L'Iran a estimé hier que les Etats-Unis agissaient seuls contre lui et que leurs alliés avaient "honte" de les rejoindre dans une coalition pour accompagner les pétroliers dans le Golfe. Ces déclarations ont été faites à Téhéran par le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif qui a en outre confirmé avoir refusé une invitation à rencontrer le président Donald Trump à la Maison- Blanche malgré des menaces de sanctions à son encontre qui ont été au final imposées la semaine dernière. Les Etats-Unis et l'Iran sont engagés depuis 2018 dans un bras de fer découlant de la question nucléaire et exacerbé par des invectives, des attaques en mai et juin derniers contre des pétroliers dans le Golfe imputées à Téhéran malgré ses démentis, et par la destruction par l'Iran d'un drone américain en juin. Dimanche, l'Iran a annoncé en outre avoir saisi un pétrolier étranger dans le Golfe, le troisième en moins de trois mois dans cette région par laquelle transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime au monde. "Aujourd'hui, les Etats-Unis sont isolés dans le monde et ne peuvent créer une coalition. Les pays qui sont leurs amis ont trop honte d'être dans une coalition avec eux", a dit M. Zarif lors d'une conférence de presse. "Ils ont créé eux-mêmes cette situation en violant la loi et ont suscité tensions et crises", a-t-il ajouté. Face aux tensions et menaces dans le Golfe, les Etats-Unis ont lancé, rappelle-t-on, l'idée d'une coalition en juin mais ils peinent à la concrétiser, leurs alliés craignant de se laisser entraîner dans un conflit avec l'Iran. Sollicités par les Etats-Unis pour faire partie de la coalition militaire de sécurisation des navires marchands dans le Golfe, plusieurs pays européens se sont montrés hésitants préférant éviter des tensions avec Téhéran. L'Allemagne s'est déclarée "sceptique", estimant qu'une telle opération ne ferait qu'exacerber la tension déjà à son comble dans la région. Le vice-chancelier allemand et ministre des Finances, Olaf Scholz, a déclaré en fin de semaine dernière "qu'une mission de ce genre porterait en elle le risque d'exacerber les tensions", avant de relever qu'il fallait "éviter toute escalade militaire dans la région". L'Iran, rappelle-t-on, avait déjà prévenu contre toute coalition militaire visant à sécuriser les navires marchands dans la région. Jugeant de "provocatrice" une telle mission, le président iranien Hassan Rohani a affirmé que "l'Iran s'opposera fermement à toute activité illégale et tout acte répréhensible qui menacerait la sécurité maritime dans le golfe Persique, le détroit d'Ormuz et la mer d'Oman". K. B./Agences