Dans toute sa diversité, la classe politique algérienne a unanimement condamné, hier, la dernière sortie de la représentation marocaine à New York, qui dans une note officielle distribuée aux membres du Mouvement des non-alignés a exprimé publiquement et explicitement son soutien au projet autonomiste de la Kabylie. Une démarche qualifiée dans une première réaction du ministère des Affaires étrangères algérien de «dérive particulièrement dangereuse, y compris pour le Royaume du Maroc lui-même dans ses frontières internationalement reconnues». Pour l'ancien diplomate algérien Abdelaziz Rahabi, «l'appel du Maroc à la sédition en Algérie ne relève pas d'un simple acte diplomatique mais d'une action hostile à son unité et une escalade programmée dans la stratégie de la tension permanente dans la région». Dans une réaction publiée sur son compte facebook, l'homme politique estime que «l'Algérie, peuple et Etat doivent réagir avec force et fermeté». Du côté des formations politiques, le Parti de la liberté et la justice (PLJ) a qualifié, hier, le document officiel distribué par la représentation marocaine aux pays membres du Mouvement des non-alignés dé «agression et d'acte terroriste» contre l'Algérie. Dans un communiqué sanctionnant une réunion de son Bureau national tenue la veille, le parti a expliqué que «la distribution par la représentation marocaine d'un document officiel aux pays membres du Mouvement des non-alignés sur un prétendu «droit du peuple kabyle à l'autodétermination» serait un acte terroriste et une agression éhontée exercée par le régime du Makhzen sioniste haineux envers l'Algérie, par procuration au nom de ses seigneurs». A ce propos, le PLJ invite l'Etat algérien à «prendre des positions fermes envers ce régime cancérigène». De son côté, le Mouvement El Bina s'est dit «profondément choqué» par la teneur de la note marocaine, qualifiant cette action de déclaration de guerre contre les enfants de l'Algérie. Dans un communiqué diffusé hier, le Mouvement «s'attend à une position ferme de la part des institutions de l'Etat habilitées à y riposter», avant d'affirmer que «le peuple algérien demeurera uni et indivisible, homogène et fusionné, et toute manœuvre entamant à l'unité de la patrie ou du peuple, et toute tentative désespérée visant son démembrement serait un dépassement, voire une déclaration de guerre contre les Algériens, et requiert une riposte urgente par l'Etat et ses institutions souveraines», a écrit le parti. «Pour ce faire, a-t-il plaidé, la situation exige de se mettre aux côtés des institutions, loin de tous calculs politiques, différences ou controverses», a soutenu le Mouvement, rappelant que «nous avons certes le droit de diverger autour des priorités au service des citoyens, mais nous n'avons nul droit de mettre sur la table nos différends lorsqu'il s'agit de la patrie ou de l'unité de ce peuple». Le devoir de conforter le front interne et la cohésion sociétale est désormais «plus qu'un simple devoir national dont l'atteinte est inculpable, c'est pourquoi nous devons laisser derrière nous nos dissemblances et querelles pour s'occuper d'un ennemi assaillant et guettant notre sécurité, voire l'unité du peuple et l'intégrité du territoire, c'est-à-dire l'héritage des martyrs», note le communiqué. Le Rassemblement national démocratique (RND) a quant à lui dénoncé un acte qui «dénote clairement le soutien actuel du Maroc à un groupe terroriste connu et met à nu le plan caché derrière la normalisation des relations avec l'entité sioniste, dont le but est d'ébranler la stabilité de l'Algérie et de consacrer officiellement l'engagement du Royaume du Maroc dans une campagne hostile à l'Algérie». Dans un communiqué le RND souligne «l'amalgame fait entre une question de décolonisation reconnue par l'ONU et un complot ciblant l'unité de l'Algérie» qui, a-t-il estimé, est en contradiction flagrante avec le droit international et l'acte constitutif de l'Union africaine (UA). Quant au parti du Front de libération nationale (FLN), il soutiendra que la région de la Kabylie «est indissociable de l'Algérie, une et indivisible», avant de souligner que ces «manœuvres honteuses et provocatrices du Makhzen s'inscrivent dans la continuité de ses actes hostiles, multiformes et de longue date envers l'Algérie». Il est écrit dans son communiqué : «L'annonce du soutien du régime marocain, vassal et collabo du sionisme, à un mouvement terroriste et à une prétendue indépendance d'une région très chère du territoire national est une agression contre l'Algérie, une et indivisible, dont la moindre parcelle de terre s'est abreuvée du sang des chouhada». Il affirme dans ce même ordre d'idées que «le régime marocain, avec cet acte perfide, renforcera davantage l'attachement des Algériens à leur unité nationale».