L'aggravation de la guerre au Yémen est la conséquence de toutes les ingérences étrangères, régionales et internationales, dans un pays très pauvre, mais à la position géographique stratégique. La tension est montée, mercredi soir, d'un cran après les raids menés par les houthis contre des navires pétroliers saoudiens dans la mer Rouge, près du passage stratégique de Bab el-Mendeb, provoquant la panique à Riyad et une forte agitation sur les marchés pétroliers. "Toutes les livraisons de pétrole par le détroit de Bab el-Mendeb ont été temporairement suspendues jusqu'à ce que le trafic maritime dans la zone soit sûr", a déclaré dans un communiqué le ministre saoudien de l'Energie, Khalid al-Falih. Les deux pétroliers opérés par le groupe maritime saoudien Bahri, d'une capacité de deux millions de barils chacun, ont été attaqués en mer Rouge par des rebelles yéménites houthis, a annoncé dans un communiqué la compagnie pétrolière saoudienne Aramco, qui a précisé qu'aucune blessure ni fuite de pétrole n'ont été rapportées. Le groupe saoudien a précisé que la décision de suspendre les livraisons avait été prise dans l'intérêt de la sécurité des navires et pour éviter le risque de marée noire. Suite à ces attaques, les responsables houthis ont affirmé leur intention de poursuivre leur riposte contre cette agression saoudienne au Yémen, à des fins purement économique et géopolitique, en raison de l'importance des ports yéménites pour Riyad et afin aussi d'empêcher toute influence du rival iranien dans la région. Dans une déclaration à l'agence de presse officielle iranienne Irna, le porte-parole adjoint des houthis, Aziz Rached, a affirmé que "les raids aériens vont se poursuivre au cœur des pays agresseurs". Les houthis ont aussi visé l'aéroport international d'Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, avec l'aide d'un drone qui a détruit un appareil au sol et provoqué quelques dégâts. Commentant ces raids, Aziz Rached a déclaré à Irna que cette attaque n'est que le début de la riposte des houthis pour venger la mort de l'ancien président yéménite Abdellah Saleh, leur allié contre les autorités de transition d'Abd Rab Mansour Hadi, dont le gouvernement est exilé à Aden depuis 3 ans et demi. Pour rappel, Bab el-Mendeb sépare la péninsule arabique de la corne de l'Afrique et la mer Rouge de la mer d'Arabie. Il est emprunté par des pétroliers en provenance d'Arabie Saoudite, des Emirats arabes unis, du Koweït et d'Irak qui se rendent en Europe et au-delà par le canal de Suez. Des chargements d'environ 4,8 millions de barils de pétrole et de produits pétroliers transitent, chaque jour, par la voie navigable, selon Energy Information Administration (Etats-Unis). Cela ne représente que 8% des livraisons mondiales de pétrole, contre plus de 30% pour le droit d'Ormuz qui voit passer chaque jour 18,5 millions de barils. Lyès Menacer/Agences