Une première majorité acquise par le 1er ministre et ministre des Finances, Aymene Benabderrahmane, les 318 voix qui ont adopté jeudi dernier le plan d'action de son gouvernement contre 65 qui ont dit non «par principe». C'est sans surprise, aucune, que le 1er ministre a fait adopter son «plan d'action» par la majorité des députés de la chambre basse lors d'une séance plénière présidée par Brahim Boughali et en présence des membres du gouvernement. Un vote qui est intervenu après trois jours de débats auxquels ont participé presque tous les députés. Même les 65 non ne dénotent rien au sein d'un parlement dont une grande partie s'initie à la vie parlementaire de part son élection pour la première fois de sa vie de jeune comme «élus nationaux du peuple» par l'«Algérie nouvelle». En effet, les non sont ceux des 65 députés du MSP que l'un d'entre eux a expliqué à la presse qu'«on n'a fait qu'exercer notre droit démocratique(...)». C'est, a-t-il dit, «un non de principe». Tous les intervenants ont relevé que «le plan» a été élaboré sur la base d'une multitude de promesses, de souhaits, d'espoir et de «nia safia». Ses rédacteurs ont repris les «54 engagements» du candidat Tebboune pour les transformer en «plan» que le gouvernement Benabderrahmane a retenu pour, promet-il, relancer l'économie nationale. «Il est composé de cinq chapitres (...) à savoir la consolidation de l'Etat de droit et la rénovation de la gouvernance, la relance et le renouveau économique, le développement humain et une politique sociale renforcée, une politique étrangère dynamique et proactive, ainsi que le renforcement de la sécurité et de la défense nationale», rapporte l'APS. Le plan ne comporte ni dénomination de projets, ni délais de réalisation ni coûts. Il est, comme souligné par les députés, une panoplie de grands principes noyés dans un verbiage qui n'a d'explication qu'un populisme dont la peau ne flétrit jamais. La proposition du 1er ministre de récupérer «l'argent détourné» à l'amiable ressemble plus à un ballon sonde dans un conglomérat politique dont la compétence et l'efficacité sont souvent calculés sur le poids de son expression de rejet ou non du pouvoir des années 2000. L'optimisme de Benabderrahmane Beaucoup l'ont rejeté, d'autres lui ont réclamé les mécanismes par lesquels il compte récupérer cet argent. Il répond par «l'adoption d'une approche globale concernant ce dossier à travers la mise en place de mécanismes de coordination de haut niveau, outre le lancement d'une série de procédures avec les pays vers lesquels les fonds pillés ont été détournés». Il a promis que «cette approche passera par l'activation des outils juridiques disponibles dans le cadre des accords internationaux bilatéraux et multilatéraux, notamment la Convention des Nations Unies contre la corruption et que des mécanismes et des initiatives de coopération ont été activés dans le cadre d'organisations internationales spécialisées afin de suivre la traçabilité de ces biens, les localiser et échanger des informations à leur sujet». Il a affirmé que «le mécanisme de règlement à l'amiable pour la récupération des fonds pillés détournés vers l'étranger, s'est avéré efficace dans de nombreux pays et considéré comme une pratique idéale et efficiente dans la lutte contre la corruption». Mais, a-t-il-dit «il ne concerne pas les personnes physiques mises en cause, ni les sanctions prononcées à leur encontre, mais concerne plutôt les personnes morales, à savoir les sociétés étrangères impliquées dans des opérations de corruption, qui ont également bénéficié de ces fonds détournés dans le cadre de transactions et de projets, objet de pratiques de corruption»... Autre grande promesse, acquérir les ressources financières par «de nouveaux modes de financement, à même de réduire la dépendance aux recettes pétrolières». Il cite «le recours au marché financier par la relance de la bourse, la promotion du rôle des banques dans l'accompagnement et le soutien des investissements et des entreprises, l'ouverture des capitaux des banques publiques, de nouvelles banques privées, la promotion de la finance islamique, ainsi que l'établissement d'un partenariat public-privé pour financer des projets d'infrastructures économiques en vue de créer des postes d'emploi». Ses premiers indicateurs économiques «le budget de l'Etat était basé à 30% sur la fiscalité pétrolière et à 70% sur la fiscalité ordinaire (avec) l'impératif de distinguer la part du secteur pétrolier en termes de recettes en devise qui oscillent entre 96 et 97% de la fiscalité pétrolière». Benabderrahmane entrevoie là «les prémices d'une reprise économique à l'horizon après la stagnation induite par la pandémie (Covid-19)». Il pense que «la reprise économique est en bonne voie avec un taux de 2,8% enregistré durant le premier trimestre, lequel devrait dépasser les 4% à la fin de l'année 2021» Pour lui, «il s'agit là d'un indicateur positif pour l'emploi et la stabilité des prix». Les indicateurs «d'embellie» financières du gouvernement Le 1er ministre pense que «la finance islamique est un mode important pour la mobilisation