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Mostaganem, autrefois Cité pieuse aux quarante Marabouts: Mostaganem, hier Vassale d'une Oligarchie maffieuse
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 07 - 2021

«La seule chose qui permet au mal de triompher est l'inaction des hommes de bien.»
«Ces Hommes de bien», c'est d'abord et avant tout les enfants de la Cité, ceux qui conscients de leur rôle et de leur devoir sacré, sont censés participer avec une abnégation indéfectible à la bonne gouvernance de leur ville et la protéger contre toutes les menaces quelles que soient leur origines.
«Ces Hommes de bien» ce sont forcément ces élus que les enfants de la Cité choisissent avec lucidité afin qu'ils puissent défendre leurs intérêts et agir en permanence pour le bien de la ville. «Ces Hommes de Bien» sont enfin ces commis de l'Etat désignés au niveau des Collectivités territoriales pour œuvrer avec probité et intelligence dans le seul but de créer de la prospérité, de la Justice sociale, un environnement propice au développement économique et préserver une paix durable au sein de la Cité.
Lorsque ces trois forces cardinales s'avèrent défaillantes, démissionnaires ou /et compromises, la tragédie finira inéluctablement par survenir.
En septembre 2006, la présidente de Transparency International, Mme Huguette LABELLE invitée aux Débats d'El-Watan sur la corruption , dira :«Ce fléau alimente la pauvreté et la violence, détruit la fibre nationale de la société et transforme les valeurs saines en valeurs immorales. Son coût est tellement élevé qu'il est impossible de le quantifier.»
En 2012, L'ancien Garde des Sceaux, monsieur Mohamed Charfi, lors de son allocution à l'occasion de la cérémonie d'ouverture des travaux de la session ordinaire du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), prophétisant un futur qui existait déjà et allait s'amplifier de manière terriblement exponentielle, dira, en parlant de la corruption, que celle-ci «risque de gangrener le tissu social, de dénaturer l'effort d'édification de l'Etat de droit, de pervertir le fonctionnement de l'économie nationale, de ronger les liens des citoyens avec les représentants de l'Etat et pourrait même, s'il n'y est pas mis un frein, menacer les relations des citoyens entre eux et mettre ainsi en péril la paix sociale»
Des discours populistes et soporifiques de ce genre, on les entendra des centaines de fois et durant plusieurs décennies. La réalité ne cessera de démentir cette incurable logorrhée politique.
Le chouchou de Mostaganem , l'ex-wali Abdelwahid Temmar , vient de faire, ces dernières semaines, des révélations qui vont faire regretter à beaucoup de Mostaganemois, (notamment les ex-membres de l'exécutif de la wilaya, les ex-chevaliers de l'APW , les ex-députés qui ne devaient servir que leur ville, les notables..) d'avoir délibérément mis leur conscience en hibernation durant plusieurs années pendant qu'on dépeçait leur ville, leur dignité et leur patrimoine. L'exe-wali Abdelwahid Temmar était placé sous mandat de dépôt depuis le 6 février 2020. Son sort était entre les mains du juge de la 2e Chambre pénale du pôle financier et économique près le Tribunal de Sidi M'hamed, à Alger.
Achevée récemment, l'expertise judiciaire fera état de très graves révélations mais qui étaient au demeurant presque banales dans cette ancienne République bananière : «octroi d'indus privilèges à autrui en violation des dispositions législatives et réglementaires», «abus de fonction», «trafic d'influence», «changement de la vocation d'une terre agricole», «atteinte au domaine national et à l'état naturel de littoral, «dilapidation de deniers publics». J'ignore si la liste est exhaustive néanmoins c'est le réquisitoire classique que l'on retrouve invariablement lorsqu'on décide enfin , pour une raison ou pour une autre, de traîner devant les tribunaux ces grands commis de l'Etat, Enarques ou issus des plus grandes écoles supérieures algériennes, serviteurs zélés et véreux de gouvernement successifs pourris.
Mostaganem verra défiler plusieurs walis dont presque tous se trouvent actuellement sous les verrous, malheureux pensionnaires de Maisons d'Arrêt et d'Etablissement de Rééducation, lieux où l'on n'est censé trouver que de vulgaires voyous ou une jeunesse indigente, brisée et abimée par la misère, le désenchantement et la rancœur.
