Les prévisions de la croissance économique mondiale pour 2024, établies par des institutions financières internationales et des organismes onusiens, sont des plus pessimistes. Selon un rapport de la Banque mondiale (BM), publié le 9 janvier dernier, l'économie mondiale devrait enregistrer un triste record d'ici fin-2024, à savoir la plus faible croissance du PIB sur une demi-décennie depuis 30 ans. Plusieurs paramètres assombrissent les perspectives économiques mondiales, et le rapport cite dans ce sens les tensions géopolitiques croissantes, qui pourraient engendrer de nouveaux risques à court terme, une croissance en berne pour de nombreux pays en développement, en raison du ralentissement de la croissance dans la plupart des grandes économies. Et l'atonie du commerce mondial et des conditions financières les plus restrictives depuis des décennies, ainsi que la progression des échanges mondiaux en 2024, qui ne devrait représenter que la moitié de la moyenne enregistrée pendant les dix années ayant précédé la pandémie et des taux d'intérêt mondiaux bloqués à des niveaux record depuis quatre décennies (en termes corrigés de l'inflation). Selon les économistes, rien ne plaide en faveur d'un décollage de l'économie mondiale. Un rapport onusien sur la situation et les perspectives de l'économie mondiale 2024 va plus loin en termes d'inquiétudes, notamment concernant les pays africains, sur lesquels pèsent grandement « le ralentissement économique mondial, le resserrement des conditions monétaires et budgétaires, en sus des risques élevés liés à la viabilité de la dette et aux facteurs de la crise climatique et l'instabilité géopolitique. Le rapport onusien établit les prévisions de croissance en 2024 à 5,9% pour l'Ethiopie (le plus fort taux), 4,2% pour le Kenya, 3,4% pour l'Egypte, 3,1% pour le Nigéria, 2,7% pour l'Algérie et 1,4% pour l'Afrique du Sud. Pour l'Algérie, ces prévisions ne cadrent pas avec les chiffres de la Loi de finances 2024, qui tablent sur une croissance économique de 4,2%, tirée par des performances de tous les secteurs d'activités, notamment les Services, l'Agriculture, le BTPH et l'Industrie, avec une reprise d'environ 1% dans le secteur des Hydrocarbures. C'est peut-être cette dernière reprise dont ne tient pas compte le rapport onusien, vu la volatilité du marché pétrolier. Pour l'Algérie, c'est le secteur qui tire toute la croissance, et il devrait enregistrer un net rebondissement en 2024, grâce aux exportations de gaz naturel, de gaz naturel liquéfié et de pétrole. Pour rappel, le projet de Loi de finances 2024 a été élaboré sur la base d'un prix de référence du baril de pétrole de 60 dollars pour la période 2024-2026 et de 70 dollars comme prix de marché estimé pour le baril de pétrole brut, un prix très tempérant qui a une très faible probabilité de descendre plus bas et une forte probabilité d'atteindre une barre bien supérieure suite aux tensions géopolitiques qui marquent plusieurs régions du monde. Ces prévisions sont, par contre, partagées par le Fonds monétaire international (FMI), dont le chef de mission en Algérie, a affirmé en décembre, que les perspectives de l'économie algérienne, à court terme, sont « globalement favorables », marquées par une croissance toujours robuste et une inflation plus modérée en 2024.