Elles sont anonymes. Ignorées de tous. Personne ne leur prête assistance. C'est à se demander si les deux sœurs Chorfi, sont recensées au niveau de la commune de Fornaka, où elles résident. En l'état actuel des choses, ni les autorités communales, ni ceux de la daïra, encore moins de la wilaya, n'ont pris sérieusement en charge ce cas social unique en son genre. Un cas social digne d'intérêt. Aucune autorité n'y a prêté attention à ce jour. Et pour cause, ces deux femmes ne représentent aucun intérêt. Ni les services sociaux de l'Etat ni les autorités locales, ne sont venus s'enquérir de la situation de ces deux bonnes sœurs. Alors à quoi servent ces services qui se vantent d'avoir aidé, soutenu, assisté, on ne sait quoi? Les sœurs Chorfi vivent dans une hutte faite de paille et de plastique mais pas de bois. Elles vivent dans l'ère de la préhistoire. Abandonnées à leur sort, elles sont souvent sujettes à des agressions sexuelles par des délinquants qui rodent autour d'elles, souvent après avoir pris des psychotropes ou dans un état d'ébriété avancé. Elles vivotent au sein d'une hutte, construite avec des branches d'eucalyptus, de film plastique provenant des serres agricoles et de quelques bouts de planches de bois. Les vents les surprennent souvent et les forcent à tenir de toutes leurs forces, cette chaumière de fortune, qu'elles occupent depuis si longtemps. Dés fois, elles ne parviennent plus à la sauver et la toiture en plastique s'envole à travers les airs, elles s'enlacent et pleurent en attendant l'aube, pour repartir encore à la recherche d'un autre film plastique pour recouvrir ce qui reste du taudis, que les photos qui illustrent l'article, montrent, et qui ne sont nullement extraites d'un film qui relate les dures conditions de vie de l'ère coloniale .C'est l'amère réalité qu'endurent les sœurs «Chorfi », Badra, 50 ans et Zineb ,48 ans, deux vieilles filles, qui habitent depuis des mois déjà au sein d'une baraque érigée sur le chemin des pipes lines qui transitent par la commune de Fornaka, au voisinage du mausolée de Sidi Ali . Elles vivent quotidiennement en ce lieu, exposées à tous les dangers possibles. Chaque matin, l'une des sœurs, part à la recherche de l'eau au sein de quelques brocs, à des centaines de mètres, au bord d'une brouette qui craque de partout, elle revient après des heures, haletante vers la chaumière, où l'autre l'attend. Toutes deux, elle s'entraident à faire le ménage en dégageant le sable et les feuilles mortes qui se sont déposées au cours de la nuit au seuil de la « porte » d'accès à la hutte, à laver le linge qui se lave juste une fois par semaine, par manque d'eau qui fait défaut en ce lieu perdu à travers la nature, et a préparer à l'air libre, le repas sur un feu qu'elle attise depuis l'aube. Le soir, elles s'enferment au sein de ce gourbi de fortune, s'approvisionnent en gros cailloux pour parer à tout éventuel danger, allument une bougie à laquelle elles ajoutent une pincée de sel pour qu'elle dure ,se parlent de tout et de rien, sanglotent en se tenant les têtes, se marrent comme des folles sans trop l'être, se taisent et écoutent les pas qui viennent vers leur refuge, s'arment de cailloux et se tiennent déjà debout à l'entrée et attendent impatiemment l'attaque, mais malheureusement, rien ne se présente, un chien errant passait par là .Elles se calment et regagnent chacune, sa place, elles fredonnent quelques vieilles chansons d'un temps révolu, et finissent par mal dormir . Tel est le lot journalier de ces pauvres filles, qui nous ont confié également, qu'elles ont fait l'objet d'attaques nocturnes par des personnes inhumaines, des monstres qui n'ont pas osé à les violenter et les agresser sexuellement, et qu'elles ont pu chasser après de peines, avec des cris et des cailloux. Les deux sœurs souffrent également de légers troubles mentaux, nécessitant une prise en charge en milieu assisté, leur état de santé mentale est déplorable et nécessite des soins appropriés. Certaines indiscrétions laissent entendre que ces deux malheureuses femmes ont disposé d'un logement social au sein du chef-lieu de commune, à Fornaka, mais, elles ne l'occupent plus, elles l'ont vendu ou louer, selon certaines autres informations, mais malheureusement, ces deux femmes semblent souffrir de troubles de mémoire et ne se rappellent presque pas de ce logement. Dans le temps, leur père, ouvrier agricole de son état, occupait les pièces d'une ferme agricole qui relevait d'un domaine autogéré. Après le décès du père et la restructuration des terres agricoles, la ferme fut détruite et les deux sœurs ont été bien obligées de quitter les lieux, elles ont été prises en charge par l'A.P.C, qui leur a délivré un logement social qu'elles ont perdu à jamais. Aujourd'hui, les «Chorfi » vivent avec une minable retraite du père, et surtout grâce à la charité de quelques âmes charitables qui les aident à surmonter les dures conditions de vie, qu'elles affrontent depuis la naissance. Badra et Zineb, deux malheureuses citoyennes qui attendent beaucoup de nous tous et surtout de ces institutions, censées protéger cette catégorie de personnes démunies et malades de surcroît .Il est encore temps de se pencher sur l'état social de ces deux femmes, qui ne demandent de d'être protégées et mises à l'abri, avant que les orages que pluies et de vents d'automne ne se déchaînent et les emportent à jamais…. !