ZOUKH Abdelkader, ZERHOUNI Nouria, OUADHAH Hocine, TEMMAR Abdelwahid , (pour ne citer que ceux-là, car le cloaque est abyssal ) seront royalement accueillis par Mostaganem. Ils furent adoubés, encensés. Les courtisans et les larbins seront légion, et combien il est déplorable et scandaleux de constater que tous ceux qui étaient censés s'insurger ont, hélas, prêté allégeance à ce règne ostentatoirement maffieux où sont restés indifférents: élus et notables ainsi que l'ensemble des Médias inféodés au système. Nous sommes certains que ce phénomène de déliquescence politique avait submergé et gangréné toutes les wilayas du pays, mais cela ne doit, en aucun cas, nous exonérer de l'obligation de faire notre mea-culpa au sujet d'une gouvernance politique désastreuse qui avait asséché dans le cœur de beaucoup de personnes cette âme si noble qui faisait jadis la gloire de la ville. Je trouve mystérieux que cette ville légendaire par ses magnifiques résiliences face à l'asservissement soit brusquement devenue un lieu de concupiscence et de déliquescence morale et politique pendant une très longue période, un misérable «Port aux Butins», nom qui lui fut attribué jadis «Marsa El-Ganaïm», mais certainement pour des raisons moins viles. Je ne puis m'empêcher d'évoquer la célèbre chanson du poète Abdelkader Bentobdji, dans sa légendaire Qacida «Abdelkader ya Boualem» à travers laquelle il évoquera longuement tous ces Saints qui sont la fierté de Mostaganem, j'en citerais en l'occurrence un quatrain qui correspond aux circonstances:
«Ouin R'Djal Bladi Ouin Saïd El-Bouzidi Ouin Rabîîn Siyadi Mésmyin Rabîîn Chéchia»
La région du Dahra , fief de toutes les résistances , terre de spiritualité et de «Fiqh» connaîtra durant l'ère de ‘Fakhamatouhou' Bouteflika une déchéance morale qui me fait penser à l'époque des Tribus Makhzen, jadis , aves sous leurs pieds les «Tribus raya», asservies et domptées, sauf que dans un passé récent, c'était au Sultan Bouteflika que fût réservée cette voluptueuse allégeance , roitelet au passé douteux mais qui osera malgré tout clamer indécemment et avec rage : «Je suis l'Algérie toute entière». Mégalomaniaque, narcissique et férocement vindicatif mais aussi excessivement reconnaissant et généreux, avec les deniers publics, cela s'entend, au point de ruiner le pays et faire émerger un nouveau style de gouvernance qui ne tolérait que flagorneurs, eunuques ou péripatéticiennes.
Ce même Monarque qui dira, en 1999, lors de son intronisation, dans un discours qu'il tiendra à Rimini (Italie) : «Depuis que je suis au pouvoir, je suis arrivé à la conclusion que l'Etat algérien était bien pourri.» Il ajoutera «Je ne connais pas de pays au monde où la crise morale a débouché sur un si grand nombre de perversités et où l'Etat national a, à ce point vacillé.»
Certains diront que la solennelle indignation du président n'était qu'un énième truisme de mauvais goût, car cette pourriture proéminente qu'était la Corruption, consubstantielle au pouvoir, l'Algérie l'exhibait depuis déjà bien longtemps, sans vergogne, comme un furoncle que l'on ne pouvait plus subtiliser aux consciences meurtries et scandalisées.
Néanmoins, tout le monde pensait ou espérait que les choses allaient probablement changer. Ce qui arrivera par la suite demeurera pour très longtemps un grand mystère.
La déchéance morale atteindra son paroxysme lorsqu'on se mettra sans y avoir été obligé, lors de n'importe quelle commémoration, cérémonie ou meeting, à brandir religieusement le portrait de Bouteflika. On ira même jusqu'à défiler dans toutes les avenues du pays avec à la tête du cortège blasphématoire le portrait de ‘Fakhamatouhou', le président. Un jour fatalement, on décidera d'offrir à cette divinité ambulante un pauvre cheval complètement ahuri face au comportement de ces adorateurs du Veau d'Or. Certains oseront dire qu'il a été l'envoyé du ciel, genre de Messie ou d'Imam El-Mahdi ; lui qui n'était hier qu'un simple malotru en disgrâce, ce même prétendant qui avant même de s'accaparer du pouvoir avouera avec un mépris cinglant qu'il serait disposé à «abandonner le peuple algérien à sa médiocrité», si par malheur celui-ci accordera son allégeance à un autre prétendant. «Indignez-vous !» L'auteur de cette injonction et de ce cri de révolte était un vieillard de 93 ans. Stéphane Frédéric Hessel. Cette injonction est le titre d'un essai qu'il publiera en 2010.
