Avec plus de 150 millions de posts en relation avec la guerre Israël-Palestine qui ont été publiés sur les réseaux sociaux depuis le 7 octobre 2023, un flux jugé record relativement à d'autres événements qui ont marqué la scène mondiale ces deux dernières années, entre guerres et manifestations sportives, c'est une autre bataille à l'ombre de la toile entre les pro-palestiniens et les pro-israéliens. Elle prend différents visages, cette bataille, parfois prenant des formes informationnelles à travers des vidéos et des messages, et d'autres fois, assez souvent, des formes partisanes. L'espace virtuel s'offre ainsi à des millions de soldats éparpillés dans les quatre coins du monde qui se livrent une bataille sans merci. Dépassant assez souvent le cadre acceptable en matière de respect de la réglementation des réseaux sociaux, qui ont mis le paquet sur le plan technique pour chasser les publications qui font dans l'incitation à la haine et à la violence, notamment. Et ces réseaux sociaux ont eu beaucoup à faire depuis le 7 octobre pour filtrer ce qui est publiable et ce qui ne l'est pas. Des dizaines de milliers de messages et de vidéos ont été soit supprimées, allant jusqu'à la suppression des comptes, ainsi que d'autres formes de censure au nombre total de six modèles, selon l'ONG Human Right Watch (HRW), énumérant dans ce sens les suppressions de contenus, la suspension ou suppression de comptes, incapacité d'interagir avec les contenus, l'incapacité de suivre ou de marquer des comptes, les restrictions à l'utilisation de fonctionnalités, à l'enseigne d'Instagram/Facebook Live, et « shadow banning » (bannissement furtif, en français), qui limite d'une manière draconienne la visibilité des publications, des stories (contenu publié temporairement) ou du compte d'un utilisateur sans qu'il ne s'en rende compte de ce voile qui couvre ses publications. C'est tout ce qu'il y a de censé de procéder au blocage des contenus haineux et prônant la violence, mais HRW dénonce un acharnement de la censure contre tout ce qui est pro-palestinien, contrairement aux contenus pro-israéliens, qui sont rarement, voire jamais touchés par les interdits. Sur certains réseaux, dont méta, directement accusé par HRW de vouloir étouffer les voix palestiniennes, on est arrivé à censurer le drapeau palestinien (qu'on masque sur les publications) ou des photos de toute personne portant le keffieh palestinien, devenu un symbole du nationalisme palestinien. Selon le rapport de l'ONG publié ce jeudi, des contenus qui n'ont aucun rapport avec les appels à la violence ou la haine, voire prônant la paix, à l'image d'une publication appelant au « cessez-le-feu maintenant», sont systématiquement censurés sur Facebook et Instagram. Ce n'est pas seulement pro-israélien mais toute une stratégie du gouvernement israélien qu'on supporte chez ce réseau social. Rappelons dans ce sens les coupures Internet et téléphoniques dans la zone de Ghaza, où l'entité sioniste souhaite opérer un massacre à huis clos. Cela s'avère, bien sûr, impossible. Les pro-palestiniens ont développé des habiletés techniques pour ne pas se faire attraper par les algorithmes de censure de meta, évitant tout signe en lien avec la Palestine, qu'on écrit dans les publications « P@ lest Ine » (pour l'exemple). Au bout d'un clic, la bataille continue.