C'est la première intervention de l'Algérie en tant que membre non-permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, et elle a porté sur les récents développements en mer Rouge, qui constituent une menace sur cet important couloir maritime, considéré comme une autoroute pour le transit et la circulation des navires de commerce (15% du transit commercial mondial passe par cette voie), y compris les pétroliers, et qui risquent de conduire à « l'émergence d'un conflit régional aux conséquences incontrôlables ». Le sujet n'est pas un choix libre, étant examiné par le Conseil de sécurité lors d'un briefing sur les tensions qui caractérisent cette région, et l'Algérie n'a pas manqué d'exprimer dans ce cadre sa position basée sur la «sécurité et la paix», qui va certainement marquer son mandat de deux ans au sein de cet organe de l'ONU. Le représentant permanent de l'Algérie auprès de l'ONU, Amar Bendjama, a appelé à «éviter de prendre toute mesure susceptible d'aggraver la tension au Yémen et de saper les grands efforts déployés par l'envoyé spécial de l'ONU dans la région». Le message est clairement opposé à la menace d'intervention militaire qui plane suite à l'engagement dans cette voie de douze pays, qui ont cosigné une mise en garde aux rebelles houthis, publiée par la Maison Blanche, où il est demandé « l'arrêt immédiat de ces attaques illégales et la libération des navires et des équipages détenus illégalement », et dans le cas de la poursuite des attaques en question, « les Houthis devront porter la responsabilité des conséquences » qui en découleront, prévient-on. Les Etats-Unis ont constitué une coalition internationale en mer Rouge et sont à un nœud de passer à l'acte. Et, il n'y a pas que l'Algérie qui s'inscrit contre cette opération militaire internationale, car la France, l'Espagne et la Belgique ont refusé de s'y joindre, même si c'est pour des raisons différentes. La force militaire internationale conduite par les Etats-Unis agit sur le terrain depuis quelques semaines, mais sans arriver à éliminer les attaques des Houthis. Selon la vision de l'Algérie, répercutée dans les déclarations de son représentant permanent auprès de l'ONU, «les Etats côtiers sont les premiers responsables de la sécurité maritime en mer Rouge», avertissant que «tout effort collectif qui ne compterait pas sur la participation active de ces Etats est voué à l'échec». C'est vrai que les attaques en question touchent d'une manière directe à l'économie mondiale, mais la concertation pourrait aboutir à l'intervention des Etats côtiers pour dissuader les Houthis de mener des attaques contre les navires de passage par la mer Rouge. De toute évidence, l'intervention d'une coalition militaire internationale va gravement alimenter les tensions dans cette région. Et puis, ne faut-il pas chercher à savoir pourquoi les Houthis attaquent des navires de passage par cette voie maritime ? A l'origine, ce sont les attaques des Israéliens contre les populations palestiniennes qui ont poussé les Houthis à prendre pour cible des navires en mer Rouge qui sont soit liés à Israël, soit se dirigent vers des ports israéliens.