L'Appel de cet ancien résistant octogénaire français était destiné à cette jeunesse, partout dans le monde, censée incarner les forces du changement et porter l'espoir d'un avenir moins lugubre.
Stéphane Hessel dira «Regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action citoyenne forte. Cherchez et vous trouverez. Dans ce monde, il y a des choses insupportables. Pour le voir, il faut bien regarder, chercher. Je dis aux jeunes: cherchez un peu, vous allez trouver. La pire des attitudes est l'indifférence, dire ‘Je n'y peux rien, je me débrouille.»
Quant à notre visionnaire et étrange Président Bouteflika , il devancera le résistant français, et mû par la même indignation et répugnance à l'égard de la frivolité et désinvolture de la jeunesse algérienne, intrigué par le comportement de son peuple asservi ; désarçonné par l'inqualifiable désintéressement des gens pour la chose publique, il dira «Ces citoyens qui ne réagissent pas, n'informent pas, ne dénoncent pas... seraient-ils aveugles ? Ces yeux du peuple, ces cœurs fermés et qui font comme si la gangrène qui dévore le pays n'est qu'une petite fièvre qui passerait avec une tisane.»
Mostaganem, perle de la Méditerranée , ville des mimosas , Forteresse autrefois jalousement protégée par une armada de Marabouts. Capitale du Dahra, théâtre de batailles épiques menées par les légendaires Tribus des «Maghraoua» et des «Médjahers», celles qui repoussèrent vaillamment les conquérants espagnols.
L'Histoire retiendra l'épopée de la Bataille de Mazagran qui se déroulera du 22 au 26 août 1858 et durant laquelle périra le conte d'Alcaudete, Gouverneur d'Oran à l'époque. Cette Bataille sera immortalisée par Sidi Lakhdar Benkhlouf dans sa célèbre Qaçida «Qassat Mazagrân»
Même la Tribu des «M'Hals» qui séjournera dans la région laissera pour la postérité ce formidable crédo qui témoigne de l'esprit rebelle de la région du Dahra, jalousement attaché à sa liberté et à sa dignité : «Nous n'appartenons ni au Cherif du Maroc ni au Roi de Tlémcen. Nous ne dépendons pas d'Alger (des Turcs). Nous sommes de braves guerriers.»
Le célèbre philosophe Spinoza dira que « La fin de l'Etat n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtes brutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté de toutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colère ou de ruse, pour qu'ils supportent sans malveillance les uns les autres. La fin de l'Etat est donc en réalité la liberté.»
Mostaganem a été pendant longtemps ( et le demeure jusqu'à aujourd'hui ), un grand carrefour d'érudition religieuse et culturelle, foyer des plus belles réalisations et événements artistiques qui ont eu pour objectif de diffuser et faire rayonner au delà du pays un grand savoir théologique, spirituel, humaniste, tolérant, éclectique. Cité d'Arts et de Culture où coexistent harmonieusement Soufisme et Arts majeurs.
Cité qui verra passer Zénètes, Hilaliens, Almoravides, Zyanides, Mérinides. Ancienne citadelle du Sultan Youssef Ibn Tachfin . Foyer par excellence de nombreuses zaouïas et confréries religieuses qui furent très actives sur tous les plans (Enseignement religieux, spiritualité, militantisme politique, dialogue inter-religieux …). La tarîqa Alawiyya de Mostaganem, confrérie soufie fondée en 1909 par le cheikh Ahmed al-Alawi (1869-1934) à Mostaganem. Branche de la confrérie Darqawiya, elle-même issue de la confrérie Shadiliya, réussira brillamment grâce à son aura internationale, à évoluer en étant proactive à l'égard des différentes mutations politiques, économiques, idéologiques, écologiques qui secouent le monde. C'est sous l'impulsion de la Confrérie et par l'intermédiaire du Cheikh Khaled Bentounes, Président d'honneur de AISA ( Association Internationale Soufie Alawiyya ) ONG Internationale que sera instituée , «La Journée Internationale du Vivre Ensemble en Paix» , adoptée le 8 décembre 2017 par l'Assemblée générale de l'ONU, à l'unanimité des 193 pays. L'ONG (AISA) est désormais partenaire officiellement accrédité par l'ONU et de son Conseil Economique et Social (ECOSOC) dans des domaines de compétences aussi variés que la Culture de Paix, l'Egalité des genres, le Développement social, l'Environnement, la Gouvernance mondiale, l'Ethique et la Spiritualité. Cette «Journée internationale du Vivre Ensemble en Paix» constitue un rappel à la précieuse réconciliation de la famille humaine.
