L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé de choisir l'Afrique du Sud, l'Egypte, le Kenya, le Nigeria, le Sénégal et la Tunisie afin de permettre au continent africain, qui a souffert d'un accès restreint aux vaccins anti-Covid, de fabriquer ses propres vaccins pour lutter contre la pandémie de coronavirus mais aussi d'autres maladies. Elle a déclaré, aussi, qu'elle travaillerait avec les six premiers pays choisis pour élaborer une feuille de route en matière de formation et de soutien afin qu'ils puissent commencer à produire des vaccins le plus rapidement possible. La formation doit commencer en mars. La Commission européenne, avec la France, l'Allemagne et la Belgique, investit 40 millions d'euros pour aider au transfert technologique. Cette annonce a été faite vendredi dernier à Bruxelles, en marge d'un sommet entre l'Union européenne et l'Union africaine, lors d'une cérémonie organisée par le Conseil européen, la France, l'Afrique du Sud et l'OMS, en présence de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, du président du Conseil européen, Charles Michel, ainsi que des présidents Macron et Ramaphosa. Parmi ces six pays, l'Afrique du Sud a pris de l'avance : son centre produit déjà des vaccins ARNm en laboratoire et est en train de passer à l'étape de l'échelle commerciale. Pour le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, l'annonce de vendredi « signifie le respect mutuel, la reconnaissance mutuelle de la pierre que nous pouvons tous apporter à l'édifice, l'investissement dans nos économies, l'investissement dans les infrastructures et, à bien des égards, rendre au continent ce qui lui revient ». Pour l'agence sanitaire mondiale de l'ONU, il s'agit d'un pas important dans la multiplication de la production vaccinale, en partageant la technologie et en s'appuyant sur les capacités et l'expertise scientifique qui existent déjà en Afrique du Sud. « À moyen et long terme, la meilleure façon de faire face aux urgences sanitaires et de parvenir à une couverture sanitaire universelle est « d'accroître considérablement » la capacité de toutes les régions à fabriquer les produits de santé dont elles ont besoin », a insisté le chef de l'OMS. Le Centre mondial de transfert de technologie ARNm a été créé en 2021 pour aider les fabricants des pays en développement à fabriquer leurs propres vaccins, mais aussi de choisir les vaccins qu'ils souhaitent produire. Le rôle du programme mondial de l'OMS est de veiller à ce que les fabricants de ces pays disposent du savoir-faire par un transfert de technologies pour produire ces vaccins à ARNm, technologie déjà utilisée par deux (02) laboratoires. Ces nouvelles unités pharmaceutiques sont destinées tout d'abord à lutter contre la Covid-19, et pourront ensuite produire d'autres vaccins et traitements, comme l'insuline, des médicaments anti-cancer, et, potentiellement, des vaccins contre le paludisme, la tuberculose et le VIH. « Nous avons beaucoup parlé de la production de vaccins ARNm en Afrique. Ce projet va encore plus loin. Il s'agit d'une technologie ARNm conçue en Afrique, menée par l'Afrique et appartenant à l'Afrique », a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En fonction de l'infrastructure, de la main-d'œuvre, de la recherche clinique et des capacités réglementaires en place, l'OMS et ses partenaires travailleront avec les six premiers pays choisis pour élaborer une feuille de route en matière de formation et de soutien afin qu'ils puissent commencer à produire des vaccins le plus rapidement possible. C'est tous les défis du savoir-faire nécessaire et de maîtrise de la technologie de pointe de fabrication des vaccins à ARNm dont l'OMS veillera à ce qu'ils soient transmis aux pays africains choisis. Cette technologie a été mise au point par Katalin Kariko, une biologiste d'origine hongroise, ayant émigré aux USA en 1985 et consacré toute sa vie sur l'étude de l'ARN messager alors que la communauté scientifique de l'époque n'avait d'intérêt que pour l'ADN; personne ne croyait en elle, et fut même marginalisée par son propre milieu professionnel à tel point qu'en 1995, elle fut rayée des listes de titularisations et empêchée d'accéder au professorat, puis rétrogradée au rang de simple chercheuse par l'université de Pennsylvanie, l'Upenn ! Ironie du sort, de chercheuse inconnue et même méprisée, qui s'est imposée par son travail acharné, elle fait figure, aujourd'hui, de pionnière dans son domaine et est même pressentie pour décrocher le prix Nobel de médecine ! Quelle revanche du destin ! C'était une simple parenthèse du destin de cette chercheuse qui m'a émue et souhaité partager avec vous, car cela ne fait que confirmer l'adage qui dit que « seul le travail paye, tout le reste n'est qu'éphémère » ! Je suis un peu jaloux des « pays lauréats » et j'espère que mon pays, qui possède un Institut Pasteur et maîtrise déjà la fabrication de vaccins, certes conventionnels, puisse faire partie de ceux qui bénéficieront de ce formidable transfert de technologie dont les applications ne se limitent pas seulement au vaccin à ARNm anti-Covid-19 mais aussi aux traitements anti-cancer, par exemple, et autres tuberculose, HIV... ! Ce serait un bond qualitatif formidable pour notre industrie pharmaceutique et une forme de reconnaissance internationale scientifique indéniable à toute l'intelligentsia algérienne locale, qui a choisi de rester exercer dans son pays ! *Professeur, Médecin-chef de Service Neurochirurgie CHUO Oran Sources : 1/- ONU Info, 18 février 2022, Santé 2/- Wikipedia 3/- Challenge's 18/02/2022