Il ne s'agit pas que de ce sac à dos déformé par son lest que les parents ne cessent de décrier par peur de le voir avoir raison de l'échine de leur progéniture. Prenez cinq à sept livres que vous additionnez au même nombre de cahiers, l'ardoise et la trousse touffue par tant de stylos, de crayons et autres ustensiles supposés être utiles au trousseau de l'écolier et vous avez une dizaine, voire plus de kilogrammes scotchés au dos de l'enfant qui est ainsi initié très tôt au métier de portefaix. C'est qu'il y a toute une batterie de matières dont le nom même est difficilement assimilable et chacune de ces disciplines ésotériques dispose d'un livre de théorie et un autre de pratique qu'il faut avoir, sans cesse, sur soi parce qu'il arrive fort souvent que plusieurs matières soient enseignées le même jour. Le livre de Tamazight, à lui seul, est si pesant que la matière est vite délaissée et exécrée quand même les enseignants ne savent pas s'il faut aller de droite à gauche ou de gauche à droite et utiliser le tifinagh, le caractère arabe ou le script latin d'où la lourdeur du livre qui renferme ainsi trois livres au lieu d'un, trois en un en somme. Le nombre de matières enseignées et la quantité de devoirs à la maison que se tapent les écoliers encombrent et confondent parents et enfants et gare à ceux qui rechignent à la tâche même si le comment, le quoi et le pourquoi du DNS (devoir non surveillé) ne sont compris ni par les élèves ni par leurs parents et dans bien de cas par les enseignants eux-mêmes. C'est donc un tas de livres et de cahiers que l'écolier trimbale sur son dos l'année durant, qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, à pied et souvent forcé d'enjamber les flaques d'eau ou de patauger dans la boue. Si le ramassage scolaire s'est plus ou moins raréfie, les casiers où sont censés être rangés les livres ne sont visibles que dans les films américains où l'on voit toujours les grands couloirs des établissements bordés de chaque côté par de rangées de casiers. Les écoles pas les leurs, sont souvent vétustes et décrépités laissant l'eau pluviale inonder les salles et la cantine où l'on sert toujours des repas maigres et froids dont l'existence même dépend de la bonne santé de la commune et de sa bonne gouvernance. C'est elle qui fournit pitance et équipement et perdue qu'elle est entre le manque de moyens et les innombrables cas de gabegie, la commune traîne l'école primaire comme une tare. Parant au plus pressé, les Associations de parents d'élèves sont amenées à réparer une fenêtre par ci, un tableau ou une fuite d'eau par là, sans que le replâtrage ne prenne fin. Des bénévoles prêtent main forte pour donner de la couleur à ladite école en érigeant des bordées de fleurs ou en peignant les murs. Faute de moyens de récupération et d'aires de jeux, les enfants donnent l'air d'avoir ravalé l'enthousiasme et l'innocence propres à leur âge, mais sont toujours ravis de voir la neige les bloquer à la maison mais aussi et surtout l'arrivée de vacances qui les délestent d'un double fardeau, celui du sac à dos et tout le reste bien entendu.