Plus de 300 médicaments sont déclarés en rupture de stock depuis plusieurs mois, comme déclaré fin novembre dernier, par le porte-parole officiel du Syndicat national des Pharmaciens algériens agréés, Samir Ouali, citant l'exemple du « Lovenox », qui entre dans le protocole de traitement contre le Covid-19. Des distributeurs ont même été pointés du doigt, pour être à l'origine des ruptures récurrentes des médicaments essentiels dans les officines du pays. Et pour éviter à l'avenir les ruptures de stocks de médicaments, l'Observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, muni d'une plateforme numérique permettant le suivi en temps réel des stocks en rupture ou sous tension, sera mis en place aujourd'hui (mardi), a indiqué hier lundi, le président de l'Ordre national des pharmaciens, le docteur Abdelkrim Touahria. Ce dernier a expliqué que cet observatoire aura pour objectif « d'avoir une visibilité en temps réel sur la liste des médicaments en rupture totale des stocks ou sous tension à travers une plateforme numérique qui sera renseignée de façon régulière par toutes les parties concernées (producteurs, importateurs, distributeurs, pharmaciens d'officine et hospitaliers)», a-t-il indiqué. Selon le président de l'Ordre national des pharmaciens, il s'agit également de faire « des propositions sur les solutions et les mesures adéquates afin d'assurer la disponibilité permanente des produits pharmaceutiques notamment les médicaments essentiels dans le cadre de la stratégie mise en place par le ministère de l'Industrie pharmaceutique », a-t-il affirmé. Toujours selon le Dr Abdelkrim Touahria, cette stratégie « vise à prévenir les ruptures et les difficultés d'approvisionnement en veillant sur la traçabilité du circuit du médicament depuis sa production ou son importation jusqu'au malade et éviter ainsi les problèmes de surstock, de rétention et de vente concomitante qui est une pratique anti-déontologique», a-t-il encore expliqué. « L'établissement de la liste des médicaments essentiels pour une meilleure prise en charge du citoyen notamment les pathologies lourdes (maladies chroniques, cancers,...) ainsi qu'une meilleure régulation pour une meilleure maîtrise et une meilleure gestion de ce secteur », constitue l'autre mission de l'observatoire national, selon M. Touahria. « Les ruptures d'approvisionnement sont une réalité qui date depuis plusieurs décennies et qui n'est pas propre à l'Algérie », a souligné le président de l'Ordre des pharmaciens, ajoutant que « les causes sont diverses et multiples, notamment les problèmes structurels tels que l'absence de visibilité sur les stocks existants et l'absence de statistiques de consommation », a-t-il indiqué. Enumérant d'autres causes à l'origine de la rupture de stocks de certains médicaments, Abdelkrim Touahria a cité « l'absence de coordination entre prescripteurs et dispensateurs, l'absence de visibilité sur la liste des produits en rupture, sous tension ou en difficulté d'approvisionnement et une utilisation non rationnelle des prescripteurs ou des citoyens », a-t-il soutenu. Autant de rasions à l'origine de la création de l'observatoire national de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, « dans le cadre d'une stratégie mise en place par le ministère de l'Industrie pharmaceutique en collaboration avec toutes les parties concernées, à savoir l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, les producteurs, les distributeurs, les syndicats, les fédérations, les associations et les Ordres (médecins et pharmaciens)», a-t-il indiqué. A rappeler que le directeur général de l'Agence nationale du médicament (ANM), Kamel Mansouri, avait assuré, fin 2020, que la disponibilité des médicaments en rupture d'approvisionnement au niveau du marché algérien allait connaitre une « nette amélioration » dès la fin du mois de janvier 2021. Tout en reconnaissant que le marché local du médicament a connu des ruptures de près de 100 médicaments ces derniers mois, M. Mansouri avait déclaré que la mise en place de l'observatoire de veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques « allait contribuer à régler le problème des ruptures ».