Le vol des tampons de regards d'égout ne cesse de prendre de l'ampleur au niveau de plusieurs quartiers de la ville. C'est le cas au niveau du quartier de Yaghmoracen dans le secteur urbain El Othmania, où, dans certaines ruelles, des tampons ont disparu. Pour parer à d'éventuels accidents, les citoyens ont dû improviser pour tenter de colmater les bouches d'égout par la pose de pneus usagés ou des planches en bois et parfois des bacs à ordures. A Oran, chaque mois, entre 10 à 15 tampons disparaissent de nos rues, soit presque 200 tampons par an, causant des préjudices financiers à la collectivité estimés entre 150 et 200 millions de centimes. Ce sont là les statistiques officielles de la commune d'Oran. Le préjudice est davantage plus grand si l'on tient compte des vols commis régulièrement dans l'ensemble des communes de la wilaya. Pourtant, il ne s'agit pas d'un fait nouveau puisque les premiers vols datent de plusieurs années. Très prisés pour leur valeur marchande, les tampons en fer ou en fonte de marque «Ducros» ont presque disparu des bouches d'égout, devenus de véritables pièges pour les automobilistes et les piétons. Ce commerce juteux, qui profite aux petits revendeurs mais aussi et surtout aux receleurs et leurs relais, ne semble pas inquiéter outre mesure les responsables concernés à tous les niveaux. Sinon, comment expliquer qu'un phénomène qui s'inscrit dans la durée ne fasse pas l'objet d'une attention particulière de la part des responsables, partant du constat que le circuit par où transite «cette marchandise» est connu par tout le monde. «Ces tampons de bouches d'égout atterrissent généralement dans les grands marchés de la ferraille, à l'image de celui de Chteibo», affirment de nombreux habitants. C'est dire qu'il ne s'agit nullement d'un secret et que des dispositions peuvent être prises en aval et en amont pour barrer la route à ce trafic. Les vols sont généralement commis de nuit ou avant le lever du jour, par des groupes de jeunes utilisant souvent des charrettes ou des hippomobiles pour transporter leur «butin». Outre la commune d'Oran, d'autres communes sont confrontées au même phénomène. Pour leur part, les responsables de la division de la voirie et de la circulation (DVC) de la commune d'Oran indiquent que la majeure partie des quartiers de la ville sont la cible des voleurs mais les quartiers les plus touchés sont ceux de Ibn Sina et Petit Lac. Pour éviter d'éventuels accidents, ce sont généralement les citoyens qui interviennent en posant de pneus usagés ou de fûts vides sur les bouches béantes pour attirer l'attention des automobilistes et des piétons. Contrairement aux services de la commune, conscients de l'énorme préjudice, les services de la SEOR ont pris les dispositions qui s'imposent en procédant à l'installation de tampons de regards et bouches d'égout qui n'ont curieusement pas été volés, justement parce qu'ils ne contiennent pas le fameux métal. Une initiative qui doit inciter les responsables de la commune à agir dans ce sens. Sur ce point précis, des sources proches de la DVC affirment que des séances de travail ont été tenues avec l'ensemble des services concernés et il a été décidé de recourir à l'installation de tampons spécialement conçus et impossibles à arracher. Les tampons volés et ceux en fer toujours en place seront remplacés au fur et à mesure. En attendant, ceux qui s'enrichissent de ce commerce n'hésiteront pas de dégarnir toutes les artères et coins de rue des tampons encore en place. Pour les responsables de la commune, le citoyen a aussi une part de responsabilité. «Il s'agit aussi d'une question de civisme. Le citoyen doit s'impliquer totalement et intervenir lorsqu'il constate un vol, en avertissant les services de police», indiquent nos interlocuteurs.