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L'Algérie nouvelle, comportements en héritage (II)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 12 - 2020

L'Algérie nouvelle, loin d'être un slogan, c'est une laborieuse construction où le désuet est à bannir, à remplacer par l'efficient et l'efficace. L'Algérie nouvelle c'est une nouvelle vie et de nouvelles perspectives, c'est une nouvelle façon de se considérer et de considérer les autres, de se comporter, c'est tout cela et plus.
Nous avons dit que le nouveau en toute chose ne se fait pas avec du vieux, avec du suranné. Qu'en est-il des changements sociaux qui se font suite à un soulèvement populaire, à un ras-le-bol généralisé, à une prise de conscience assumée sur fond d'une symbiose déclarée entre le peuple et son armée. Des conditions de transformations quasi idéales pour y arriver. Tous les ingrédients semblent être disponibles, la volonté politique officiellement garante du Hirak déclare le soutenir et encore plus le considérer comme principal soutien dans le douloureux processus d'enfantement de cette nouvelle Algérie si désirée, si proche et pourtant si difficile à concrétiser au quotidien des Algériens.
Dans de nombreuses situations, les réflexes et les comportements sont figés, fonctionnant sur le même mode, rythme, configuration suivant la même mentalité que celle de la période décriée et jugée comme inconcevable. Les gens, outre le fait que le discours officiel a reconnu la légitimité du Hirak et les bouleversements opérés au niveau des hautes sphères du pouvoir, les changements du quotidien ne sont pas perceptibles ou du moins pas assez pour donner au mouvement du changement la concrétisation que les gens attendent. Il est connu que tout changement génère de la résistance, c'est naturel et prévisible, mais surmontable. En ce qui nous concerne, l'explication des difficultés entravant la concrétisation des réformes, la mise en place et en œuvre les attributs et manifestations de l'Algérie nouvelle ce sont les comportements qui consciemment ou inconsciemment nous continuons à déployer sans pouvoir s'en défaire sans soupçonner l'ampleur de leurs influences et conséquences négatives sur notre vie de chaque instant. Identifier ces comportements, comprendre leurs impacts néfastes pour les éliminer de notre quotidien est une urgence. Nombreux d'entre eux à tous les niveaux et responsabilités qui, par méconnaissance, par habitude, parce qu'ils agissent comme à l'accoutumée, causent des dégâts qu'ils ne peuvent même pas imaginer.
Ils sont de véritables tares, de véritables catastrophes à eux seuls sans le savoir. Identifier ces comportements est donc le point de départ du grand voyage du changement et de l'amélioration. La série d'articles intitulé « Algérie nouvelle comportements en héritage » essaye de lister ces comportement, de les exposer pour les rendre visibles et donc susceptibles d'être soumis au processus d'évaluation et d'amélioration. La démarche se veut être scientifique aucun autre objectif n'est à envisager ; les personnes ou structures concernées par les cas mentionnés ne sont pas citées pour un éventuel règlement de compte parce qu'on en a avec personne et encore une fois, aucune insinuation n'est à faire car nous ambitionnons l'amélioration de nos comportements et nous allons les disséquer ensemble sans volonté d'instrumentalisation à des fins partisanes.
Dans l'article précédent, nous avons évoqué deux phénomènes que nous devons prendre en considération. Le premier influence notre quotidien dans ses moindres détails, la bureaucratie qui nous asphyxie tous sans exception aucun. Nous réitérons l'appel à la lutte contre la bureaucratie car son existence est symptomatique de dysfonctionnement structurel et par conséquent interdisant tout effort ou volonté de changement et d'amélioration. Une question nous interpelle : Que faisons-nous pour affronter la déferlante bureaucratique ? Ne sommes-nous pas par les réflexes, comportements et pratiques que nous déployons, le terreau, l'écosystème de prédilections de la bureaucratie et nous nous en plaignons et désapprouvons au quotidien ?
