Il a fallu que les autorités publiques de Blida étalent au vu et au su de tous une pratique désolante pour que l'on sache que le phénomène s'est généralisé à travers tout le pays. Des bénéficiaires de logements décents attribués généreusement par l'Etat rétrocèdent leurs habitats neufs en les vendant pour revenir loger dans leurs gourbis. D'autres encore s'arment de culot pour monnayer leurs taudis et ont fini par organiser une véritable bourse immobilière d'un genre très particulier. Les barèmes et les cours en évolution dans les bidonvilles laissent pantois. L'anti-culture ainsi élaborée rend en grande partie caducs les immenses efforts entrepris pour solutionner la crise nationale du logement. Mieux encore, elle l'amplifie. Le sens du droit devient illimité pour que la citoyenneté n'ait plus le devoir comme socle. Le voisinage social devient alors une large arène où marcher sur les pieds de son prochain devient un rituel obligatoire. Plus qu'autre chose, cette pratique salit d'abord le profil noble et respectable auquel aspire chaque Algérien. Elle n'est pas digne de la configuration recommandée et nécessaire pour construire une nation digne et respectée. Elle rejoint tout un lot de gangrènes anticiviques semées par une tranche d'énergumènes attardés qui devraient être parqués dans des asiles qui leur sied. Leur agressivité sur tout et n'importe quoi dénature les espaces communs et contrarie l'impérative sérénité sociale sans laquelle une nation n'est plus digne de ce nom. Certains, fort heureusement peu nombreux, croient punir l'Etat pour on ne sait quelle raison sans se rendre compte qu'ils sont censés être un embryon de cet Etat. Le wali de Blida a eu toutes les raisons de brandir l'épée de la justice contre la rapine des malfrats. On est convaincu maintenant que c'est le seul et unique langage audible pour les électrons néfastes.