Comment pourrait-on comprendre ou accepter qu'avec de telles énergies positives locales, il puisse y prospérer autant d'immoralité ? Devrait-on également accepter le fait que ces Confréries aient, elles aussi, succombé pendant l'ère de Bouteflika au chant des sirènes. Tout le monde se rappelle l'ineptie du président de l'Organisation nationale des Zaouïas , Abdelkader Bassine, lorsqu'il dira avec une indécence inouïe «C'est un péché (haram ) de ne pas soutenir Bouteflika» . Faut-il finalement admettre que ces Confréries s'étaient, comme tout le monde, impliquées (par lâcheté, indifférence ou totale compromission ) dans la tragédie qui frappera l'Algérie.
Et pourtant Mostaganem donnera au pays des hommes qui rentreront dans la légende pour leur inestimable contribution intellectuelle et artistique. Leur génie fécondera et enrichira au moment opportun un patrimoine culturel national en quête d'hommes talentueux et créatifs : On comptera Mohammed Khadda, (1930/1991), Un homme exceptionnel dont la vie sera parsemée d'embûches, ce qui ne l'empêchera nullement d'être actif sur tous les fronts (engagement politique, culturel, artistique). Peintre, sculpteur et graveur; considéré comme l'un des «fondateurs» de l'art plastique algérien contemporain, l'un des piliers de «l'Ecole des signes». Il a eu le mérite tout comme le dramaturge Ould-Abderrahmane Kaki, avec lequel il avait d'incalculables affinités, de travailler sur la réalité et le patrimoine culturel et civilisationnel algérien. Chacun militait dans le domaine en quoi il excellait le mieux. Parler de Mostaganem sans parler du Théâtre et de Ould-Abderrahmane Kaki serait commettre un affront impardonnable. Au-delà de son génie et de son talent, s'il m'était permis de résumer sa personnalité dans sa quête éperdue de liberté, de vérité, de justice, deux grands philosophes me viennent à l'esprit : Pour le premier je dirais Diogène de Sinope 413/323 A.J, pour son authenticité, son austérité presque offensante, son courage et son anti-conformisme. Quand le philosophe Aristippe dit un jour à Diogène : «Si tu apprenais à être soumis avec le roi, tu ne serais pas obligé de manger cette saloperie de lentilles». Diogène rétorquera : «Si tu avais appris à manger des lentilles, tu ne devrais pas aduler le roi».
Pour le second, j'opterai volontiers pour Sartre, en raison de certains principes au nom desquels Ould-Abderrahmane Kaki militera toute sa vie: Liberté, Action et Responsabilité. Le Théâtre, dira Ould-Abderrahmane Kaki, est une attitude, un engagement, politique et humaniste. Autrement dit, nul ne peut ni ne doit s'y dérober. Et c'est ce que Sartre prônait avant toute chose, à savoir : l'irréductible liberté de l'homme. Toujours capable de s'inventer, doté d'une conscience qui lui permet d'échapper à tout déterminisme. À moins d'être de mauvaise foi. «Nous sommes seuls, sans excuses…et à partir du moment où il (l'homme) est jeté dans ce monde, il est responsable de tout ce qu'il fait» Les spécificités culturelles de Mostaganem sont nombreuses , énergies vivantes et dynamiques, elles ont toujours su évoluer en parfaite symbiose, portées par des hommes inébranlables et extrêmement lucides, avisés et fort soucieux des multiples défis qu'ils devaient relever, à une époque on l'on ne devait compter que sur ses propres potentialités, d'abord face à une France coloniale très frileuse et suspicieuse , et ensuite face à un système politique algérien peu indulgent vis-à-vis de toute forme d'expression culturelle et artistique antinomique avec son idéologie absolutiste et liberticide. La musique arabo-andalouse n'étant pas en reste, il est de mon devoir, en l'occurrence, d'exprimer une pieuse pensée pour tous ceux qui ont brillamment réussi avec une admirable abnégation, de relever le défi de transplanter à Mostaganem cet art si noble et séculaire, celui de la musique arabo-andalouse. Bien évidement Mostaganem aura sa propre école ou tendance (La sanâa ou çanâa) qui évoluera avec le temps sous la direction de plusieurs maîtres. (Le Nadi El Hillal Takafi) fondé en 1912 sous la dénomination de «Cercle du Croissant» sera le creuset d'où essaimeront ultérieurement tous les maîtres. La consécration de tous ses sacrifices se traduira, grâce aux efforts et au génie de feu Cheikh Hadj Moulay Ahmed Benkrizi et de bien d'autres personnalités artistiques éminentes, par le parachèvement dès 1967 de l'édification et de la personnalisation de cette école de musique arabo-andalouse qui portera désormais et à