Le deuxième point évoqué concerne le fait que nos pharmacies fonctionnent sans pharmaciens et ceci sans susciter le moindre souci, ni crainte. Le médicament n'est considéré que comme produit dont la manipulation peut être confiée à des personnes sans qualification particulière alors que L'Algérie a formé des spécialistes (pharmaciens) pendant un cursus de six ans en exigeant des mentions très bien et bien au Bac. Comprendre ce dysfonctionnement, résoudre cette situation est plus qu'urgent. Pourquoi reprendre cette problématique alors qu'elle a fait l'objet pratiquement d'un article qui lui a été quasi exclusivement dédié ? La réponse est dans la volonté d'attirer l'attention des instances en charge de gestion des médicaments, qui semblent ou du moins donner l'impression que la préoccupation majeure est de se défendre et de ne surtout pas s'imputer les dysfonctionnements.
La déclaration reprise par tous les organes de presse ou presque d'une des autorités en charge de la gestion des médicaments relative à la rectification du chiffre des médicaments qui manquent, le communiqué parlait d'une centaine alors que le chiffre qui circulait faisait état de trois cents. Il est certes utile, évident et clair que la mise en point s'impose, mais est-elle suffisante ? Savoir que le manque n'est que de cent n'est-il pas un scandale en soi ? Nous réitérons la question relative à l'existence de pharmacies sans pharmaciens, car c'est plus qu'urgent, c'est une question de santé publique, d'un dysfonctionnement potentiellement dangereux. Pourrons-nous accepter l'existence d'un cabinet médical sans médecin ? Pourrons-nous confier son fonctionnement à l'assistant(e) chargé(e) de la réception qui avec l'expérience et le fait de côtoyer le médecin peut se substituer à lui ? Il est certes impossible de le concevoir. Pourrons-nous envisager le fonctionnement d'étude d'avocat, de notaire ou d'huissier par un clerc ? Il est évidemment clair que la réponse est négative. Les exemples sont nombreux et la réponse est toujours la même, l'exception semble être l'officine pharmaceutique qui contre toute logique, déontologie et éthique fonctionne et généralement 24H/24H 7J/7J. Si la précision d'un chiffre a motivé la mise en point de ce représentant de l'exécutif, il serait plus opportun que la présente préoccupation fasse également partie de ses préoccupations et qu'il l'inscrive dans son agenda comme priorité.
Parallèlement à ces deux points, nous allons également nous intéresser à ce que nous jugeons d'intérêt capital à prendre en considération, à signaler pour pouvoir les analyser dans l'optique de trouver les voies et moyens d'améliorer notre quotidien, de bâtir l'Algérie nouvelle, d'être pragmatique et opérationnel. Notre démarche est encore une fois à signaler nullement inscrite dans la dénonciation et la stigmatisation, nous signalons les dysfonctionnements ou sources de dysfonctionnements. Nous ne nous réclamons d'aucune obédience que celle qui nous permet de faire de notre vie un quotidien apaisé, aseptisé des considérations politiciennes à la solde de projets occultes ou prêtant à confusions. Nous évoquons la question des droits de l'homme, de son usage et de son instrumentalisation. Chaque 10 décembre, le monde fête l'anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme que personne ne peut remettre en cause, que tous veulent se l'accaparer et qui avec le temps est devenue une véritable épée de Damoclès que les puissants exhibent en soumettant les Etats à un ignoble chantage. Les Droits de l'homme sont devenus l'un des meilleurs moyens d'ingérence et de pression.
Les organisations internationales, gouvernementales ou non, d'une façon ou d'une autre, directement ou indirectement, en continu ou suivant des conjonctures et rapports de force, s'efforcent à impliquer les pays dans des scandales pour les affaiblir. Certains diront pourquoi incriminer les associations, pourquoi les soupçonner de malveillance et leur prêter mauvaise foi ? La réponse est dans l'usage systématiquement sélectif et ciblé des rapports et les calendriers qui dans de nombreuses situations posent la question du timing et de l'opportunité. On est en droit de se questionner sur le silence de ces organisations et instances internationales en ce qui concerne la situation des Droits de l'homme en Palestine à titre d'exemple. Personne n'est dupe, présenter Israël comme Etat démocratique, l'encenser et surtout l'épargner de tout reproche est une supercherie et une mystification sans le moindre doute et confirme le caractère de ces instances foncièrement non objectif et leurs essences inféodées aux agendas et intérêts occultes des puissants qui peuvent se permettre la mainmise et l'orientation par instances et structures interposées.
