Les représentants de 15 syndicats autonomes de 9 secteurs de la fonction publique, formant la Confédération des syndicats autonomes (CSA), ont mis l'accent, hier, sur la nécessité de trouver des mécanismes pour « maîtriser l'inflation » et « la création d'un observatoire national du pouvoir d'achat ». Ils qualifient la «situation sociale de dangereuse» en raison de la chute du pouvoir d'achat, une situation qui complique davantage le quotidien des fonctionnaires, notamment à l'approche du mois de Ramadhan. Les syndicats mettent en garde le gouvernement contre « le risque d'explosion sociale si jamais des mesures urgentes ne sont pas prises ». Tout en reconnaissant que les pouvoirs publics ont tout de même décidé de rectifier certaines anomalies, notamment avec la suppression de l'IRG, pour les revenus de moins de 30.000 dinars, mais ils estiment que beaucoup reste à faire. Les membres de la CSA ont tenu à préciser lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège du Cnapeste, à Alger, que ces décisions bien qu'elles soient les bienvenues ne pourront nullement régler le problème de la dégradation vertigineuse du pouvoir d'achat des fonctionnaires. Et d'affirmer que même les augmentations attendues concernant la valeur du point indiciaire qui sert de base au calcul des salaires des fonctionnaires, n'est pas en mesure de régler le problème du pouvoir d'achat des fonctionnaires qui a perdu 60% de sa valeur. Boualem Amoura, président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) a affirmé que les augmentations attendues suite à la révision du point indiciaire seraient de 2.000 à 6.000 DA. Sadek Dziri, président du bureau national de l'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation, a plaidé au nom de l'ensemble des syndicats membres de la CSA, pour la révision conséquente des salaires, ne serait-ce que de façon graduelle, et la nécessité de créer un observatoire national du pouvoir d'achat. Un organisme qui sera capable de calculer le pouvoir d'achat des Algériens chaque six mois, ou chaque année, tout en étudiant et analysant les processus et les comportements inflationnistes, pour y remédier. Le porte-parole du Syndicat autonome des biologistes de santé publique (SABSP), M. Aït Saïd, a affirmé, pour sa part, qu'une augmentation des salaires, à elle seule, ne réglera pas le problème. En précisant que seule la maîtrise de l'inflation permettra de préserver le pouvoir d'achat des fonctionnaires et des Algériens en général. Les membres de la CSA ont salué la décision portant révision du statut général de la fonction publique. En affirmant que cette décision est une des revendications de la CSA. Mais ils se sont dits contre toute révision qui se fait sans concertation avec les parties prenantes et les partenaires sociaux. Khaled Keddad, président du Syndicat national des psychologues (Snapsy), a mis en garde contre la réédition du scénario de la révision du statut général de la fonction publique adopté sans consultation des travailleurs ou l'ouverture de débat ni au Parlement, ni devant les représentants des travailleurs. Il dira qu'au jour d'aujourd'hui, « nous n'avons aucune idée sur cette révision de la loi de la fonction publique, ni sur la commission qui est chargée du dossier». « On ne sait pas si on gardera le statut général de la fonction publique, ou on va vers des statuts particuliers pour chaque secteur», car, estime-t-il, « une direction de la fonction publique ne peut pas, à elle seule, gérer les dossiers de 2,5 millions de fonctionnaires». Les membres de la CSA ont également réclamé le droit d'être associés dans les conseils d'administration des entités qui se ressourcent des cotisations des travailleurs, en citant, à titre d'exemple, la sécurité sociale (CNAS) et la Caisse nationale des retraites (CNR). Les syndicats autonomes ont ainsi réclamé le droit de participer d'une façon effective dans la révision du code du travail, le projet de révision de la loi relative aux modalités d'exercice du droit syndical. Et surtout de prendre en compte leurs propositions et contributions, « chose qui a été négligée dans la révision de certaines lois», affirment-ils. Par ailleurs, les membres de la Confédération des syndicats algériens ont exprimé leur «soutien au mouvement de protestation mené par les fonctionnaires du Sud les 28 et 29 mars », pour exiger l'actualisation avec effet rétroactif de la prime de zone sur la base du nouveau SNMG et non pas le salaire de base de 1989. La généralisation de la prime d'excellence à toutes les catégories et le calcul des années d'ancienneté au Sud dans la retraite.