« C'est une fin d'année très triste pour les voyagistes », a lâché Raouf, gérant d'une agence de voyages et de tourisme. « Non seulement les clients ne se bousculent pas pour des réservations en vue de passer les fêtes de fin d'année hors du pays, mais des compagnies aériennes nous ont imposé des sanctions financières énormes suite à l'impossibilité d'honorer des contrats », ajoute-t-il. « J'ai réservé vingt sièges avec la compagnie aérienne égyptienne, pour un circuit à Charm El Cheikh, mais comme je n'ai pas eu un seul client, la compagnie m'a sanctionné avec le prélèvement de 119 millions de centimes », affirme-t-il sur un ton désespéré qui lui fait dire que « les voyagistes ne sont pas bien du tout ». Même son de cloche pour d'autres destinations, où les clients ne manifestent aucune volonté de réserver des séjours à l'étranger. C'est inattendu et inimaginable, mais voilà où en est la situation des voyagistes. C'est la dèche. Les Algériens préfèrent passer la fin d'année chez eux, par la force des choses, certainement, dont le pouvoir d'achat au raz des pâquerettes. Pour la destination Tunisie', qui faisait le plein en pareille période, cela reste encore très timide, selon les voyagistes. Malgré la levée des restrictions sanitaires, un début de vacances radieux avec un beau temps toujours persistant, l'ouverture des frontières depuis plus de six mois, après leur fermeture pour cause de Covid, beaucoup d'Algériens continuent à bouder la Tunisie. Pourtant, c'est la destination préférée des Algériens à longueur d'année, surtout durant l'été et les fêtes de fin d'année. En effet, les postes frontaliers d'Oum Theboul et celui d'El Ayoun sont loin de connaître le rush habituel des années d'avant la pandémie. En ce sens, les attentes, sont courtes et ne durent pas longtemps. Par le passé et en temps normal, les longues chaînes de voitures qui s'étiraient sur plusieurs kilomètres avec un temps interminable à attendre afin d'accomplir les formalités de passage, ne sont plus qu'un lointain souvenir. Comme durant l'été passé, en ces vacances d'hiver, la destination Tunisie, n'a pas attiré les familles et les jeunes comme au bon vieux temps. Ceux qui s'y rendent, l'espace d'une journée, le font pour valider l'allocation touristique. Un bon nombre de personnes préfèrent les courts séjours en optant pour les formules proposées par les agences de voyages. Du coup, les bus transportant ces touristes algériens forment une longue chaîne au niveau du poste frontalier d'El Ayoun. Beaucoup se demandent aussi le pourquoi d'un tel recul du nombre de nos compatriotes qui ne sont plus attirés par les destinations du pays des jasmins comme Nabeul, Hammamet et Sousse. D'abord, avec des conditions socioéconomiques difficiles comme l'inflation, la cherté de la vie et les services, la Tunisie a perdu de sa verve. Le côté sécuritaire n'est plus ce qu'il était en Tunisie. Constat partagé par certains habitués de la Tunisie qui estiment que même en Algérie, hormis les produits stratégiques soutenus par l'Etat, les prix ont connu une ascension fulgurante. D'où, un peu cette frustration qui fait que l'on réfléchisse à deux fois avant d'engager des dépenses importantes. Et, si vous avez des enfants qui suivent des cours particuliers, ne parlez pas de vacances, dira ce fonctionnaire. D'autres, optent pour des vacances de quelques jours dans le pays ou, comme on l'appelle, le tourisme local qui a retrouvé une certaine dynamique depuis l'été passé. Autres temps, autres mœurs, dit-on. En attendant, se permettre des vacances de nos jours est devenu presque un luxe que toutes les bourses ne peuvent se permettre.