Le jeu est limpide, les règles définies, les dés sont jetés, reste à trouver sa marque et à tirer profit des situations. La lecture exhaustive de l'environnement et la compréhension des enjeux permettent la performance de l'action et la garantie de la survie. Les organisations et instances internationales, abstraction faite de leurs attentions, desseins et objectifs, doivent comprendre qu'elles ne trouveront aucun écho à leurs affirmations, déclarations, allégations et que leurs résolutions n'ont de valeur et de sens que celle qu'une opinion peut contenir et n'engageant que l'entité qui l'a émise. Ces « honorables instances » en s'instrumentalisant ont perdu leur crédibilité et par conséquent se doivent être considérées comme telles. En agissant de la sorte, nous contribuons à libérer nos gouvernements de l'ignoble chantage auquel ils sont soumis, l'épreuve de passage de réussite à l'examen des Droits de l'homme conçue et corrigée par les puissants, n'est plus obligatoire, son coefficient n'est plus prépondérant, ni déterminant car sans écho ni audience auprès des peuples conscients de la supercherie et convaincus que toute l'opération n'est que fumisterie et manœuvres à la solde d'intérêts occultes.
Maintenant que l'aspect potentiellement dangereux des instances internationales réclamant la défense des Droits de l'homme est mis en évidence, le danger de s'y fier aveuglément est signalé, il est d'intérêt capital de ne pas les diaboliser de façon systématique, de toujours les considérer comme néfastes et travaillant pour des intérêts occultes. Entre s'éviter l'entière influence et l'extrême vigilance, nous devons en toute conscience et connaissance de cause interagir avec ces instances dans le respect mutuel et les régler de bienveillance. N'acceptons rien sans conscience et ne jetons pas le bébé avec l'eau de douche.
Parallèlement à cette prise de conscience, de veille et d'ouverture à l'autre sans complexe, nous devons nous prémunir de nous-mêmes, nous prendre en charge, compter sur nous-mêmes, nous écouter, nous évaluer et nous donner la possibilité de reconnaître nos égarements et erreurs. Si un problème quelconque est bien réel, le nier ne l'annule pas, il s'additionne aux autres qui finirons par créer le goulot d'étranglement dont la gestion se complexifie à mesure que le nombre de problèmes occultés augmente. Affronter la réalité, régler les situations conflictuelles, trouver les solutions sans procrastination, ni fuite ou encore plus grave mensongères dans l'espoir de se libérer de la situation, mais qui en réalité ne peut que revenir avec plus de difficulté, est suicidaire et très onéreux. Se mentir, nier l'existence, faire de la fuite une tactique de sortie de crise est contre-productif voire très dangereux et cette réalité est encore plus prégnante en ce qui concerne la problématique des Droits de l'homme. Ne pas s'en inquiéter, ne pas les prendre en considération, laisser le sentiment d'opacité prévaloir et la non visibilité prendre de l'ampleur, ouvre ouvertement la porte à l'exploitation partisane, à l'exagération, au dénigrement et aux reproches, qui deviendrons légitimes.
Les Droits de l'homme ne doivent être ni ce totem qui nous permet de se hisser sur le podium de l'approbation et se congratuler béatement, se donner des airs de bienfaiteurs et de magnanimes gouvernants que nous devons adorer et surtout supporter ; et également ils ne doivent pas être ce tabou, qu'on doit reléguer, oublier, occulter, voire bafouer car sources de désordre et de déstabilisation.
Les Droits de l'homme doivent être le cadre, le fond, l'essentiel et l'accessoire de tout travail de dirigeant, ne pas s'en occuper freine et annihile tous les efforts et ouvre le chemin à l'ingérence étrangère foncièrement malveillante et à l'intervention des maîtres chanteurs qui, sous prétexte de défendre les Droits de l'homme, œuvrent à la réalisation de leurs propres objectifs.
Libérons nos institutions, nos gouvernants de l'odieux chantage au nom des Droits de l'homme auquel ils sont soumis et charge à eux de préserver et de veiller au respect de nos droits en tant qu'hommes.
Equation salvatrice, pacte raisonnable et raisonné, alliance scellant le gouvernant et le gouverné dans la recherche de l'harmonie et la paix sociale, condition indispensable pour la construction de l'Algérie nouvelle.
*Pr


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