Des personnes atteintes par la Covid-19 en manque d'oxygène ne cessent de lancer des SOS à travers les réseaux sociaux. Les hôpitaux manquent cruellement d'oxygène nécessaire aux patients souffrant de détresse respiratoire aigüe. Les centres d'appel des associations, notamment celles de la défense du consommateur sont submergés d'appels : «les lignes téléphoniques de notre association n'arrêtent pas de sonner à la longueur de la journée, on reçoit des appels de personnes en détresse sollicitant notre aide pour l'acquisition de générateurs d'oxygène», nous dit-on. Hacene Menouar, Président de l'Association El Aman s'est dit «outré» par cette situation qu'il a qualifiée de catastrophique, «on est en train de perdre des vies faute d'oxygène et de place dans les hôpitaux», lancera-t-il avec amertume. Pour le Dr Menouar «il faut carrément engager une démarche de guerre contre ce virus qui devient de plus en plus virulent». L'association plaide pour la levée de toutes formes de contraintes douanières ou logistiques «pour l'importation en urgence de matériels et outils pour l'oxygénothérapie, une étape décisive pour éviter des pertes humaines, notamment pour les personnes infectées par la Covid-19 en détresse respiratoire. «Il faut en ce moment faciliter le travail aux opérateurs et faire appel à des avions cargos de la compagnie Air Algérie pour transporter le matériels», préconise-t-il. L'association exige l'envoie de commissions de contrôle dans les usines qui produisent l'oxygène à travers le pays, pour qu'elles augmentent leurs capacités de production et répondent aux besoins croissants en oxygène médical. Jugeant la situation critique, le président de l'association El Aman, sollicite l'intervention de l'armée ou de la gendarmerie nationales pour l'acheminement ou le transport des bouteilles d'Oxygène vers les hôpitaux pour éviter tout dérapage possible. Il a également plaidé au nom de son association pour l'utilisation des résidences universitaires comme espace pour accueillir des malades qui ne trouvent pas de place dans les hôpitaux. Le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), avait déjà soulevé la nécessité de créer des espaces accueillant les malades atteints de la Covid , à travers sa page Facebook. Il avait suggéré d'aménager des espaces en installant des milliers de lits, avec les équipements nécessaires, telles que des machines de surveillance médicale et d'oxygène, ainsi qu'un laboratoire de diagnostic et de suivi. Est-il nécessaire de créer de nouveaux espaces alors que le taux de saturation dans les hôpitaux et les structures sanitaires n'a pas encore atteint ses limites ? Le taux d'occupation dans les hôpitaux ne dépasse pas les 56% Le président de la République a appelé au cours du Conseil des ministres, tenu dimanche dernier, à l'optimisation de la gestion du stock et de production d'oxygène et l'adoption de la sérénité et du calme face à la forte affluence des patients lors des opérations de répartition de cette substance au niveau des services hospitaliers. D'autant plus dit-il, que le taux d'occupation n'excède pas les 56%. Le Dr Mustapha Zebdi, président de l'Association algérienne de protection et d'orientation du consommateur et de son environnement (Apoce), s'est dit, quant à lui, révolté par ce problème lié au manque d'oxygène et la saturation des hôpitaux. «Si l'occupation des hôpitaux n'excède pas les 56%, pourquoi des personnes atteintes du Covid-19, galèrent d'un hôpital à un autres pour trouver une place, dont certains en détresse respiratoire aigüe retournent chez eux faute de place, sans parler autant du risque de mortalité». Le président de l'APOCE ajoute «on reçoit plusieurs appels par téléphones et on reçoit des massages sur notre page Facebook, il y a ceux qui demandent des appareils pour l'oxygénothérapie, d'autres à la recherche de places en urgence dans des hôpitaux». Le Dr Zebdi a pointé du doigt le manque de coordination et d'interconnexion entre les directeurs de santé de wilayas et des directeurs d'hôpitaux «sinon comment expliquer le fait qu'on demande à certains malades d'aller chercher une place dans d'autres hôpitaux», dit-il. «Pour ce qui est de l'oxygène, certains disent que nous n'avons pas un problème de production, mais plutôt de distribution et de stockage. On n'est pas là pour chercher des justifications, mais on doit corriger les lacunes rapidement », dira notre interlocuteur en précisant «ce n'est pas au malade qui est déjà en détresse d'aller chercher une place ou une bouteille d'oxygène». Il conclut «on se retrouve encore une fois, en plein crise sanitaire, face à un problème de gestion et d'organisation, qui peut nous coûter cher». Enfin, les associations de consommateurs appellent les citoyens à la prudence et au respect des mesures barrières ainsi qu'à une adhésion aux campagnes de vaccination.