Le ministre de l'Education nationale Abdelhakim Belabed a annoncé, jeudi dernier, l'annulation officielle de l'examen de fin de cycle primaire (la 5ème) pour l'année scolaire en cours. Le ministre a indiqué que cette décision a été prise après une étude approfondie et exhaustive de l'efficacité de cet examen sur les plans pédagogique, d'enseignement et d'évaluation. Une annonce qui a été faite lors de la tenue d'une conférence nationale consacrée à l'évaluation de la mise en œuvre des dispositions liées à la rentrée scolaire en présence des directeurs de l'Education et de cadres centraux du ministère. Et de préciser que cette décision est en fait une réponse à une préoccupation d'éducation et d'enseignement pour tous les spécialistes dans le domaine de l'Education et les parents d'élèves. Il a également annoncé que cette décision sera suivie par plusieurs mesures pédagogiques y compris la modification des dates d'examen du troisième trimestre pour les élèves de la cinquième année du cycle primaire. Pour rappel, le Conseil des ministres avait approuvé une série de mesures nécessaires durant l'année scolaire 2019-2020. Il s'agit notamment d'un passage d'un niveau à un autre sur la base du calcul de la moyenne du premier et du deuxième trimestre, avec une baisse de la moyenne d'admission à 4,5/10. Bien que cette annulation était tant réclamée par les partenaires sociaux, le ministre de l'Education a créé tout de même la surprise en annonçant l'abrogation de l'examen de la cinquième année primaire. «On n'avait aucune idée sur cette annulation, pourtant on s'est réuni avec M. Belabed mardi dernier», nous dit le chargé de la communication du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE), Djahid Hireche. Pour Hireche, la décision était tant attendue. Car, dit-il, «cet examen est devenu inutile avec un passage quasi automatique des élèves du primaire au palier supérieur, avec un niveau scolaire parfois médiocre pour certains élèves». Et d'enchaîner: «certains éprouvaient des difficultés d'écriture, de lecture et de calcul une fois arrivés au cycle moyen». Le syndicaliste a regretté le fait que cette décision soit annoncée par l'administration et non pas par le Conseil national des programmes, le seul habilité après concertation avec les différents acteurs du secteur de l'éducation d'opérer et d'annoncer des changements dans le volet pédagogique et dans l'organisation des examens. Le porte-parole a également regretté l'absence de concertation entre la tutelle et le partenaire social notamment par rapport aux questions à caractère pédagogique. « Si on est partenaire, on doit être consulté sur les questions qui concernent le secteur et non pas soutenir seulement les décisions prises par notre tutelle ». Mise en garde contre «gonflement des notes» M. Hireche a affirmé que son syndicat est pour cette annulation mais, dit-il, « il faut prévoir des mécanismes d'évaluation de niveau pour lutter contre toute forme de «gonflement des notes», un phénomène qui a été déjà soulevé et dénoncé dans certaines écoles privées», prévient-il. Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l'Unpef, abonde dans le même sens en affirmant que son syndicat est favorable à la suppression de cet examen. Un examen «inutile, qui n'a pas lieu d'être et qui consomme pour rien l'argent du Trésor public». «On organise un examen pour une réussite avérée à hauteur de 99 %», souligne-t-il en estimant que ceci n'a pas de sens. Le porte-parole a regretté par ailleurs une prise de décision surprise sans consultation ou information des syndicats du secteur. Et dénonce pour l'occasion le retard relatif à l'annonce des résultats des réformes pédagogiques engagées, notamment les démarches à adopter pour aller à des réformes poussées dans le secteur du point de vue des programmes, des méthodes d'enseignement et réformes des examens, notamment du baccalauréat. M. Zegar a insisté sur la nécessité de travailler davantage sur les modalités d'évaluation des acquis scolaire des élèves au primaire. Et ce, dit-il, pour arriver à identifier les acquis et les difficultés de chaque élève afin d'y remédier. Pour sa part, Fafa Bacha, vice-présidente de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE), a exprimé son satisfecit. « Nous sommes très heureux pour cette décision sage et responsable prise par le ministre de l'Education nationale, c'est un combat de longue haleine que l'Association nationale des parents d'élèves a mené pendant des années», a-t-elle souligné. En précisant que les autorités du pays ont su prendre la bonne décision. Cependant, dit-elle, «il faut aller aussi vers la grande réforme du baccalauréat qui est devenu une torture morale pour les parents et les élèves. Cinq jours d'examens, c'est inacceptable !» Pour elle, « il faut aller vers un bac de spécialité de 3 jours avec une réforme pédagogique bien évidemment». Et de préciser que l'ANPE continuera toujours à militer pour redonner à l'école algérienne sa force et sa dignité, surtout devant le grand défi technologique de ce début du siècle. Pour rappel, le taux national de réussite aux examens d'évaluation de fin de cycle primaire pour la session 2021 a atteint 83,95%.