Après avoir envahi et bombardé plusieurs hôpitaux, dont Al-Shifa, Al-Rantissi, Al-Quds, et Al-Ahli Arabi (Baptiste), et arrêté des dizaines de médecins et de paramédicaux, l'armée sioniste s'est attaquée, hier, à l'hôpital Kamel Adwan dans le nord de Ghaza, tuant et blessant des membres du personnel médical et des occupants parmi les déplacés. Déjà quasiment hors service, l'hôpital Kamel Adwan était déjà encerclé depuis plusieurs jours et bombardé par les chars, a été pris d'assaut hier, mardi, par les soldats de l'armée d'occupation. «Les chars se sont enfoncés plus profondément aux portes et l'ensemble des services sont soumis à de violents bombardements. Des informations confirmées provenant d'une source sur le terrain indiquent que certains membres du personnel médical de l'hôpital ont été tués par balle à l'intérieur de l'hôpital Kamel Adwan», affirme Al Jazeera English. Citant des témoins sur place, la même source explique que les hordes sionistes ont également procédé à l'interpellation du personnel soignant, ainsi que les hommes parmi les malades, les blessés et les déplacés qui se trouvaient dans l'hôpital. Toute personne âgée de «plus de 15 ans» est appelée, via des haut-parleurs, «à sortir du bâtiment les mains en l'air». Ils seront probablement «déshabillés et emmenés les yeux bandés dans des zones tenues secrètes pour les interroger», indique Al Jazeera. La veille, deux femmes ont été tuées dans une attaque contre l'hôpital Kamel Adwan. Selon l'Agence humanitaire des Nations unies (OCHA) les deux femmes avaient été tuées dans le bombardement de la maternité de l'hôpital. L'OCHA a précisé que l'hôpital «accueille actuellement 65 patients, dont 12 enfants en soins intensifs et 6 nouveau-nés en couveuse». En outre, «environ 3.000 personnes se réfugient dans l'hôpital». Lors des bombardements, «le bâtiment a également subi des dégâts importants» et «les fournitures s'épuisent, compromettant encore davantage la capacité des médecins à soigner les patients», selon un post de MSF sur X (ex-Twitter). Situation catastrophique La situation dans les hôpitaux de Ghaza est tellement catastrophique, après 67 jours d'intenses bombardements sauvages de l'armée israélienne, que l'ONG Médecins sans frontières' (MSF) la compare à la Première Guerre mondiale. La situation à l'hôpital Kamal Adwan est catastrophique, a déclaré MSF, alors que l'armée israélienne poursuit son invasion et ses bombardements sur l'établissement médical. «Nous sommes indignés par ce qui se passe», a déclaré à Al Jazeera Leo Cans, chef de mission de MSF pour la Palestine. «C'est le même scénario que celui de l'hôpital al-Shifa qui se répète encore et encore dans d'autres hôpitaux.», affirme M. Cans qui affirme que «les médecins et professionnels de santé de MSF à travers Ghaza opéraient dans des conditions comparables à celles de la Première Guerre mondiale». «Nous opérons à même le sol. Des enfants arrivent avec de très graves blessures et [les chirurgiens] doivent procéder à de nombreuses opérations, mais il n'y a plus de lits», a-t-il ajouté. Les conditions sont telles que les hôpitaux sont «contraints de renvoyer des patients en raison du manque d'espace». «On estime que 60% des blessures sont infectées, ce qui peut mettre en danger la vie des blessés. C'est totalement inhumain, c'est totalement inacceptable», a ajouté le chef de mission de MSF pour la Palestine. Plus tôt dans la journée d'hier, MSF a fait état de «rapports horribles provenant de l'hôpital Al Awda», dans le nord de Ghaza, se disant «extrêmement préoccupé pour la sécurité des patients et du personnel médical» ciblés par les soldats de l'occupation. Même constat du Commissaire européen à la politique étrangère sur l'état de Ghaza après les bombardements. Josep Borrell a déclaré, lundi, que «les destructions dans la bande de Ghaza sont plus importantes que celles subies par les villes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale». Par ailleurs, concertant la situation générale des hôpitaux à Ghaza, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que «seuls 11, soit moins d'un tiers, restent partiellement fonctionnels». «En seulement 66 jours, le système de santé est passé de 36 hôpitaux fonctionnels à 11 hôpitaux partiellement fonctionnels, un au nord et 10 au sud», a déclaré Rik Peeperkorn, représentant de l'OMS pour les territoires palestiniens occupés, lors d'une visioconférence de presse. Hier également, le directeur de l'approvisionnement de la Protection civile à Ghaza appelé, dans une déclaration à Al Jazeera, à «l'entrée des forces internationales» afin de «protéger les civils et les travailleurs humanitaires», ainsi que «les centres de la Protection civile et les ambulanciers». «Nous soulignons la nécessité de créer des hôpitaux de campagne. Il n'y a pas de carburant ni de matériel essentiel pour faire fonctionner nos centres en toute sécurité», a-t-il ajouté. Plus de 18.412 martyrs dont 86 journalistes Au 67e jour depuis le début de l'agression contre les populations civiles de Ghaza, les bombardements sauvages de l'armée sioniste ont fait plus de 18.412 martyrs (18.205 martyrs, la veille), et plus de 50.000 blessés (49.645, la veille), selon un bilan établi par le ministère de la Santé de la bande assiégée. Ce bilan ne peut être que provisoire puisqu'au moment même où se fait l'annonce de ces chiffres, l'aviation israélienne continuait à bombarder et les chars à lancer des obus sur les maisons et les hôpitaux. Depuis l'aube de la journée de mardi, les chiffres sur le nombre de victimes des différents bombardements étaient annoncés pratiquement toutes les heures. Au moins 24 martyrs sont tombés dans le bombardement de 2 maisons à Rafah, au sud de Ghaza, et 7 autres martyrs à Deir Al-Balah dans le centre de la bande, selon différentes sources locales citées par Al Jazeera, dans la mi-journée de mardi. Lundi, le Bureau des médias du gouvernement à Ghaza a publié une liste des noms de 86 journalistes et photographes de presse, des hommes et des femmes, tombés en martyrs depuis le début de la guerre israélienne contre les civils de Ghaza. Le bureau des médias a déclaré, dans un communiqué, que ces journalistes avaient été assassinés dans une tentative de l'occupation d'empêcher la vérité, ajoutant qu'Israël ne parviendra pas à briser la volonté du peuple palestinien». Dans la même journée, la chaîne Al Jazeera avait vigoureusement, condamné la prise pour cible du domicile du journaliste Anas Al-Sharif. «Nous condamnons le ciblage par l'armée d'occupation du domicile du journaliste d'Al Jazeera Anas Al-Sharif, qui a conduit au martyre de son père», a déclaré la chaîne qatarie, ajoutant que ce crime abominable «fait suite à des menaces reçues par le journaliste depuis novembre dernier». Al Jazeera a appelé la «Communauté internationale» à prendre des «mesures urgentes pour mettre fin aux massacres de journalistes et de civils par l'armée d'occupation à Ghaza», et a annoncé qu'elle prendra «les mesures juridiques appropriées devant les autorités compétentes pour demander des comptes aux responsables de ce crime». Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le journaliste Anas Al-Sharif a annoncé qu'il continuera à informer des crimes de l'occupation commis dans le nord de Ghaza, précisant qu'il détient des messages audio et textuels des menaces reçues sur WhatsApp lui intimant l'ordre de cesser sa couverture des évènements tragiques.