Faut-il s'étonner devant cette affaire de cyber-espionnage à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, à l'aide d'un logiciel d'espionnage dénommé Pegasus', contre des responsables et d'autres citoyens algériens, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l'Homme, à travers le monde? Cela choquerait des pays amis du Maroc, comme la France, également concernée par cette affaire de cyber-espionnage révélée par des médias français, le mardi 20 juillet, qui ont annoncé dans leurs comptes-rendus qu'un numéro du chef de l'Etat Emmanuel Macron figurait « dans la liste des numéros sélectionnés par un service de sécurité de l'Etat marocain, utilisateur du logiciel espion Pegasus', pour un potentiel piratage », mais pas l'Algérie, qui a des preuves formelles à propos de l'hostilité de ce pays à son égard plus graves que ce spyware. Rien d'étonnant, donc, pour l'Algérie, sauf que cela appelle à une vigilance accrue en matière de cyber-sécurité, voire une riposte sur tous les fronts, face à ces attaques répétées contre la sécurité et la stabilité du pays. D'ailleurs, cela ressort clairement dans les positions adoptées par les deux pays, l'Algérie et la France, qui ont tous deux ouvert des enquêtes pour éclaircir cette affaire. La France estime, selon le porte-parole du gouvernement que « c'est une affaire qui, si ce qui a été révélé par un consortium de médias, est confirmé et avéré, est très grave », alors que l'Algérie a laissé entendre, selon le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger, qu'on se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l'ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine ». Si le mal est fait par ce logiciel espion, livré par Israël aux pays arabes « amis », contre lequel on ne peut que se prémunir davantage sur le plan de la lutte contre les cyber-attaques et le renforcement des protocoles de sécurité des moyens de communication sensibles, il ne serait pas vain de dévoiler au monde entier, avec les preuves nécessaires, les visées agressives du Maroc, afin de lui ôter toute possibilité de se présenter en tant que victime, un rôle qu'il a l'habitude de jouer, à tout bout de champ. Pourrait-on s'attendre dans cette optique à une quelconque coopération entre les pays ciblés par ce logiciel espion et trouver, ensemble, les voies et moyens des sanctions à mettre en œuvre ? Difficile à imaginer quand on sait que le cyber-espionnage est une pratique, très répandue dans le monde, qui reste encore très complexe à cerner avec des preuves concrètes. Mais, dans cette affaire précise, on pourrait ne pas avoir besoin d'aller chercher loin et trop longtemps les preuves qui incrimineraient le Maroc. Ce dernier pays a annoncé qu'il va attaquer en diffamation Amnesty et Forbidden Stories, à l'origine des révélations sur les clients de ce logiciel espion, devant le tribunal correctionnel de Paris. Un procès qui promet.