de l'épargne et l'absorption de la liquidité circulant dans le marché parallèle». La finance islamique a ouvert selon lui, «310 guichets jusqu'au mois de mai dernier et le nombre des comptes bancaires ouverts depuis son lancement s'est élevé à 15.000 comptes à travers lesquels un montant total de 10 Mds Da a été déposé jusqu'à mai dernier». Il considère par ailleurs que «la hausse des prix de certains produits alimentaires au niveau local est conjoncturelle» et la renvoie «à la hausse importante des prix enregistrée sur les marchés mondiaux, induite par les retombées de la pandémie». Il a rappelé qu' «à travers la loi de finances 2021, un montant de 1.900 mds DA a été alloué à l'aide sociale, soit 23.78% du budget de l'Etat» et que «la réforme du système de subvention vise un meilleur ciblage garantissant ainsi une justice sociale». Elle se fera d'après lui, par «virement au profit des familles nécessiteuses qui bénéficieront d'un revenu supplémentaire comme indemnisation de la hausse des prix». Il s'est engagé de «communiquer ultérieurement aux députés tous les aspects techniques liés au ciblage des familles concernées par les virements». Autre chiffre avancé par le 1er ministre, relatif à «la situation des entreprises publiques nationales» à propos de laquelle il a déclaré qu'»en dépit du soutien de l'Etat, ces entreprises sont restées dans une situation difficile» et que «l'enveloppe financière affectée à leur assainissement depuis 1991 jusqu'au 30 juin 2021 s'élève à près de 2790 milliards de DA». Il dit avoir décidé, à cet effet, de «revoir la gouvernance de ces entreprises et les modalités de leurs gestion, en les soumettant à des contrats de performance stricte pour qu'elles soient l'un des piliers importants pour la relance économique». Il remet au goût du jour le fameux PPP et annonce «pour les prochains jours, la présentation du projet de loi relatif au partenariat public-privé». Il estime qu' «il est inconcevable de voir l'aspect commercial et productif d'une entreprise économique composé de 600 travailleurs, alors que celui administratif est de 1000 travailleurs». Il a fait savoir que «le gouvernement oeuvre à récupérer les potentialités des entreprises publiques économiques» en faisant état «d'un recensement national des différentes entreprises qui se trouvent en état de fermeture ou de stagnation, entre autres, la société «ALZINC» de Ghazaouet, le complexe de papier à Saïda, l'usine de levure à Bouchegouf, l'usine de marbre à Guelma, l'usine de verre à Tébessa, la société africaine de verre à Taher, l'usine de céramique sanitaire à Médéa et l'usine de cuirs à Sig, lesquelles constituaient «la fleur du tissu industriel de l'économie national». Le foncier, encore et toujours Benabderrahmane a regretté que «certaines parties n'ont pas saisi l'occasion comme il se doit et se sont dirigées vers l'importation, ce qui nous a fait perdre des milliers d'emplois et la fermeture de centaines d'entreprises. Il est grand temps de récupérer ces entreprises et d'en faire un moyen de création de richesses et d'emplois». Il a indiqué par ailleurs qu'au titre «du soutien au développement dans les régions érigées récemment en wilayas, le Gouvernement avait pris en charge cette préoccupation par une série de mesures urgentes et des affectations financières déterminées après définition des besoins et évaluation de l'incidence financière dans le cadre d'une commission interministérielle». Il a soutenu que «les opérations au titre de l'année 2021 seront enregistrées concernant la réhabilitation des infrastructures, avec une enveloppe financière de 3,4 milliards de dinars, parallèlement au dégel des opérations inscrites au profit de la wilaya mère et relative à l'examen de la réalisation des infrastructures et logements au niveau de ces nouvelles wilayas». Le 1er ministre a fait en outre, l'annonce de «la finalisation d'une révision approfondie de la loi sur l'investissement qui sera présentée dans les semaines à venir à l'APN». Il a promis que cette réforme donnera «des signaux forts et des garanties susceptibles d'accroître l'attractivité du pays aux investissements étrangers directs et d'établir des partenariats réels et solides à même de contribuer au développement de l'économie nationale». Il a annoncé ainsi «une réforme du système de gestion du foncier destiné à l'investissement (à travers) la révision du cadre législatif et réglementaire de la gestion du foncier destiné à l'investissement en vue de faciliter aux investisseurs l'obtention des assiettes foncières nécessaires pour la réalisation des projets et l'élimination du blocage que connaît actuellement l'opération d'octroi du foncier industriel». Il a indiqué aux députés que «le gouvernement entend également numériser les marchés publics en créant un portail électronique qui leur est dédié, avant la fin de l'année 2021, une mesure parmi celles qui visent à rationaliser les dépenses et à améliorer la gestion de l'Argent public. Il a noté que «le recensement du foncier industriel a démontré que de «vastes» assiettes étaient inexploitées par leurs bénéficiaires».