé. Messaoud Belambri a aussi revendiqué la création d'une « cellule de vigilance pour mener des enquêtes de terrain afin de diagnostiquer le problème avec l'ensemble des opérateurs du médicament afin de trouver des solutions durables ». Des déclarations vont dans le même sens que celles tenues par le porte-parole du syndicat national des pharmaciens algériens agréés, Samir Ouali. Ce dernier avait affirmé il y a quelques jours qu'entre 200 à 300 médicaments sont déclarés en pénurie en Algérie. Il est même allé plus loin en pointant un doigt accusateur à l'adresse de certains distributeurs « qui font du chantage aux officines pharmaceutiques en leur imposant une vente concomitante de certains produits », appelant à leur « dénonciation publique », au même titre que « ceux qui stockent les médicaments pour provoquer une pénurie artificielle sur le marché », a-t-il dit.