partir de 1992 le nom de «l'Association culturelle Ibnou Badja de Mostaganem (Avempace).» Parallèlement à cet Art classique qui participe de l'identité de la ville, le Châabi occupe lui aussi une place prépondérante et constitutive de l'âme de la Cité. Ses nombreux maîtres qui ne sont plus à présenter (Mâazouz Bouadjadj , Chadli Mâamar qui vient récemment de nous quitter , Habib Bettahar…) , se réclament fièrement d'un patrimoine immatériel spirituel et moral puisé dans les traditions séculaires de cette même région altière et noble que fut le Dahra. Ce qui nous ramène forcement au Saint Sidi Lakhdar Benkhlouf , Homme de Dieu , Panégyriste du prophète (SBSS) , redoutable guerrier et témoin d'une époque légendaire par ses lieux de retraite mystique, par ses insurrections , par la bravoure et la Foi des tribus locales. Mostaganem abrite chaque année le Festival National du Théâtre Amateur ainsi que le Festival National du Mélhoun tandis que la troupe «l'Association culturelle Ibnou Badja de Mostaganem (Avemace)» sillonne le pays et l'Europe pour participer à des festivals de musique arabo-andalouse, à des compétions, des représentations à l'échelle locale, régionale ou nationale… dans le seul but d'honorer un héritage et promouvoir un patrimoine immatériel qui leur a été transmis au pris de moult sacrifices et enfin de représenter fièrement leur ville.
Il est utile de souligner que toutes ces écoles artistiques qui émergeront pendant la période coloniale n'avaient pas pour unique vocation de divertir les populations, mais bien au contraire , elles contribuèrent largement à l'éveil de la conscience politique, à l'éducation des jeunes, à la formation des esprits, et à la préparation d'une Algérie indépendance, à la fois farouchement attachée à ses traditions et arrimée à une culture universelle humaniste .
Toutes ces Ecoles demeurent tributaires d'un legs culturel séculaire inestimable, celui d'une oralité sacrée, personnification d'une âme régionale collective, celle de la «Halqa», des «Gouals», des «Médahs», de nos grands-mères. Une identité particulière qui conférait à la ville cette force de résister, d'espérer, de rêver, ainsi que toutes ces valeurs morales qui remontent au fond des âges : l'amour de la patrie, la dignité, la solidarité, le sacrifice, la générosité.
Je ne pourrais pas faire l'inventaire de toutes les nobles Institutions de la Ville de Mostaganem dont l'héritage religieux , spirituel, culturel, philosophique, moral, aurait précisément dû éviter à la ville (victime et responsable) de succomber et capituler face à cette immonde dépravation politique et morale instaurée par la dynastie des Bouteflika.
L'Algérie s'empressera de ratifier la Convention des Nations unies contre la corruption ; précieux document qui exhortait tous les pays à mettre en place des mécanismes qui s'annonçaient prometteurs si chaque pays transposait dans sa législation interne avec honnêteté les mêmes recommandations édictées par les Nations unies. Hélas, le système politique algérien réadaptera sa législation (Loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption de 2006, Code pénal, Code de l'information ), de manière machiavélique en y introduisant des contre-mesures fortement dissuasives à l'égard de chaque tentative qui viserait à assainir ou dénoncer le climat politique déjà délétère.
Toutes les villes algériennes se réclament d'un passé glorieux et mythique. Il n'était point dans mon intention de chanter les louanges de cette merveilleuse ville. Néanmoins, je n'arrivais pas à comprendre l'incroyable duplicité des uns et l'indifférence des autres face à la déprédation qui avait atteint des proportions insultantes. Je suis certain que je n'ai fait qu'esquisser un passé de la ville indubitablement glorieux. Intimement convaincu que les Enfants de la Cité, humbles, dignes et honnêtes ont toujours été là, fiers et irréductibles, même si leur voix, leur colère et indignation restaient inaudibles. J'espère qu'on verra rejaillir de nouveau au sein de la Cité l'âme des ces valeureux chevaliers de jadis dont on chantait partout la bravoure et le sacrifice et dont chacun doit s'en inspirer en demeurant extrêmement vigilant et offensif pour le bien de la Cité. Ce passé légendaire, noble et glorieux, nos aïeux, les Quarante Marabouts, Saints patrons de Mostaganem, seraient-ils fiers de ce que nous sommes devenus ?
«Le sommeil de la raison produit des monstres.» Goya
*Universitaire


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