Représentant moins de 6% du produit intérieur brut (PIB), le secteur industriel reste à la traîne en raison de multiples facteurs, les pratiques bureaucratiques, comme l'a rappelé samedi le président de la République. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le président de la confédération des industriels et producteurs Algériens (CIPA), Abdelwahab Ziani, a qualifié l'allocution du président Tebboune lors de l'ouverture de la Conférence nationale sur la relance industrielle, de « pas très positif dans le chemin de la levée de tous les obstacles bureaucratiques, à l'effet de rapprocher l'administration du chef d'entreprise et de l'investisseur d'une manière générale », a-t-il déclaré. « Nous sommes d'autant plus optimistes que le chef de l'Etat a promis la levée de tous les obstacles concernant près de 600 projets bloqués, ce qui peut générer plus de 75.000 emplois », a-t-il indiqué, ajoutant qu'en matière d'industries manufacturières, le président Tebboune a « rappelé les instructions adressées aux banques, prévoyant un financement à hauteur de 90% de la valeur des projets ». Le président de la CIPA s'est également félicité de ce qu'il a qualifié de « signal fort du président de la République à l'adresse des chefs d'entreprises et du patronat, ce qui va contribuer à rétablir la confiance entre les acteurs économiques et l'Etat », a-t-il souligné. « Même s'il faut reconnaître que le secteur industriel dans notre pays connait des avancées notables, les lenteurs bureaucratiques ont eu pour conséquence néfaste de retarder ou de geler carrément la réalisation de nombreux projets importants », a encore martelé Abdelwahab Ziani, rappelant que pour la première fois, l'Algérie va terminer l'année avec près de 5 milliards de dollars d'exportations hors hydrocarbures, même si cela reste insuffisant comparé au formidable potentiel d'un pays continent comme le nôtre, a-t-il affirmé. « Malgré la pandémie de Covid-19 qui a lourdement affecté l'économie nationale, le secteur industriel a réussi à répondre à la demande nationale, notamment en matière de consommables médicaux comme les masques de protection dont nous sommes largement autosuffisants », a expliqué l'invité de la Radio, ajoutant que la « crise sanitaire a eu pour retombée positive d'obliger le secteur industriel à innover pour se montrer à la hauteur de nos espérances». Comme déclaré par le président Tebboune, « l'année 2022 sera consacrée exclusivement à l'économie et à la relance du secteur industriel pour en faire l'un des piliers du développement durable et un motif essentiel du véritable développement », a encore indiqué le président de la CIPA, rappelant la création prochaine de zones de libre échange et l'ouverture des postes frontaliers au niveau des frontières méridionales de l'Algérie, « ce qui va booster davantage les exportations vers le marché africain ». «Une révision au plus tôt de l'Accord d'association avec l'UE» «Une analyse comparative (benchmarking) effectuée il y a plus de trois années par une société étrangère à la demande du ministère du Commerce, donnait l'Algérie en tête dans pratiquement tous les domines devant des pays comme l'Egypte, le Maroc, la Tunisie et la Côte d'Ivoire, ce qui donne une idée sur la force de frappe dont dispose l'Algérie, notamment en matière d'industries de transformations agroalimentaires et pharmaceutiques ou encore l'électroménager, le ciment et la céramique qui peuvent rapporter au pays jusqu'à 40 milliards de dollars/an sans parler du secteur agricole », a encore relevé Abdelwahab Ziani. A propos du secteur agricole justement, le président de la CIPA a parlé de 5000 projets en cours, «une formidable opportunité pour le pays pour peu que les banques publiques jouent le jeu et se montrent comme un vrai partenaire de l'investisseur local », a-t-il souligné. Au sujet de l'Agence nationale du foncier qui sera opérationnelle en 2022, Abdelwahab Ziani a qualifié la création de cet organe comme une « grande avancée », ce qui va « faciliter grandement aux investisseurs l'acquisition d'assiettes foncières dans un court délai moyennant un cahier des charges soigneusement étudié », a-t-il indiqué. Qualifiant la bureaucratie «d'ennemi public N°1 en Algérie», Abdelwahab Ziani a cité l'exemple d'autorisations exigées par l'administration «qui n'ont jamais existé ni sont prévues par la loi », -t-il révélé. « La corruption, cet autre cancer, doit également être combattu de toutes nos forces, et la numérisation de l'administration est la meilleure solution pour lutter à la fois contre les pratiques bureaucratiques et la corruption », a-t-il suggéré. Enfin, le président de la CIPA a appelé à la révision au plus tôt de l'accord d'association avec l'Union européenne. «Un accord qui a fait perdre 250 milliards de dollars à l'Algérie sans aucune contrepartie », a-t-il conclu.